Homologation - Federauto Magazine
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Page 43<br />
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Corner<br />
Bouc émissaire et vache à lait<br />
« L’histoire de la voiture de société est ce qu’elle est. Son évolution ultérieure aussi, remarque<br />
Michel Martens. La vérité a ses droits. Il est vrai qu’au début, la voiture de fonction était l’apanage<br />
du cadre supérieur. Mais face à la hauteur des charges salariales sur le marché du travail,<br />
il a fallu chercher des modes de rémunération alternatifs. Au fil du temps, nous avons assisté<br />
à une démocratisation que certains courants politiques n’ont pas vue – voulu voir? Certains<br />
cherchent toujours un bouc émissaire qui puisse aussi faire office de vache à lait. Ils trouvent<br />
les deux en entretenant ce cliché de la voiture de société, privilège de quelques nantis. »<br />
la taxation de l’achat et de la détention va<br />
céder du terrain à une fiscalité davantage<br />
liée à l’utilisation. Je ne suis pas contre,<br />
pourvu que cela se fasse intelligemment,<br />
bien entendu. La meilleure taxe à l’utilisation<br />
existe déjà: les accises sur le diesel<br />
et l’essence. Mais les accises ne permettent<br />
pas d’orienter la mobilité en termes<br />
d’heures et de lieux. Elles ne suffisent pas<br />
pour donner forme à une vraie solution<br />
de mobilité. Une taxe kilométrique est à<br />
l’étude pour les camions. Nous devons<br />
oser y penser aussi pour les voitures. Notre<br />
secteur peut s’y retrouver, à condition qu’une<br />
chose soit claire: la pression fiscale qui<br />
pèse sur l’automobiliste moyen ne peut<br />
pas s’alourdir. »<br />
Jacques Mollet: « Nous parlions de la répartition<br />
des voitures de société en trois tiers.<br />
Eh bien, n’oublions pas que le tiers ‘voitures<br />
de société’ est le plus taxé. Si le gouvernement<br />
veut être cohérent, il ne pourra pas<br />
ne pas élargir cet état de fait à toutes les<br />
voitures de société, plutôt qu’aux seuls<br />
leasings. »<br />
Michel Martens (FEBIAC):<br />
«Malheureusement, certains<br />
courants politiques n’ont pas vu –<br />
voulu voir? – la démocratisation de<br />
la voiture de société.»<br />
dit, plus les émissions sont importantes,<br />
plus le coût de la voiture pèse lourd sur<br />
les comptes de l’entreprise. L’effet de ces<br />
dispositions fiscales se fait déjà sentir.<br />
Les émissions de CO 2<br />
moyennes des voitures<br />
de société reculent régulièrement depuis<br />
plusieurs années. Autre élément que les<br />
politiciens négligent souvent: contrairement<br />
aux véhicules privés, les voitures de société<br />
répondent aux normes environnementales<br />
les plus récentes, donc les plus strictes,<br />
car elles ont généralement moins de 4 ans.<br />
N’oublions pas qu’une voiture à la norme<br />
Euro 5 pollue jusqu’à 95 % de moins qu’un<br />
modèle d’il y a 10 ans. Dans le parc privé,<br />
les véhicules Euro 3 et Euro 4 sont encore<br />
majoritaires. Que peut-on en conclure?<br />
Que l’incidence environnementale des voitures<br />
de société est proportionnellement<br />
moins forte que celle des véhicules privés,<br />
même si, de par leur nature, elles parcourent<br />
plus de kilomètres. »<br />
Philippe Decrock: « L’impact négatif des<br />
voitures de société sur l’environnement<br />
est donc une idée reçue que les faits et<br />
les chiffres démentent aisément. Mais ce<br />
n’est pas tout. Grâce au financement en<br />
leasing, on parvient à donner un coup de<br />
pouce à de nouvelles technologies. Concrètement,<br />
je songe à la propulsion hybride,<br />
et bientôt au tout électrique. Le leasing<br />
facilite l’introduction de ces véhicules sur<br />
le marché. Ce serait beaucoup plus difficile,<br />
voire impossible, sur le seul marché<br />
particulier. »<br />
Jacques Mollet (Renta):<br />
«N’oublions pas que les voitures en<br />
leasing, un tiers des véhicules de société,<br />
sont plus taxées que les autres. Si le gouvernement<br />
veut être cohérent, il ne pourra<br />
pas ne pas élargir cet état de fait à toutes<br />
les voitures de société.»<br />
Jacques Mollet: « Je n’hésite pas à considérer<br />
mon secteur, celui des voitures de leasing,<br />
comme un fournisseur de voitures propres.<br />
En raison de la nature du contrat de leasing,<br />
l’âge moyen du véhicule est de 3 ou 4 ans<br />
dans 95 % des cas. Cela veut dire qu’il sera<br />
remplacé plus vite, au bénéfice des modèles<br />
récents, plus verts. Le marché de l’occasion<br />
en profite aussi: chaque fois qu’un contrat<br />
arrive à expiration, ces voitures encore vertes<br />
se retrouvent sur les routes. »<br />
Que nous réserve<br />
l’avenir?<br />
Risqueriez-vous un coup d’œil dans la boule<br />
de cristal? À votre avis, quel est le sort qui<br />
attend la voiture de société?<br />
Philippe Decrock: « La grande inconnue, c’est<br />
l’évolution future de la fiscalité, en particulier<br />
la fiscalité auto. En confiant la BIV aux<br />
régions, on a prouvé qu’il était possible de<br />
faire bouger les choses. Allons-nous avoir<br />
un jour une forme de taxe kilométrique?<br />
Nul ne le sait. Il importe en tout cas que<br />
chaque décision soit prise en connaissance<br />
de cause. Si l’on opte pour une certaine<br />
orientation, il faut savoir pourquoi. C’est<br />
pour cette raison que nos trois organismes<br />
ont commandé cette étude à KPMG. »<br />
Michel Martens: « Malgré les incertitudes<br />
que Philippe vient d’évoquer, je crois qu’un<br />
consensus se dégage peu à peu: à terme,<br />
Un dernier mot à propos de l’étude proprement<br />
dite. À qui s’adresse-t-elle?<br />
Michel Martens: « D’abord aux responsables<br />
politiques. Ils sont les leviers d’une<br />
mobilité durable. À nous de les informer<br />
adéquatement. Selon les réactions qui<br />
viendront de ce côté, nous présenterons<br />
aussi l’étude à la presse. »<br />
Jacques Mollet: « Absolument. Le but est de<br />
démentir les clichés. Partout, mais surtout<br />
dans le monde politique. En l’absence de<br />
réponses suffisantes, nous serons obligés<br />
de trouver une autre tribune. »<br />
Philippe Decrock: « Le regroupement de<br />
toutes ces informations peut aussi servir<br />
à d’autres organisations. Certaines associations<br />
de classes moyennes, par exemple,<br />
s’y intéresseront à coup sûr. Leurs membres<br />
utilisent tous des voitures de société. »<br />
Ont pris part à l’entretien:<br />
• Philippe Decrock, directeur du Service d’études<br />
de FEDERAUTO - www.federauto.be<br />
• Jacques Mollet, secrétaire général de Renta<br />
www.renta.be<br />
• Michel Martens, directeur du Service d’études<br />
de FEBIAC - www.febiac.be<br />
<strong>Federauto</strong> <strong>Magazine</strong> - Novembre / Décembre 2011