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Quel potentiel de développement pour l'économie sociale et solidaire

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<strong>Quel</strong> <strong>potentiel</strong> <strong>de</strong> <strong>développement</strong> <strong>pour</strong> l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong> ?daire tandis que la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s économistes,sociologues, politologues <strong>et</strong> philosophes, mis à part lap<strong>et</strong>ite troupe <strong>de</strong>s universitaires spécialistes du suj<strong>et</strong>,très souvent acquis à la cause, considèrent qu’il s’agitd’un non-suj<strong>et</strong>.La faible visibilité <strong>de</strong> l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong>n’est pas due à une volonté <strong>de</strong>s médias d’imposer unblack out à son suj<strong>et</strong>, ni au peu <strong>de</strong> curiosité <strong>de</strong>s universitaires.Si l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong> peine àfaire parler d’elle, c’est moins du fait <strong>de</strong> sa différenceque <strong>de</strong> sa proximité à l’égard du reste <strong>de</strong> l’économie<strong>et</strong> <strong>de</strong> la société. Profondément insérée dans notresociété, elle en subit logiquement les contingences.1.3.1. La loi du marché en partageObservons tout d’abord qu’il est trop simpled’opposer un secteur privé qui serait nuisible parnature, parce que mû par le profit, à un mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong> qui <strong>pour</strong>suivrait, quantà lui, <strong>de</strong>s fins d’intérêt général. En pratique, si lesecteur privé est bien mu par le profit, les biens <strong>et</strong>services qu’il produit ne sont pas nécessairementmoins utiles à la société que ceux produits par lesorganisations <strong>de</strong> l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong>insérées dans le marché. Le boulanger qui, chaquematin, se lève tôt <strong>pour</strong> faire son pain, a une utilité<strong>sociale</strong> incontestable. De même, le fabricant <strong>de</strong>radiateurs est particulièrement utile à tous ceux quisouhaitent disposer d’un chauffage central. Lesmilitants <strong>de</strong> l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong> dénoncentles sociétés <strong>de</strong> capitaux dont le seul objectif est <strong>de</strong>maximiser la rémunération du capital investi. Mais leprofit n’est qu’un sol<strong>de</strong>, qui suppose, <strong>pour</strong> êtreobtenu, <strong>de</strong> produire <strong>de</strong>s biens <strong>et</strong> services qui trouventpreneurs <strong>et</strong> qui se voient reconnus une utilité par lesconsommateurs. Certes les motivations du secteurcapitaliste sont contestables, puisque les biens <strong>et</strong>services produits ne sont qu’un moyen détourné <strong>pour</strong>satisfaire un autre but – dégager <strong>de</strong>s profits. Maisc<strong>et</strong>te considération morale ne doit pas nous faireperdre <strong>de</strong> vue que l’économie <strong>de</strong> marché n’a pas <strong>de</strong> simauvais résultats en tant que machine à produire <strong>et</strong>distribuer une gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong> biens <strong>et</strong> services.L’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong> n’a donc pas le monopole<strong>de</strong> l’utilité <strong>et</strong> nous serions bien ennuyés s’il nousfallait essayer <strong>de</strong> vivre <strong>de</strong>main en ne consommantque <strong>de</strong>s biens <strong>et</strong> services proposés par les organisations<strong>de</strong> l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong>.D’un autre côté, le caractère insoutenable <strong>de</strong> nosmo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie <strong>et</strong> <strong>de</strong> consommation justifie une réflexioncritique sur l’utilité <strong>de</strong> multiples biens <strong>et</strong>services mis sur le marché. De même que la déconnexionentre <strong>pour</strong>suite <strong>de</strong> la croissance <strong>et</strong> progrès dubien-être individuel <strong>et</strong> collectif. Comment se satisfaired’une société qui fait cohabiter hyperconsommation<strong>et</strong> pauvr<strong>et</strong>é ? La production marchan<strong>de</strong> est certesefficace, mais elle ne prend en compte que la<strong>de</strong>man<strong>de</strong> solvable <strong>et</strong> dans sa course à l’accumulation<strong>de</strong> richesse monétaire, elle est prête à produiren’importe quoi <strong>et</strong> à déployer <strong>de</strong>s efforts considérables<strong>pour</strong> le vendre, sans se soucier <strong>de</strong> la réalité <strong>de</strong>sbesoins sociaux, ni <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s externes négatifsengendrés par son activité. Nos mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie <strong>et</strong> <strong>de</strong>consommation ont <strong>pour</strong> corollaire une facture environnementalequi menace l’avenir <strong>de</strong> l’humanité touten maintenant une large partie <strong>de</strong> la population dansun état <strong>de</strong> frustration, faute <strong>de</strong> pouvoir atteindre lanorme véhiculée par la publicité <strong>et</strong> les médias, tandisqu’une minorité significative vit dans la pauvr<strong>et</strong>é.L’offre suit d’ailleurs étroitement la structure <strong>de</strong> ladistribution <strong>de</strong>s revenus, comme en témoigne l’explosion<strong>de</strong>s marchés du luxe, en parallèle avec la montée<strong>de</strong>s très hauts revenus, <strong>et</strong> l’apparition symétrique <strong>de</strong>rayons « premiers prix » dans les hypermarchés.Face à ces évolutions, l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong> aune capacité limitée d’offrir une alternative. Certes,les entrepreneurs sociaux <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong>s préfèrentproduire <strong>de</strong>s biens qui conservent leur valeur quandchacun les possè<strong>de</strong>, <strong>et</strong> non ceux qui ont <strong>pour</strong> principalobjectif d’affirmer la position <strong>sociale</strong> du consommateur.Leur idéal est même <strong>de</strong> produire surtout <strong>de</strong>sbiens <strong>et</strong> services dont la valeur est d’autant plusgran<strong>de</strong> que chacun en bénéficie : assurance auto,soins <strong>de</strong> santé, éducation.En revanche, dans un mon<strong>de</strong> caractérisé par lechômage <strong>et</strong> la précarité, les organisations <strong>de</strong> l’ESS situéessur le marché se trouvent contraintes <strong>de</strong> s’adapteraux évolutions <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.Certaines gran<strong>de</strong>s mutuelles, en assurance dommagescomme en complémentaires santé, ont ainsi étéconduites à diversifier leur offre, en proposant <strong>de</strong>scontrats moins compl<strong>et</strong>s mais accessibles à uneclientèle, notamment les jeunes, dont le pouvoird’achat n’est pas celui <strong>de</strong>s salariés en CDI, jusque-là lagran<strong>de</strong> masse <strong>de</strong> leurs adhérents ou sociétaires. Unchoix réalisé sans enthousiasme <strong>et</strong> souvent après <strong>de</strong>difficiles débats internes.En répondant à l’évolution <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong> la<strong>de</strong>man<strong>de</strong>, ces mutuelles s’adaptent à c<strong>et</strong>te réalitédéplaisante qui veut que certains ménages, faute <strong>de</strong>moyens, sont contraints <strong>de</strong> choisir une couverturemoindre, <strong>pour</strong> ne pas dire au rabais. On mesure icicombien la solidarité mutualiste ne joue pleinementqu’au sein <strong>de</strong> groupes aux revenus <strong>et</strong> aux statutsrelativement homogènes. Elle peut prétendre à l’universalitéen situation <strong>de</strong> plein emploi mais trouve viteses limites quand le chômage <strong>de</strong> masse s’installe. Lasolidarité mutualiste tend alors à <strong>de</strong>venir un privilègeréservé aux seuls insi<strong>de</strong>rs.13

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