172du savoir inconscient. Et pour cela, l’analyste manœuvre le transfert dans le sens où il présentifiel’inconnue du désir du sujet, il introduit le mystère du côté <strong>de</strong> l’inconscient, du corps parlant. C’estalors comme venant <strong>de</strong> l’Autre du transfert que la parole peut être entendue.Le sujet supposé savoir produit alors le manque et l’effet <strong>de</strong> l’enchaînement signifiant chezl’analysant qui va incorporer les signifiants seconds au signifiant premier, sachant qu’il y a toujoursun incorporel qui reste, c’est cela l’irréductible.Lacan, dans le Séminaire «D’un Autre à l’autre», utilise l’expression <strong>de</strong> «soudure», <strong>de</strong>«précipitation», <strong>de</strong> «gel», qui unifie le sujet du discours qui est représenté par un signifiant pour unautre signifiant, autour <strong>de</strong> «l’être <strong>de</strong> l’objet a» dans ce qui se fabrique, se produit du a dans lerapport au plus <strong>de</strong> jouir».L’analyste permet d’opérer un quart <strong>de</strong> tour, afin que le sujet se situe non plus comme objetmais comme sujet manquant, dans une position qui s’excepte <strong>de</strong> l’homogénéisation du discourssocial. Donc dans le transfert, il y a une incarnation <strong>de</strong> la parole qui s’excepte du tout, uneincarnation du «pas tout».Il s’agit que l’analysant répète, incarne les signifiants <strong>de</strong> son histoire dans le transfert, soitl’incarnation, dans l’amour <strong>de</strong> transfert, <strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>ments inconscients <strong>de</strong>s mystères <strong>de</strong> l’amour. Onpeut le dire encore autrement: il y a une mise en acte <strong>de</strong> la réalité sexuelle <strong>de</strong> l’inconscient. Soit quel’analysant s’incarne comme sujet <strong>de</strong> l’inconscient dans le sens où il est supposé au savoir transférésur l’analyste. Reprenons la formule <strong>de</strong> Lacan du Séminaire «Encore» qui est que l’homme et lafemme prennent leur fonction <strong>de</strong> signifiant du «dire en tant qu’incarnation distincte du sexe», ennous <strong>de</strong>mandant comment la parole prend corps face à l’Autre sexe, selon les structures cliniques.Dans la psychose, le sujet ne peut appréhen<strong>de</strong>r l’Autre sexe par la voie <strong>de</strong> la significationphallique. L’analyse va alors permettre une suppléance <strong>de</strong> sens à ce qui n’a pas <strong>de</strong> sens, c’est-à-direune suppléance à l’incarnation <strong>de</strong> l’impossible du rapport sexuel. Je pense à un sujet psychotiquequi avait dit à un ami que son analyse était un vrai bonheur, ce à quoi ce <strong>de</strong>rnier lui avait réponduque ce n’était pas normal parce qu’il fallait qu’il souffre dans son analyse. C’est vrai qu’on a l’idéeque le corps doit pâtir du signifiant dans l’effet <strong>de</strong> la parole et du langage et souffrir, notammentdans la névrose. Quant à ce sujet psychotique, on peut dire qu’il avait le bonheur, à chaque séance,<strong>de</strong> recouvrir la béance <strong>de</strong> l’impossible du rapport sexuel, <strong>de</strong> donner du corps teinté <strong>de</strong> bonheur au,comme il le formulait, «dégoût <strong>de</strong> l’inutile», ou <strong>de</strong> «désépaissir le filtre» qui lui signifiait qu’il nefaisait pas partie <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>. Dans le travail analytique, il s’agissait alors du bonheur d’entrer dansle mon<strong>de</strong>, dans l’incarnation <strong>de</strong> signifiants qui supplée à l’impossible rencontre entre les sexes.L’analyse est donc, dans la psychose, ce qui fait virer au bonheur le malheur <strong>de</strong> la désincarnation dusignifiant qui n’est pas symbolisé par le phallus.Un autre sujet psychotique avait calculé le prix que lui coûtait un mot dans son travailanalytique: elle faisait une moyenne <strong>de</strong> la durée d’une séance qui bien sûr est impossible à calculerpuisqu’elle est variable, pour ensuite calculer la durée moyenne d’une phrase composée d’unemoyenne <strong>de</strong> mots qui étaient là encore impossibles à calculer. Puis elle divisait le prix <strong>de</strong> la séancepar le nombre <strong>de</strong> mots dans une séance pour trouver le prix d’un mot. On peut dire qu’elle calculaitle mystère irréductible <strong>de</strong> l’impossible à calculer afin d’incarner précisément la valeur <strong>de</strong> son être,elle donnait une valeur monétaire aux effets <strong>de</strong> la parole et du langage précisément parce qu’elle nepouvait user <strong>de</strong> la signification phallique. C’était une manière pour elle d’incarner le signifiant nonsymbolisable dans le transfert à l’analyste.On se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra à quoi correspond l’incarnation distincte du sexe concernant les signifiants<strong>de</strong> l’homme et <strong>de</strong> la femme dans la névrose. Lacan disait qu’il y a <strong>de</strong>ux façons <strong>de</strong> rater l’objet, lafaçon mâle et la façon femelle. Sachant que le rapport sexuel n’est, en aucune façon, inscriptible, etque c’est cela, l’irréductible, c’est l’incarnation <strong>de</strong> la castration qui va y suppléer. L’homme et lafemme, dans la névrose, ne vont pas parler et inscrire la castration <strong>de</strong> la même manière. C’est par lafonction phallique que l’homme comme tout prend son inscription, sachant que cette fonctiontrouve sa limite quand elle est niée par la fonction du père. Quant à la femme, on peut dire qu’elleinscrit, dans son corps, la parole <strong>de</strong> son sexe, c’est-à-dire le pas tout dans la fonction phallique. Elle
173est dédoublée dans un rapport au phallus et son au-<strong>de</strong>là, sans que le signifiant puisse signifier cettejouissance hors corps. Si on peut dire que l’homme inscrit sa castration dans la femme objet cause<strong>de</strong> son désir, on ne peut pas dire que la femme fait <strong>de</strong> même avec l’homme. Elle s’inscrit commeobjet du désir <strong>de</strong> l’homme, précisément parce qu’elle a ce rapport avec l’Autre qui ne peut se parler.L’incarnation d’une femme est, sous cet angle, plus proche <strong>de</strong> l’irréductibilité. Néanmoins, on peutdire que l’homme approche aussi l’irréductibilité en prenant une femme comme cause <strong>de</strong> son désir.C’est ce qui nous permet d’approcher le dire analytique comme incarnation distincte du sexeainsi, dans un Bien Dire, face à l’a-diction du rapport inadéquat <strong>de</strong> l’Un à l’Autre, à travers l’objet aqui vient à la place du partenaire manquant pour que se constitue, à la place du réel, le fantasme.C’est bien le réel qui fon<strong>de</strong> la structure, c’est l’impossible du «ça ne cesse pas <strong>de</strong> ne pass’écrire». Le symptôme prend son incarnation chez le sujet qui pâtit du signifiant dans la structurequi découpe le corps, dans un affect qui est «discord», qui «ne trouve pas <strong>de</strong> logement pour habiterle langage dans le corps, ou du moins pas <strong>de</strong> son goût», comme le dit Lacan dans «Télévision».Lacan parle <strong>de</strong> l’analyste comme «l’objet a incarné» dans «Télévision», quand il se met àfaire le déchet, qu’il décharite. L’analyste est donc un saint, c’est-à-dire qu’il n’est pas un sujet quifait la charité, qui fait le bien, mais celui qui décharite, afin <strong>de</strong> réaliser ce que la structure impose, àsavoir permettre au sujet <strong>de</strong> l’inconscient <strong>de</strong> le prendre pour cause <strong>de</strong> son désir. Incarner l’objet <strong>de</strong>désir <strong>de</strong> son analysant, ce n’est pas s’incarner, en tant qu’analyste, comme sujet.L’analyste est celui qui maintient un écart entre l’idéal d’une part et l’objet a d’autre part.Lacan le dit comme ça dans «L’allocution sur l’enseignement»: «C’est dans l’objet a que lajouissance y fait retour, mais à ce que ruine <strong>de</strong> l’âme ne s’y consomme que d’un incorporel».L’incarnation dans le discours analytique, c’est bien ce qui s’y consomme d’incorporel.Concernant l’acte <strong>de</strong> l’analyste, on saisira sa dimension <strong>de</strong> semblant quand Lacan, dansTélévision, dit que «la vérité se refuse plus souvent qu’à son tour, exigeant <strong>de</strong> l’acte <strong>de</strong>s airs <strong>de</strong>sexe, qu’il ne peut tenir, c’est le ratage». Ce qui s’incarne dans l’acte analytique, ce n’est pas lesexe, mais seulement <strong>de</strong>s airs <strong>de</strong> sexe, c’est-à-dire un semblant <strong>de</strong> sexe qui ratera toujours la véritépuisqu’il y a un irréductible. C’est l’incarnation en tant que semblant d’objet.Demandons-nous quel est le rapport <strong>de</strong> l’incarnation à l’irréductible? Autrement dit, en quoile sujet analysant se mesure-t-il à l’irréductible?Lacan évoque, dans le Séminaire «D’un Autre à l’autre», les défauts d’articulationirréductibles dans l’inconscient d’où procè<strong>de</strong> cet effort même qui témoigne du désir <strong>de</strong> savoir, il y adonc un irréductible qui tient au discours analytique. L’irréductible, c’est aussi le rapport du savoir àla jouissance, «ce qui reste d’irréductible dans ce savoir en tant que distingué <strong>de</strong> la jouissance».Ce qui veut dire qu’il y a toujours un reste <strong>de</strong> savoir en tant que distingué <strong>de</strong> la jouissance,mais précisément parce que le noyau <strong>de</strong> jouissance est irréductible.L’irréductible est donc articulé à l’impossible logique: le réel jamais atteignable que lediscours analytique serre à partir <strong>de</strong>s dits.Alors évi<strong>de</strong>mment, pour que l’analyste incarne l’objet a, il faut qu’il ait mis à l’épreuve lepassage <strong>de</strong> l’analysant à l’analyste qui est <strong>de</strong> passer par l’irréductible. Dans une Ecole, c’est letémoignage <strong>de</strong> la passe qui va rendre compte <strong>de</strong> cette mise à l’épreuve <strong>de</strong> l’irréductible.Reprenons la formulation <strong>de</strong> Lacan dans la Proposition <strong>de</strong> 1967 concernant l’analysant<strong>de</strong>venu analyste qui «se voue alors à l’agalma <strong>de</strong> l’essence du désir, prêt à le payer <strong>de</strong> se réduire, luiet son nom, au signifiant quelconque». Le témoignage <strong>de</strong> l’irréductible concerne la désincarnation,la réduction <strong>de</strong> l’agalma au quelconque du signifiant. C’est-à-dire que l’agalma qui faisait brillerl’objet du fantasme n’opère plus et fait déchoir le sujet <strong>de</strong> son fantasme. C’est cela finalementl’irréductible, la désincarnation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’objet pour incarner, être, l’objet a lui-même: êtreréduit à l’objet irréductible, se faire produire <strong>de</strong> l’objet a, et c’est dans ce paradoxe <strong>de</strong> l’impossiblelogique que rési<strong>de</strong> le passage <strong>de</strong> l’analysant à l’analyste ainsi que l’acte analytique lui-même. Eneffet, il y a une dimension d’irréductible aussi dans l’ex-sistence <strong>de</strong> l’analyste, dans le «hors sans ypenser».
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