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Quel potentiel de développement pour l'économie sociale et solidaire

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<strong>Quel</strong> <strong>potentiel</strong> <strong>de</strong> <strong>développement</strong> <strong>pour</strong> l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong> ?2.3. L’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong> au cœur<strong>de</strong>s évolutions <strong>de</strong> notre sociétéL’analyse sectorielle <strong>de</strong>s points forts <strong>de</strong> l’ESS <strong>et</strong> <strong>de</strong> sesévolutions ne peut cependant être comprise qu’enpensant l’évolution historique <strong>de</strong> notre société. Lesdifférentes composantes <strong>de</strong> l’ESS sont un élémentparmi d’autres <strong>de</strong>s multiples dynamiques à l’œuvrequi la traversent : dynamique <strong>de</strong> l’offre marchan<strong>de</strong>,<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’action publique sous l’influence <strong>de</strong> lasociété civile.Dans c<strong>et</strong>te perspective, la place <strong>et</strong> le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>sorganisations <strong>de</strong> l’ESS doivent être envisagés au regard<strong>de</strong> leur <strong>de</strong>stin passé, un <strong>de</strong>stin qui s’est toujoursinscrit sous le triple signe <strong>de</strong> la récupération, <strong>de</strong> labanalisation <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’instrumentalisation. Il en ressortque l’ESS n’est pas l’amorce d’une autre « économie »mais qu’elle concourt plutôt à réformer, à civiliser lalogique dominante.2.3.1. Récupération ou la rançon du succèsLes initiatives portées par les organisations <strong>de</strong>l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong>, parce qu’ellesconcourent à produire <strong>de</strong>s biens publics, ont d’abordvocation à être récupérées par les pouvoirs publics ;c’est le signe même <strong>de</strong> leur réussite. Historiquement,les politiques publiques, dans les domaines <strong>de</strong> l'éducation,<strong>de</strong> l’action <strong>sociale</strong>, ou encore <strong>de</strong> la protectioncontre les risques <strong>de</strong> la vie, sont ainsi largementissues d’initiatives <strong>de</strong> la société civile. La Sécurité<strong>sociale</strong> n'aurait jamais vu le jour si le mouvementmutualiste n'avait auparavant ouvert le chemin. Lasolidarité générale assurée par les systèmes d'assurance<strong>sociale</strong> obligatoire s'est développée sur le terreau<strong>de</strong>s solidarités instituées par <strong>l'économie</strong> <strong>sociale</strong>au profit <strong>de</strong> groupes sociaux particuliers, réunis surune base professionnelle ou territoriale.Les organisations <strong>de</strong> l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong>ont ainsi longtemps joué, <strong>et</strong> jouent encore souvent,un rôle innovant. Récupérées puis généralisées par lespouvoirs publics, leurs initiatives ont dû parfois laisserla place à <strong>de</strong>s structures publiques ou parapubliques –au grand dam <strong>de</strong> la Mutualité lors <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> laSécurité <strong>sociale</strong>. Dans d’autres cas, comme l’action<strong>sociale</strong>, le secteur associatif occupe toujours uneplace ultra-dominante dans la production <strong>de</strong>s services,même s’il dépend désormais étroitement <strong>de</strong>l’argent public <strong>pour</strong> son fonctionnement <strong>et</strong> les conditions<strong>de</strong> sa régulation.La récupération peut aussi être le fait <strong>de</strong> sociétés <strong>de</strong>capitaux attirées par les perspectives <strong>de</strong> profit ou toutsimplement créées par <strong>de</strong>s entrepreneurs individuelsqui souhaitent conserver le contrôle <strong>de</strong> leurentreprise. On le constate dans <strong>de</strong> nombreuses activitésoù les organisations <strong>de</strong> l’ESS ont parfois joué unrôle pionnier : maisons <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite, services aux personnes,mais aussi les énergies renouvelables. Ce<strong>de</strong>rnier secteur, après avoir été l’apanage d’entreprises<strong>solidaire</strong>s, est aujourd’hui <strong>de</strong>venu un champd’investissement <strong>pour</strong> les plus grands groupes, avec labénédiction <strong>de</strong> l’Etat. Il en va <strong>de</strong> même <strong>pour</strong> lesproduits bio voire le commerce équitable, avecl’émergence <strong>de</strong> produits labellisés vendus sousmarque <strong>de</strong> distributeur qui viennent concurrencer lesentreprises <strong>solidaire</strong>s comme la Scop Ethiquable <strong>et</strong> lesréseaux spécialisés comme les boutiques Artisans dumon<strong>de</strong>. Même chose encore <strong>de</strong>s formes d’économie<strong>de</strong> fonctionnalité qui se développent (location <strong>de</strong>voitures à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en milieu urbain) désormaisdéveloppées par les grands groupes <strong>de</strong> servicesurbains ou par <strong>de</strong>s producteurs <strong>de</strong> véhicules électriques(le groupe Bolloré à Paris). Faut-il s’en désoler ?On serait tenté <strong>de</strong> dire non si c<strong>et</strong>te récupération nes’accompagnait pas souvent d’une dénaturation.2.3.2. Banalisation : finance, coopération agricole,commerce associéLe <strong>de</strong>stin <strong>de</strong>s organisations <strong>de</strong> l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong><strong>solidaire</strong> s’inscrit également, on l’a vu plus haut, sousle signe <strong>de</strong> la banalisation. Nombre d’entre elles<strong>pour</strong>suivent ainsi <strong>de</strong>s fins qui ne les distinguent guère<strong>de</strong> leurs concurrentes <strong>de</strong> type capitaliste ; leur contributionaux transformations souhaitables <strong>de</strong> notre sociétéest alors très faible, quand elles ne contribuentpas à les freiner !C’est notamment le cas dans le secteur financier oùles entreprises <strong>de</strong> l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong> sontparticulièrement puissantes. Tout le problème estque la puissance acquise par ces groupes financiersn’est pas toujours – <strong>et</strong> c’est un euphémisme – miseau service d’un exercice alternatif <strong>de</strong> leur métier. Protégéspar leur statut qui les m<strong>et</strong> à l’abri <strong>de</strong> tout prédateurexterne aussi longtemps qu’ils ne font pas trop<strong>de</strong> bêtises, peu contrôlés par <strong>de</strong>s sociétaires souventpeu à même <strong>de</strong> juger <strong>de</strong>s stratégies mises en œuvre,ces établissements se sont engagés dans <strong>de</strong>s stratégies<strong>de</strong> croissance dont la seule finalité était <strong>de</strong> <strong>de</strong>venirtoujours plus puissants, <strong>et</strong> <strong>de</strong> se verser <strong>de</strong>s salairescomparables à ceux <strong>de</strong>s dirigeants <strong>de</strong>s grands établissementscapitalistes. Au final, l’absence d’actionnairesà rémunérer a peu profité aux sociétaires <strong>et</strong>aux clients <strong>de</strong> ces établissements.Une partie <strong>de</strong>s assureurs mutualistes ont suivi <strong>de</strong>sévolutions comparables. Certains groupes, du faitd’une gestion hasar<strong>de</strong>use, ont perdu leur indépen-23

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