10.07.2015 Views

Revista de Psicanálise

Revista de Psicanálise

Revista de Psicanálise

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

23cendres <strong>de</strong> Polynice, au lieu <strong>de</strong> sortir Antigone <strong>de</strong> sa tombe. Je ne sais si on a bien perçu que là oùon pourrait croire que c’est l’axe symbolique-réel qui doit comman<strong>de</strong>r, ici c’est au contraire celuiimaginaire-réel, celui du corps vivant qui aurait du être prioritaire. Et pourquoi? Prenons-le au pluscaricatural pour faire saisir ce dont il s’agit. C’est qu’Antigone est promise à son fils à lui Créon etplaçons à cet endroit la dimension sexuelle comme argument <strong>de</strong> l’erreur.Et qu’en est-il <strong>de</strong> la question du vivant? Pourquoi ce déplacement du désir vers lajouissance? Je crois qu’il faut tenir compte du poids que le désir a pris comme visée idéalisée dansla communauté analytique malgré la rectification tentée par Lacan à le situer dans l’ordre signifiant,au titre du nom du père, soit du symbolique. Insatisfait ou impossible, interdit par définition, ce quiimplique qu’il n’y ait pas <strong>de</strong> transgression? Lacan insiste suffisamment sur le fait que c’est l’interditqui fait exister le désir? et inatteignable <strong>de</strong> ce fait, il reste que ce qui peut être atteint, et ce qui estatteint, le reste <strong>de</strong> la jouissance auquel le corps parlant a accès, peut s’ordonner selon au moins <strong>de</strong>uxmo<strong>de</strong>s 4 , correspondant d’un côté au désir, la jouissance <strong>de</strong> l’Autre et <strong>de</strong> l’autre côté la jouissancephallique.Corpse-body 5 , ce débat-là est crucial et je n’avais pas suffisamment saisi la portée <strong>de</strong> cetécart et du gain que la jouissance permet d’effectuer par rapport à la doctrine freudienne. Antigonedans son tombeau est encore «body» alors que Polynice est <strong>de</strong>venu «corpse» avant même que lapièce ne commence. Il faudrait trouver un troisième mot pour dire le corpse, le cadavre lorsque lerite lui a rendu la paix et qu’il ne viendra plus perturber les vivants, peut-être <strong>de</strong>viendrait-il nobody!Remarquez d’ailleurs l’extraordinaire progression dans notre mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la crémation et <strong>de</strong> ladispersion <strong>de</strong>s cendres… faire disparaître jusqu’à la trace du corps, <strong>de</strong>s fois qu’il continue <strong>de</strong> parler.C’est bien la formule qu’utilise la police si bien outillée pour faire parler les corpses.On peut percevoir l’importance <strong>de</strong> cet exemple dans la clinique. Il y a peu, à sa femme enlarmes un homme, un Créon donc, dit «ce n’est pas parce que tu pleures que tu as raison». La belleaffaire! Question reproduction ça fonctionne pourtant puisqu’elle est enceinte et pour la quatrièmefois. Mais comment construire le rapport entre le sexe et la mort?Sur ce point Lacan donne raison à Freud avec cette affirmation que la mort surgit avec lasexuation. Peu importe que la biologie cent ans après démontre que cette idée est fausse? lesunicellulaires meurent?, ce n’est pas au nom <strong>de</strong> la science que Lacan soutient Freud dans sonintuition mais au nom d’un postulat, le nom du père et la signification phallique, qui impliquel’inscription <strong>de</strong> la reproduction. C’est la reproduction «sexuée» qui suppose la mort du sujet et unesuccession possiblement sans fin. Il suffit qu’on la sache possiblement sans fin. En réalité il fautajouter à mort et sexe, mais on s’en doutait un peu, le langage, pour pare-faire le parlêtre et qu’ilpuisse supposer une <strong>de</strong>scendance sans fin. Le texte freudien étudie les protistes et puis passe àl’homme sans que la transition par les animaux, sexués pour la plupart, soit évoquée. Ceci suffiraitau passage à indiquer que la référence biologique ne vaudrait que pour faire entendre ce dont ils’agit, le rapport du sexe à la mort par l’entremise <strong>de</strong> la reproduction. On pourrait ajouter qu’auregard <strong>de</strong> ce que propose Freud entre mort et sexe la référence à l’animal qui n’est pas unicellulairefait défaut, défaut que Lacan s’efforcera <strong>de</strong> combler. C’est un manque puisque l’animal est certesmortel d’être sexué, mais sans le langage comment se saurait-il mortel?«Nous ne savons pas comment les autres animaux jouissent, mais nous savons que pournous la jouissance est la castration» 6 . Et il mettra l’accent d’abord sur l’articulation mort-langageavant <strong>de</strong> développer amplement comme dans cette citation celle entre sexe et langage. Il nes’intéresse d’ailleurs pas seulement aux animaux puisque par exemple il pose la question <strong>de</strong> l’arbre<strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> sa jouissance propre, dans cette leçon du séminaire «Les Non-dupes errent» où il4 Trois mo<strong>de</strong>s l’année suivante avec le nœud borroméen et le schéma <strong>de</strong> La Troisième et <strong>de</strong> RSI.5 «Alors s'il est difficile <strong>de</strong> ne pas faire <strong>de</strong> la vie la caractéristique du corps, parce que c'est à peu près tout ce que nouspouvons en dire, en tant que corps, il est là et il a bien l'air <strong>de</strong> se défendre, <strong>de</strong> se défendre contre quoi? contre ce quelquechose auquel il est difficile <strong>de</strong> ne pas l'i<strong>de</strong>ntifier, c'est-à-dire ce qu'il en reste, <strong>de</strong> ce corps, quand il n'a plus la vie. C'est àcause <strong>de</strong> ça qu'en anglais on appelle le cadavre corpse; autrement, quand il vit, on l'appelle body». Lacan J . (1974)«Les Non-dupes errent» Séminaire inédit, leçon du 11 juin 19746 Intervention <strong>de</strong> J. Lacan à Bruxelles en 1977, publiée dans Quarto (Supplément belge à La lettre mensuelle <strong>de</strong> l’École<strong>de</strong> la cause freudienne), 1981, n° 2.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!