Revista de Psicanálise
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70une suite <strong>de</strong> signifiants. Dès cette marque, il est support <strong>de</strong> la relation». 10Mais si le corps se fait le lit <strong>de</strong> l’Autre, façonné par les guises <strong>de</strong> son discours, il est aussi lelieu <strong>de</strong> la jouissance. «Pour jouir, il faut un corps» nous dit Lacan en 1973 dans Encore, ainsi ilsouligne le versant <strong>de</strong> «la substance jouissante du corps». Mais comment concevoir le corps «désert<strong>de</strong> jouissance»décrit précé<strong>de</strong>mment et celui <strong>de</strong> la «substance jouissante» du corps vivant, soit celui<strong>de</strong> la pulsion?Nous ne retiendrons ici que le symptôme puisqu’il est à l’origine <strong>de</strong> la naissance <strong>de</strong> lapsychanalyse, tel que Freud l’a découvert avec les conversions hystériques. Le symptôme apparaîtau regard du sujet comme un corps étranger, une manifestation du corps à la fois incompréhensibleet inutile contrairement à la douleur qui peut signaler et/ou accompagner la maladie. Evénement <strong>de</strong>corps dit Lacan, où le corps <strong>de</strong>vient objet <strong>de</strong> jouissance mais aussi <strong>de</strong> soins, notamment lorsqu’il y aatteinte réelle <strong>de</strong>s organes qui fonctionnent habituellement en toute homéostase, sans même requérirl’attention du sujet.Le symptôme est donc à concevoir comme une intrusion <strong>de</strong> la substance jouissante du corps,en tant que corps vivant, dans ce désert <strong>de</strong> jouissance, mortifié par le langage. Lacan précise dansEncore: «Le signifiant se situe au niveau <strong>de</strong> la substance jouissante». 11 On pourrait ainsi définir lesymptôme comme une jouissance articulée dans la chair du sujet qui vient lui signifier une véritéinédite restée jusque là prisonnière <strong>de</strong> ce corps «désert <strong>de</strong> jouissance»Lacan nous dit que le «symptôme est une vérité qui se fait valoir» 12 avec satisfaction,lorsqu’elle «s’exile au désert <strong>de</strong> la jouissance» 13 sans que le principe <strong>de</strong> plaisir ne puisse l’arrêter.Colette Soler dit à propos du symptôme que «les signifiants <strong>de</strong> la vérité prennent corps <strong>de</strong>jouissance» 14 autre manière <strong>de</strong> dire que «c’est l’effet du symbolique en tant qu’il apparaît dans leréel» 15 . L’analyse part donc d’une plainte concernant un symptôme, messager d’une souffrance, quienvahit le sujet et se termine par un savoir sur la vérité <strong>de</strong> sa jouissance. Cela nécessite un longtravail, induit par le transfert, sans lequel le sujet ne peut s’affranchir <strong>de</strong>s S1 <strong>de</strong> sa jouissancei<strong>de</strong>ntitaire pour parvenir au savoir sur la singularité <strong>de</strong> sa jouissance. Celle qui fait «la différenceabsolue» 16 , loin <strong>de</strong> la belle image qu’il se faisait <strong>de</strong> lui pour répondre à ces S1. L’analyste qui a sumener son analysant à ce terme est un «médiateur <strong>de</strong> savoir» définition <strong>de</strong> Colette Soler lors <strong>de</strong> saconférence du 27/ 03/ 2010 à Rennes, savoir que la jouissance est impossible à se résorber, là où «lefantasme n’est que le moteur <strong>de</strong> sa réalité psychique» 17 , ce qui ne fait que l’aliéner dans sa division;mais désormais, pas sans le savoir, ce qui pourrait bien alléger sa vie et dénouer son corps du poids<strong>de</strong> la parole.Si la psychanalyse n’intervient pas sur le corps, sans pour autant nier son objectifthérapeutique, elle permet à chaque sujet qui s’adresse à elle d’en avoir un accès direct et réel parses symptômes, ce messager d’un jouir, dont le corps se fait écho du fait qu’il y a un dire. Ainsi le«discours façonne la réalité sans supposer nul consensus du sujet», 18 d’où mon titre, le corpsfaçonné. Cela implique «une division <strong>de</strong> l’inconscient, entre un inconscient langage, déchiffrable,auquel le fantasme donne son sens, ou sa valeur <strong>de</strong> vérité, voire <strong>de</strong> Joui-sens, et l’inconscient réelqui fixe la jouissance d’un élément langagier, hors sens ». 1910 Lacan J. (2001), Radiophonie, [1970], Autres Écrits, Editions du Seuil, p.409.11 Lacan J. (1975), Séminaire Encore, Livre XX, [1972-1973] Edition Seuil, Paris, p.26.12 Lacan J. (2001), De la psychanalyse dans ses rapports avec la réalité ,[1967], Autres Écrits, Seuil, Paris, p.35813 I<strong>de</strong>m, p. 358.14 Colette S. (2001), Séminaire «L’en-corps du sujet» leçon du 19/12/ 2001 p. 33.15 Lacan J. Séminaire RSI, Leçon du 11/03/ 197516 Lacan J. (1964), Séminaire, Livre XI, Les 4 concepts fondamentaux <strong>de</strong> la psychanalyse, Seuil Paris, p. 24817 Lacan J. (2001), De la psychanalyse dans ses rapports avec la réalité, [1967], Autres Écrits, Seuil, Paris, p. 358.18 Lacan J. (2001), Radiophonie, Autres Écrits, Edition du seuil, Paris, p. 411.19 Soler C. (2009), Lacan, l’inconscient réinventé, Vendôme, Puf, p.201.