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Revista de Psicanálise

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24reprend un an après Encore la question du mystère du corps parlant: «c'est pas pour rien que je vousai fait remarquer que ce fameux arbre <strong>de</strong> départ, là, celui où on a cueilli la pomme, on pouvait seposer la question s'il jouit lui-même tout comme un autre être vivant.» 7Mais la remarque précé<strong>de</strong>nte indique bien que la question <strong>de</strong> la jouissance va être pour lecorps du parlêtre celle <strong>de</strong> la jouissance phallique, hors corps comme le langage, comme les sèmes 8 :«Et alors, disons que lalangue, n'importe quel élément <strong>de</strong> lalangue, c'est, au regard <strong>de</strong> la jouissancephallique, un brin <strong>de</strong> jouissance. Et c'est en ça que ça étend ses racines si loin dans le corps.» 9Le découpage lacanien procè<strong>de</strong> bien d’un développement critique sur l’«Au-<strong>de</strong>là…»freudien: «Elle réservera <strong>de</strong>s surprises, cette vie, quand on aura cessé <strong>de</strong> parler comme <strong>de</strong>ssansonnets, à savoir <strong>de</strong> s'imaginer que la vie ça s'oppose à la mort. C'est absolument dingue, cettehistoire! D'abord, qu'est-ce que nous en savons? Qu'est-ce qui est mort? Le mon<strong>de</strong> inanimé, quenous disons.» 10J’ai déjà insisté sur la différence que Lacan met entre le retour à l’inanimé et la mort, c’estune critique <strong>de</strong> Freud qu’il reprend souvent pour distinguer entre le principe <strong>de</strong> plaisir qui vise à lamoindre tension et l’au-<strong>de</strong>là qui serait retrouver la mort. C’est un écart d’avec Freud qui justifiepour une part ce développement sur la ou les jouissances.Je reviens un peu sur Casanova que j’avais évoqué à propos <strong>de</strong> la croyance, son jeu magiquemis à mal par la puissance <strong>de</strong>s éléments et qui lui fera perdre la sienne <strong>de</strong> puissance, pourm’intéresser à un <strong>de</strong> ses avatars, le portrait qu’en fait Fellini dans son film.Outre la mise sur scène <strong>de</strong> son propre personnage en Casanova Fellini montre d’autre partqu’il a bien lu les mémoires. «Il n’y a pas <strong>de</strong> rapport sexuel» est illustré grâce au semblant, enfaisant <strong>de</strong> l’acte sexuel une pantomime, la pantomime du rapport sexuel. Parce que Casanova n’estpas Don Juan, même s’il a effectivement participé à la fabrication du Don Giovanni <strong>de</strong> Mozart, iln’est pas un séducteur mais un amoureux perpétuel. De très beaux passages sur l’amour et la mortpermettent <strong>de</strong> préciser que Casanova est bien sujet divisé à l’endroit <strong>de</strong>s croyances. Sa terreur<strong>de</strong>vant l’orage survenu au moment ou il accomplit le grand œuvre manifeste avec l’impuissance quis’en suit -rare chez lui- un recul <strong>de</strong> son désir où se conjoint le vœu <strong>de</strong> mort et la jouissance sexuelle.On peut y reconnaitre une version du mystère du corps parlant plus obsessionnelle qu’hystérique.En contrepoint un autre exemple me servira: Une femme désespère <strong>de</strong> ne rien sentir lors <strong>de</strong>l’acte et voilà que <strong>de</strong>puis qu’elle en a fait l’aveu à son mari, le résultat a été qu’il ne l’a plustouchée? preuve que l’analyse n’a pas toujours les meilleurs effets? sauf qu’après bien <strong>de</strong>spéripéties une fois dans l’année et cette fois-là aura suffi. Le rapport sexuel existerait-il? S’il existeen effet, c’est en tant qu’il équivaudrait strictement à la reproduction. Le rapport reproductif! C’estd’ailleurs un fantasme bien banal, selon lequel les parents ne seront excusés d’avoir fautésexuellement que si c’est une seule fois celle qui est cause <strong>de</strong> ma naissance.Et maintenant elle désespère encore plus parce qu’elle <strong>de</strong>viendra mère sans avoir lesentiment d’avoir été femme. Qu’à cela ne tienne, elle y accè<strong>de</strong>ra sans doute quand cela lui seraautorisé, pourquoi pas? d’être <strong>de</strong>venue mère! Et ce bébé que <strong>de</strong>viendra-t-il d’avoir été conçu sansjouissance mais dès lors peut-être aussi sans péché puisque Lacan fait équivaloir péché et jouissanceet donc sans désir? Devrait-on dès lors le considérer comme pas désiré? L’horreur même. On sedoute que tel n’est pas le cas, qu’elle s’imagine seulement, mais la question est bien <strong>de</strong> nature ànous faire entrevoir maintenant à quelle nécessité répond l’élaboration lacanienne sur la jouissance.Jouissance phallique, hors corps d’un côté et corps vivant <strong>de</strong> l’autre reprennent ainsi cettedivision indiquée d’emblée <strong>de</strong> la pulsion <strong>de</strong> mort entre le vœu <strong>de</strong> mort et le tranchant mortel duvivant, que Lacan appelle aussi le corps vivant, la vie, car tranchant mortel et vie, c’est la mêmechose. Il nous en fait le commentaire détaillé dans «La Troisième» 11 en n’omettant pas <strong>de</strong> préciser7 Lacan J., Les Non-dupes errent, Livre XXI, [1973-1974], Séminaire Inédit, leçon déjà citée.8 Ici c’est en référence à une conférence <strong>de</strong> sémiotique à laquelle Lacan a assisté peu auparavant.9 I<strong>de</strong>m.10 I<strong>de</strong>m.11 Lacan J. (1975), «La Troisième»,7 ème Congrès <strong>de</strong> l’École freudienne <strong>de</strong> Paris à Rome. Conférence parue dans lesLettres <strong>de</strong> l’École freudienne, n° 16, pp. 177-203. «…L'inconscient […] un savoir qui s'articule <strong>de</strong> lalangue, le corps qui la

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