124Le phénomène psychosomatique et lalangueBernard LapinalieMon intérêt pour les PPS tient aussi à ma pratique passée <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin généraliste. Si nousavons un doute sur l’intérêt <strong>de</strong> Lacan pour les PPS, on peut constater qu’il y revint régulièrement <strong>de</strong>1953 à 1975, et que ce fut toujours en les séparant <strong>de</strong>s mécanismes névrotiques. On peut aussi noterqu’il réfuta le terme <strong>de</strong> PPS, sans jamais le remplacer – comme s’il n’arrivait pas à le faire entrerdans le champ du savoir <strong>de</strong> l’analyse. Ce qui ne l’empêcha pourtant pas <strong>de</strong> préciser que si nouspouvons utiliser ce terme c’est que le chaînon désir y est conservé, et que ça ne situe donc pas lesPPS définitivement hors <strong>de</strong> portée <strong>de</strong> l’analyse.Nous sommes ainsi plongés au coeur du problème, puisque Lacan passera son temps àessayer <strong>de</strong> situer la sorte <strong>de</strong> jouissance qui se trouve dans le psychosomatique, entre: d’un côté, unelibido auto-érotique, et <strong>de</strong> l’autre, une induction signifiante connectée au désir <strong>de</strong> l’Autre.La these auto-erotiqueLa clinique <strong>de</strong> Melle A. recoupe bien cette difficulté conceptuelle: bien entendu sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>fut liée au surgissement <strong>de</strong> l’angoisse. Elle me <strong>de</strong>manda <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> après avoir repéré que son eczéma- qui pouvait aller <strong>de</strong>s paupières jusqu’à recouvrir tout le corps – s’était révélé dans un drôle <strong>de</strong>rapport à son désir, à son lien avec les hommes. Cet eczéma n’apparaissant pas pour les hommessans importance, alors qu'il surgissait dès qu’elle se sentait engagée. Elle avait même constaté lesrémissions ou les reprises selon l’éloignement géographique ou la présence du partenaire. Uneczéma passager du nourrisson aurait existé comme c’est souvent le cas. Il y eut épiso<strong>de</strong> d'eczéma<strong>de</strong>s plis, à 12 ans, lorsque ses parents se séparèrent, et qu’elle vécut une relation «fusionnelle» avecsa mère et sa sœur aînée, sans homme à la maison.Comment accor<strong>de</strong>r la dimension «hétéro» <strong>de</strong> cette histoire d'eczéma - qui implique bien unpartenaire -, avec une jouissance que Lacan spécifiera d’auto-érotique pendant 10 ans?Nous avons une énigme. Il faut examiner les thèses <strong>de</strong> Lacan. Dès 1954, Lacan situe ladimension libidinale du PPS du côté d'un auto-érotisme primordial, mythique puisque d’avant lamarque du langage, et donc hors du narcissisme. Le mala<strong>de</strong> aurait ainsi «une relation directe avec leréel, et pas <strong>de</strong> relation avec les objets». Le réel étant ici «les organes en jeu dans la relationnarcissique (l’oeil, le corps…)». Et quand il dit «pas <strong>de</strong> relation avec les objets», ça veut dire: «pasavec les objets qui passeront par la médiation <strong>de</strong> l’imaginaire, du narcissisme». Ce qui s’entendpour l’eczéma <strong>de</strong> Melle A, puisqu’au moment <strong>de</strong> la rencontre avec le partenaire, la jouissancerevient sur le «corps propre».Ca nous amène à nous intéresser au <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> cet auto-érotisme primordial - selon Lacan -avec l’incontournable marque du langage, et au-<strong>de</strong>là du sta<strong>de</strong> du miroir - puisque les PPS, sans faireune structure clinique, prolongent leurs manifestations chez les enfants et les adultes.Et justement, dans la leçon du 5 décembre 62 <strong>de</strong> son séminaire sur L'angoisse, où il construitson objet a, Lacan apporte un éclairage sur cette question libidinale: il précise qu’avecl’introduction du narcissisme, l’auto-érotisme primordial va se trouver dédoublé, et même déplacédans le champ du narcissisme. Pour résumer:1. Une part <strong>de</strong> l’auto-érotisme primordial investit l’image moïque et ses objets «bons pourmoi» - ce serait la face libidinale active, <strong>de</strong> l’objet a et la condition du surgissement <strong>de</strong>s objets.C’est ce champ du narcissisme qui va correspondre à l’auto-érotisme freudien, et nous savons que,pour Lacan, ce n’est pas le champ du PPS, ni <strong>de</strong> la pulsion.2. Une autre part <strong>de</strong> l’auto-érotisme primordial resterait sur le corps propre, soustraite àl’image narcissique. C'est donc cette réserve libidinale qui va servir au PPS – Lacan l’écrit (- phi).Et là, on peut être surpris, lorsqu’il précise que c’est une jouissance autiste, un aliment restant làpour éventuellement accé<strong>de</strong>r au partenaire sexuel. Donc le champ du PPS serait le même que le
125champ du partenaire sexuel, et <strong>de</strong> la pulsion.Mais, dans le PPS, il semblerait donc que cette réserve auto-érotique (-phi) se fixe sur lecorps, plutôt que <strong>de</strong> se diriger vers le partenaire sexuel, court-circuitant le «partenariat» avecl’Autre. N’a-t-on pas en effet cette fixation chez Melle A? Son eczéma apparaissant lorsqu’elle setrouve en position <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir répondre à un partenaire qui compte. On peut dire que chez elle, le liendu désir au désir ne s’ouvre pas. N’y a-t-il pas alors chez elle cette soustraction <strong>de</strong> libido, commeretournée sur le corps? En l’écoutant, on a plutôt la <strong>de</strong>scription d’un partenaire idéalisé où elle semire; un partenaire qui serait surtout ce qu’elle voudrait être. On n’est donc pas étonné que lesproblèmes apparaissent dès que le partenaire opère <strong>de</strong>s bougés <strong>de</strong> l’image idéale; le désir dupartenaire peut alors s’imposer comme une pure volonté <strong>de</strong> jouissance, ou bien produire un effet <strong>de</strong>vi<strong>de</strong> qu’elle ne peut pas interroger, – ce qui donne un caractère un peu paranoïaque à son discours,ou bien produit un effondrement subjectif.Le «Choix PPS» et l’AutreLa piste signifiante et du désir <strong>de</strong> l’Autre, dans le PPS, est posée en 1964, dans le séminaireLes quatre concepts fondamentaux <strong>de</strong> la psychanalyse: Lacan prend comme modèle du mécanismedu PPS chez l’homme, l’expérience du réflexe conditionnel <strong>de</strong> Pavlov chez un chien qui va réagirpar un ulcère gastrique. L’essentiel étant que, ni le chien <strong>de</strong> Pavlov, ni le sujet PS, ne sont enposition <strong>de</strong> mettre en question le désir <strong>de</strong> l’Autre. L’hypothèse étant qu’une holophrase, unesoudure, <strong>de</strong> la première paire signifiante du sujet est à l’origine du PPS – comme pour la psychose -interdisant la mise en jeu d’un rapport du désir au désir <strong>de</strong> l’Autre.Or, dans ce que j’ai pu entendre du désir qui aurait présidé à la naissance <strong>de</strong> Melle A, il y abien quelque chose qui porte à l’holophrase: C’est comme si elle avait été conçue «pour sa soeur» -sans désir particulier la concernant. Cependant, lorsque Lacan parlera en 1975 du «mo<strong>de</strong> souslequel ses parents l'ont acceptée», ça impliquera quelque chose <strong>de</strong> plus que le désir: ça concerne lemo<strong>de</strong> <strong>de</strong>s soins concrets apportés à l’enfant. Certains parents <strong>de</strong>vraient-ils être dits pavloviens?Il y aurait encore beaucoup à dire, notamment avec les développements sur l’écriture et laconférence <strong>de</strong> Genève <strong>de</strong> 1975, mais ce sera pour une suite...Le PPS , pas sans lalangue?Je conclurai ici pour l'instant, par un saut, en vous faisant part <strong>de</strong> ce qui a retenu monattention dans la thèse plus tardive <strong>de</strong> lalangue. Soit la proximité avec la clinique du PPS, par lenouage spécifique du langagier avec <strong>de</strong> la jouissance auto-érotique proposé par Lacan:- D’abord, par l’holophrase: il faut se souvenir, comme l’a relevé Colette Soler chez Lacan,que dans lalangue, l’un est indécis, allant du phonème à la phrase ou à toute la pensée. Ce quisignifie que lalangue est le règne <strong>de</strong> l’holophrase... comme le PPS, soulignerons-nous.- Ensuite par la jouissance auto-érotique: les uns dans lalangue seraient en énigmatique avec<strong>de</strong> la jouissance autiste - encore comme le PPS.Cependant, comparaison n’est pas raison. Alors, <strong>de</strong> quoi s’agit-il dans cette jouissanceautiste <strong>de</strong> lalangue, pour le symptôme névrotique?En 1975, Lacan affirme qu’il y aurait, chez le tout petit enfant qui reçoit le discours sansavoir le langage, une passoire par où l’eau du langage - la mélodie <strong>de</strong>s parents - laisserait quelquesdétritus, débris... par l’enfant retenus ; et que ça ne serait pas sans porter la marque du désir, et <strong>de</strong>sexpériences <strong>de</strong> jouissance inconscientes, <strong>de</strong>s parents. On pourrait évoquer ici l’importancequ’accordait Françoise Dolto à ce qui est entendu par le foetus in utéro.Ceci dit, si lalangue participe du mystère du corps parlant chez le névrosé, elle n’est enaucun cas présentée par Lacan comme s’écrivant directement sur le corps comme dans le PPS. D’oùmes questions:- Alors, faudrait-il <strong>de</strong>s parents Pavloviens, pour faire PPS <strong>de</strong> lalangue?- Et serait-ce quelque chose <strong>de</strong> lalangue qui viendrait s’écrire directement sur le corps, chez
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