112con<strong>de</strong>nsation hyperbolique <strong>de</strong> la jouissance, d’où les automutilations qui tentent <strong>de</strong> faire trou dansle réel du corps, là où le symbolique n’inscrit pas ce trou. Il y a aussi <strong>de</strong>s idées <strong>de</strong> négation du corpsentier - «Je n’ai plus <strong>de</strong> corps, c’est un simulacre» -, <strong>de</strong>s idées <strong>de</strong> négations d’objets oud’abstractions - «Il n’y a plus <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins, <strong>de</strong> notaires, <strong>de</strong> tribunaux …» -, <strong>de</strong>s idées <strong>de</strong> négation <strong>de</strong>l’âme, <strong>de</strong> Dieu, du temps, <strong>de</strong> l’espace, <strong>de</strong> la vie, <strong>de</strong> la mort. Ainsi cette analysante qui avaitdéclenché sa psychose à la mort <strong>de</strong> son père par une anorexie gravissime et qui se pensait à la foisresponsable du génoci<strong>de</strong> du Rwanda et <strong>de</strong> l’arrêt du temps. Le patient, qui est le plus souvent unepatiente, se pense condamné à ne pas mourir pour souffrir éternellement et il supplie qu’on ledélivre <strong>de</strong> cette immortalité. Quelques fois il sent son corps enfler démesurément jusqu’à envahirl’univers entier qu’il détruit au passage comme le cadavre <strong>de</strong> la pièce <strong>de</strong> Ionesco «Amédée». Lecorps peut n’avoir «plus <strong>de</strong> fin» (je cite une patiente) ni dans le temps, ni dans l’espace. «J’avaisl’impression, dit une patiente <strong>de</strong> Marcel Czermak, tout d’un coup que je <strong>de</strong>venais immense et puis,tout d’un coup, que je <strong>de</strong>venais toute petite.» Et cette patiente <strong>de</strong> Séglas: «Il vaudrait mieux pouvoirmourir que d’être ainsi immortelle, je suis condamnée à l’impossible.» Elle est condamnée àl’horreur du pur réel qu’est cet impossible, dans le réveil total d’une pulsion <strong>de</strong> mort hyperbolique.Le «Cotard» se plaint aussi <strong>de</strong> «la perte <strong>de</strong> la vision mentale», c’est-à-dire <strong>de</strong> l’impossibilité<strong>de</strong> se représenter les objets familiers, absents ou présents, en particulier les êtres absents les pluschers, les parents. Cette abolition <strong>de</strong> la représentation va avec le fait <strong>de</strong> ne rien ressentir enregardant. Ainsi cette patiente <strong>de</strong> Marcel Czermak qui se plaint <strong>de</strong> «son regard vi<strong>de</strong>», <strong>de</strong> «ses yeux<strong>de</strong> poisson mort». «D’habitu<strong>de</strong>, il y a un rapport entre la pensée et le fond <strong>de</strong>s yeux, or ça je ne lesens plus du tout. Je ne suis accrochée à rien», dit-elle avant d’essayer <strong>de</strong> se jeter par la fenêtre.«Qu’on me mette <strong>de</strong>vant un mur public ou <strong>de</strong>vant un splendi<strong>de</strong> paysage, c’est exactement la mêmechose, ça n’éveille plus rien. C’est une sensation abominable. Le regard est mort.» Cette perte <strong>de</strong> lavision mentale témoigne <strong>de</strong> l’impossibilité <strong>de</strong> grouper en les i<strong>de</strong>ntifiant les images mentales. Du fait<strong>de</strong> la rupture <strong>de</strong> la chaîne signifiante, symbolique, réel et imaginaire ne sont pas noués. Rien ne selie (lier) ni ne se lit (lire). Le mon<strong>de</strong> n’est pas obscurci par un excès d’imaginaire, il est au contraireomniprésent, mais disjoint du semblant et <strong>de</strong> la réalité narcissique qui le ren<strong>de</strong>nt vivable. Plus rienn’est vrai car tout est réel du fait <strong>de</strong> l’impossible <strong>de</strong> la dénégation.Cotard décrit une progression du délire qui va <strong>de</strong> la damnation à l’immortalité puis à lanégation d’organes puis qui va, quelques fois, jusqu’à l’énormité. Et c’est souvent par un délireauto-accusateur ou persécutoire que l’accès se résout dans une tentative <strong>de</strong> guérison où laculpabilité couvre le réel brut et la persécution oriente en fixant la jouissance sur un autre en luidonnant consistance. Dans l’auto-accusation, la douleur morale couvre cette douleur d’exister àl’état pur.Le délire <strong>de</strong> négations dénu<strong>de</strong> le majeur <strong>de</strong> la forclusion et il montre un paroxysme <strong>de</strong> laforclusion du phallus dans la psychose avec un collage absolu du sujet et <strong>de</strong> sa cause, où le sujet<strong>de</strong>vient immortel comme le désir freudien, dans l’impossible d’un réel terrifiant. Car c’estl’extraction <strong>de</strong> l’objet a, sa chute, qui permet qu’advienne un sujet au sens plein du terme.Le sujet se trouve là i<strong>de</strong>ntifié à un objet abject qui n’est articulé ni au phallus, ni à unequelconque chasuble narcissique, i(a), ni aux traits signifiants <strong>de</strong> l’Idéal du moi, I. Cet objet est laChose réelle et innommable qui n’a pas été tuée par le signifiant, la lamelle immortelle, féroce etdévoratrice qui se joue <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> l’espace, dont Lacan construit le mythe. Comme dans le Horla<strong>de</strong> Maupassant, son ombre a dévoré le moi et l’image spéculaire avant d’envahir l’univers. Letemps est radicalement figé et le corps ne trouve plus <strong>de</strong> limites signifiantes. Il s’agit d’un délire <strong>de</strong>négation du manque et <strong>de</strong> la fonction signifiante qui y est corrélée. «Je n’ai pas <strong>de</strong> bouche.» «Je nesuis pas même un zéro, dit cette autre patiente, un zéro a une circonférence.»Dans RSI, Lacan défini le Nom-du-Père comme un «trou cerné» qui n’est pas sans rapportavec le zéro à l’origine <strong>de</strong> l’engendrement <strong>de</strong>s entiers naturels selon Frege et avec le signifiant dumanque <strong>de</strong> l’Autre. Ce sujet qui n’est pas même un zéro, qui n’a plus <strong>de</strong> nom, qui parle <strong>de</strong> lui a latroisième personne ou en se désignant par «ça» est radicalement forclos. Ainsi pour cette patiente <strong>de</strong>Régis: « ça est une matière inerte, ça n’est pas creux, ça est damné.» La compacité <strong>de</strong> la jouissancese lie ici à l’absence <strong>de</strong> trou que couvre la damnation.
113Le délire <strong>de</strong>s négations, qui est un délire d’affirmation <strong>de</strong> la forclusion du manque, montrepar l’inverse à quel point corps, temps et espace sont noués.Le sta<strong>de</strong> du miroir lie le temps, l’anticipation, l’espace et la jouissance pulsionnelle du corpsà une image trouée par le phallus. Et le Cotard, lui, montre la ruine du miroir jusqu’à, quelques fois,l’héautoscopie négative, la disparition <strong>de</strong> l’image spéculaire, comme dans le Horla. Il est d’ailleursnotable que la mère, l’Autre du miroir, d’une <strong>de</strong> mes analysante «cotardisée» était schizophrène.Le concept <strong>de</strong> forclusion inclut le temps en le nouant au jugement, Verwerfung veut direaussi condamnation morale et infamie et forclore veut dire déchoir d’un droit après un laps <strong>de</strong> tempsdonné. Dans le Cotard, la fin <strong>de</strong>s temps n’est pas à venir <strong>de</strong> manière asymptotique, elle est là enacte. La pulsion <strong>de</strong> mort suit ce passage au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la limite et la temporalité logique <strong>de</strong> la répétitionet <strong>de</strong> l’après-coup n’a plus lieu d’être. Lorsqu’il étudie l’hallucination du doigt coupé <strong>de</strong> l’hommeaux loups, Lacan parle d’un entonnoir temporel, d’un moment où le temps se fige quand laforclusion du phallus s’exprime directement. A l’opposé, le petit Hans explore un n’espacephallique structuré par le cross-cap. Si, comme le dit Lacan «le désir est la coupure par quoi serévèle une surface comme a-cosmique», le Cotard, lui, relève d’une topologie sans coupure et donccosmique, la topologie d’une sphère hyper<strong>de</strong>nse envahissant en le détruisant l’univers entier, latopologie d’une étoile noire, qui, comme le réel, revient toujours à la même place.
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