Texte complet - Université de Liège
Texte complet - Université de Liège
Texte complet - Université de Liège
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Bodson L.<br />
<strong>de</strong> kerastēs (« le cornu » ; voir ci-<strong>de</strong>ssous, 3.3.3.1,<br />
n. 216) et <strong>de</strong> sēps afro-égyptien (« le putréfie » ;<br />
cf. Bodson 2009 : 105-110), « car les symptômes<br />
<strong>de</strong>s trois sortes (eidōn ; mo<strong>de</strong>rne : espèces) sont<br />
semblables. », et in fine (22, 7) contre le muagros<br />
(« l’attrape-muridés ») 204 .<br />
La teneur du chapitre du pseudo-Aélius Promotus<br />
205 sur « dipsas, haimorrhous et haimorrhois<br />
206 , ammodutēs », n’est sauvegardée<br />
que par l’intermédiaire du recueil d’Aétios<br />
d’Amida où chacune <strong>de</strong> ces sortes (mo<strong>de</strong>rne :<br />
espèces) a droit à un chapitre séparé. Son exposé<br />
sur « ammodutēs ou kenchrias » (De ven.<br />
anim., XIII, 26) reste inédit en grec. La traduction<br />
latine <strong>de</strong> Cornarius (1549 : 773-774,<br />
chap. XIII, 25) révèle un texte amputé <strong>de</strong> la<br />
référence à Érasistrate et différent dans les<br />
prescriptions thérapeutiques, mais similaire,<br />
pour ce qui est <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription zoologique,<br />
à celle <strong>de</strong> Philouménos, soit qu’Aétios ait lu<br />
son prédécesseur soit qu’il ait travaillé avec la<br />
même source que lui.<br />
Chez (Sextus) Julius Africanus 207 et dans la<br />
copie <strong>de</strong> son chapitre que contiennent les Hippiatrica<br />
Cantabrigiensia 208 , « ammodutēs » est le<br />
204. Cf. [Aélius Promotus], De ven. anim., 21 (Ihm 1995 : 56, l. 1 ;<br />
99-100, § 21). Contrairement à Philouménos, [Aélius Promotus]<br />
consacre tout son chapitre 21 au muagros (Ihm 1995 : 55, l. 18-<br />
56, l. 1). Les petits rongeurs forment une part importante <strong>de</strong>s<br />
proies <strong>de</strong> nombre <strong>de</strong> vipères et <strong>de</strong> nombre <strong>de</strong> couleuvres partout<br />
où vivent ces serpents (cf. ci-<strong>de</strong>ssus, texte après appel <strong>de</strong> n. 176,<br />
Nicandre, Ther., 490 : muagros non venimeux). Les symptômes<br />
causés par la morsure du muagros tels que les décrit brièvement<br />
le pseudo-Aélius Promotus pourraient être imputables à la<br />
surinfection plus qu’à l’injection d’un venin, sauf homonymie<br />
zoologique toujours possible vu la forte proportion <strong>de</strong> serpents<br />
dont le régime alimentaire justifie l’ophionyme muagros.<br />
205. [Aélius Promotus], De ven. anim., 20 (Ihm 1995 : 55, l. 15-<br />
16 ; 99, § 20). Voir déjà p. 87-88, après appel n. 109.<br />
206. Haimorrhous et haimorrhois tantôt « coule-sang mâle, coulesang<br />
femelle » tantôt (épicène) « coule-sang (mâle, femelle) »<br />
(cf. echis, echidna ; voir ci-<strong>de</strong>ssus, 1.2.2.1), par métaphore du<br />
terme médical (comparer ci-<strong>de</strong>ssous, 4.1.1.1-2 : kausōn, 4.2.1.1-2 :<br />
kausos), nom <strong>de</strong> vipère afro-égyptienne attesté, en l’état <strong>de</strong>s sources,<br />
<strong>de</strong>puis Nicandre, Ther., 282, 318 (masc.), 305, 315 (fém.).<br />
207. (Sextus) Julius Africanus, Cestes, III, 30 (Vieillefond 1970 :<br />
247, l. 2).<br />
208. Hippiatrica Cantabrigiensia, 71, 15 ([O<strong>de</strong>r &] Hoppe, II,<br />
1927 : 208, l. 19-20).<br />
quatrième <strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> la dipsas « qui en a <strong>de</strong>s<br />
quantités » (voir ci-<strong>de</strong>ssus [p. 86], 2.1.3.2.1, tableau<br />
1) 209 . Tandis que le synonyme melanouros<br />
(voir ci-<strong>de</strong>ssous, 3.6.1.2) est justifié « par<br />
l’apparence (i<strong>de</strong>a) » du reptile, la portée bioécologique<br />
et comportementale <strong>de</strong> ammodutēs<br />
l’est « par son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie (diaita) ». L’occurrence<br />
est unique dans les textes grecs, elle n’a<br />
pas moins d’importance, par rapport à dipsas,<br />
que ammobatēs qui l’est aussi (voir ci-<strong>de</strong>ssus,<br />
3.2.1).<br />
3.3.2. Interprétations et traductions mo<strong>de</strong>rnes<br />
3.3.2.1. Avant Linné<br />
Mattioli (1554 : 701, l. 21-46, ad VI,<br />
47 « Echidna. Vipera ») : « Dans le genus <strong>de</strong>s<br />
vipères, ammodites … dont Dioscori<strong>de</strong> ne parle<br />
pas, mais qu’il ne faut pas omettre, parce que<br />
<strong>de</strong>s remè<strong>de</strong>s existent à sa morsure ; en plusieurs<br />
lieux d’Italie, dans la région <strong>de</strong> Goritia [mo<strong>de</strong>rne<br />
: Gorizia, frontière italo-slovène] et d’Illyrie,<br />
… semblable à la vipère [celle qui est commune<br />
en Italie : Vipera aspis (Linné, 1758), la<br />
Vipère aspic], le rostre excepté, Aspido <strong>de</strong>l corno,<br />
c’est-à-dire “bouclier (= cobra) <strong>de</strong> la corne”. Ce<br />
nom n’est pas sot, car elle est aussi rapi<strong>de</strong> que<br />
le (serpent) bouclier pour tuer. » 210 (701, l. 33) :<br />
209. Comparer Élien, Le propre <strong>de</strong>s animaux, VI, 51 : ammobatēs<br />
(voir ci-<strong>de</strong>ssus, 3.2.1).<br />
210. Sur l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> l’ammodutēs/hammodytes antique à la<br />
vipère à rostre du nord-est <strong>de</strong> l’Italie et <strong>de</strong>s Balkans (mo<strong>de</strong>rne :<br />
Vipera ammodytes ; ci-<strong>de</strong>ssus, 2.3.1, n. 134), par Mattioli, Gessner,<br />
Aldrovandi, et le choix du second terme du binom par Linné, voir<br />
Bodson 2009 : 84-85 ; 93-94, n. 226. Isidore <strong>de</strong> Séville relaye<br />
la tradition qui définit comme aspis « cobra », peut-être d’après<br />
l’interprétation forcée d’une réaction <strong>de</strong> thermorégulation (voir<br />
ci-<strong>de</strong>ssous, 4.3.1.2, n. 288), la ou les vipères africaines à nom<br />
toxicologique dipsas, haimorrhois, prester et seps (voir ci-<strong>de</strong>ssus,<br />
2.1.3.2.2, n. 106 ; ci-<strong>de</strong>ssous, 4.3.1.2, n. 290). Mattioli témoigne<br />
que, <strong>de</strong> son temps, l’appellation italienne <strong>de</strong> l’ammodutēs<br />
(mo<strong>de</strong>rne : Vipera ammodytes) était fondée sur la référence au<br />
cobra. Il la justifie par une explication <strong>de</strong> toxicologie comparative<br />
qui n’est pas gratuite, sans que toutefois la cause <strong>de</strong>s décès<br />
rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> victimes <strong>de</strong> cette vipère soit strictement imputable aux<br />
propriétés neurotoxiques <strong>de</strong> son venin (voir ci-<strong>de</strong>ssus, 2.3.2.1,<br />
n. 149). Sur les neurotoxines prépondérantes dans le venin <strong>de</strong>s<br />
cobras et leur action paralysante, qui peut être « fatale … en<br />
30 minutes », voir Larréché et al. 2010b : 93-95, 98.<br />
108 ANTHROPOZOOLOGICA • 2012 • 47. 1.