La solidarité entre membres <strong>de</strong> ces coopératives peutperm<strong>et</strong>tre l’implantation ou le <strong>développement</strong> <strong>de</strong>nouveaux coopérateurs, nécessaire <strong>pour</strong> lutter contrela concurrence <strong>et</strong> renforcer la puissance du groupementd’achat. Mais elle peut aussi poser <strong>de</strong>s problèmesquand <strong>de</strong>ux magasins <strong>de</strong> la même enseignecohabitent sur une même zone <strong>de</strong> chalandise. Au total,les coopératives <strong>de</strong> commerçants contrôlent unquart du commerce <strong>de</strong> détail en France. Leur spécificitéface aux grands groupes capitalistes <strong>de</strong> la distributionest cependant très limitée – au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> lacommunication agressive <strong>de</strong>s centres E. Leclerc. Riend’étonnant à cela : les entreprises qu’elles rassemblentont en commun d’avoir <strong>pour</strong> objectif <strong>de</strong>maximiser leur résultat.2.4. Les autres secteurs où opèrent lescoopérativesLes coopératives sont également présentes dansdifférents secteurs. Ces différentes organisations ontcependant toutes en commun <strong>de</strong> ne pas disposerd’une taille significative dans leur domaine : Les coopératives d’artisans assurent l’activité <strong>de</strong>commerce <strong>de</strong> gros d’équipement <strong>pour</strong> le bâtiment,<strong>et</strong> jouent le même rôle <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong>l’amont que les coopératives d’approvisionnement<strong>pour</strong> les agriculteurs. <strong>Quel</strong>ques coopératives <strong>de</strong> consommateurs ontsurvécu au bouleversement du secteur ducommerce <strong>de</strong> détail, notamment en Alsace <strong>et</strong>dans l’Ouest. Mais le CA total <strong>de</strong>s coopératives <strong>de</strong>consommateurs représente désormais <strong>de</strong> l’ordre<strong>de</strong> 2% seulement du CA <strong>de</strong>s coopératives <strong>de</strong>commerçants… Elles sont en outre souvent liées à<strong>de</strong>s groupes non coopératifs (Coop Atlantiquevient ainsi <strong>de</strong> rejoindre Système U après avoir étélongtemps franchisé Carrefour). Les coopératives dans le secteur <strong>de</strong> l’habitat occupentune place très limitée dans le secteur, entrele public (OPHLM) <strong>et</strong> le privé. Les coopérativesd’HLM ont <strong>pour</strong> fonction principale <strong>de</strong> gérerl’entr<strong>et</strong>ien. On compte aussi <strong>de</strong>s copropriétéscoopératives, c’est-à-dire gérées en propre parles propriétaires, sans recours à un syndic. Enfin,signalons l’émergence <strong>de</strong> coopératives d’habitantsqui fonctionnent sur un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>la copropriété réellement coopératif. Chaque rési<strong>de</strong>ntdispose uniquement d’un droit d’usage <strong>de</strong>son logement <strong>et</strong> récupère lors <strong>de</strong> son départ samise <strong>de</strong> fond initiale sans plus-value. Ces coopérativessont généralement aidées par les collectivitésterritoriales qui m<strong>et</strong>tent à leur disposition àprix avantageux le foncier, ce qui limite d’autantla mise <strong>de</strong> fond initiale <strong>de</strong>s coopérateurs. La pêche artisanale est également un secteur oùla coopération s’est développée, sur un mo<strong>de</strong>proche <strong>de</strong> la coopération agricole. Le secteur du transport compte également quelquescoopératives, essentiellement sous forme<strong>de</strong> regroupements d’artisans taxis indépendants. Enfin, la coopération scolaire rassemble les coopérativesqui perm<strong>et</strong>tent aux élèves, danschaque établissement scolaire, d’ach<strong>et</strong>er certainsmatériels ou <strong>de</strong> financer certaines activités parascolaires.Elles jouent un rôle – très réduit –d’éducation à la coopération.3.1. Les mutuelles3.1.1. Les compagnies mutuelles d’assurancesLes compagnies mutuelles d’assurances sans intermédiaireont une histoire <strong>et</strong> un modèle stratégiqu<strong>et</strong>rès proche <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s banques coopératives. Ellesjouent un rôle majeur sur le marché <strong>de</strong> l’assurancedommage (auto, multirisques habitation <strong>et</strong> responsabilitécivile) avec plus <strong>de</strong> 20 millions <strong>de</strong> sociétaires(<strong>et</strong> plus <strong>de</strong> 23 millions d’assurés) <strong>et</strong> un rôle croissantsur le marché <strong>de</strong> l’assurance-vie avec plus <strong>de</strong> 4 millionsd’assurés.Elles ont su, <strong>pour</strong> certaines, préserver leur modèled’origine, mais leur capacité à proposer <strong>de</strong>s contratscompl<strong>et</strong>s à prix modéré ne peut être préservée –comme nous l’avons fait observer dans le corps <strong>de</strong>c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> – qu’aussi longtemps qu’elles s’adressentà une communauté relativement homogène. Or, surce plan, même la Maif a été conduite à segmenterson offre <strong>et</strong> à proposer <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> couverture distinctsà ses sociétaires, selon la nature <strong>et</strong> la valeur <strong>de</strong>sbiens qu’ils souhaitaient voir garantis par la mutuelle.De son côté, <strong>pour</strong> capter le marché <strong>de</strong>s jeunes <strong>et</strong> <strong>de</strong>sménages à bas revenus, la MACIF a développé uneoffre en ligne dont les caractéristiques ne sont pas lesmêmes que celles <strong>de</strong> ses contrats standards. La solidaritémutualiste ne joue pleinement qu’au sein <strong>de</strong>groupes aux revenus <strong>et</strong> au statut relativementhomogènes.Le <strong>développement</strong> <strong>de</strong>s assurances <strong>de</strong> personnes parcertaines mutuelles a pu conduire aux mêmes errementsqu’au sein <strong>de</strong> certaines banques coopéra-tives,le management étant insuffisamment contrôlé. Lesdéboires <strong>de</strong> Groupama en fournissent une bonneillustration.62
<strong>Quel</strong> <strong>potentiel</strong> <strong>de</strong> <strong>développement</strong> <strong>pour</strong> l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong> ?3.1.2. Les mutuelles santéElles dominent le marché <strong>de</strong> l’assurance-complémentairesanté, en concurrence <strong>de</strong>s compagnies d’assurances<strong>et</strong> <strong>de</strong>s instituts <strong>de</strong> prévoyance (structures paritairesprésentes dans un certain nombre <strong>de</strong> branchesd’activité du secteur privé). Les mutuelles santé ont<strong>pour</strong> activité principale une activité d’assurance maiselles sont également présentes dans la production <strong>de</strong>soins (à côté <strong>de</strong>s associations <strong>et</strong> fondations qui gèrent<strong>de</strong>s établissements sanitaires à but non lucratif) <strong>et</strong>dans les activités <strong>sociale</strong>s (établissements <strong>pour</strong> personnesâgées, <strong>et</strong>c.). Elles gèrent marginalement quelquesactivités commerciales liées à la santé (pharmacie<strong>et</strong> centres d’optique mutualistes).En pratique, les mutuelles santé ont aujourd’hui uneplace relativement marginale dans la production <strong>de</strong>soins. Alors qu’elles disposent d’une puissance financièreconsidérable, à travers leurs réserves, elles n’ontjusqu’à présent joué qu’un rôle limité dans le mouvement<strong>de</strong> restructuration <strong>de</strong> l’offre hospitalière privée,alors qu’il existait <strong>de</strong> nombreuses opportunités <strong>pour</strong>développer, parallèlement à l’hospitalisation publique,un vaste secteur géré <strong>de</strong> manière non lucrativequi aurait pu contribuer à la mise en place <strong>de</strong> filières<strong>de</strong> soins articulant <strong>de</strong> manière différente les mé<strong>de</strong>cines<strong>de</strong> ville <strong>et</strong> hospitalière.Parallèlement, les mutuelles ont tenté <strong>de</strong> développer<strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> conventionnement avec les professionnels<strong>de</strong> santé (dispositif « Priorité santé mutualiste»), avec <strong>pour</strong> objectif étant d’obtenir <strong>de</strong>s professionnelsqu’ils s’engagent sur <strong>de</strong>s objectifs en termes<strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> soins, mais aussi sur la plan <strong>de</strong>s tarifspratiqués. C<strong>et</strong>te ambition s’est heurtée à <strong>de</strong> nombreusesdifficultés : hostilité <strong>de</strong>s professionnels, donton sait l’attachement au « libre » exercice <strong>de</strong> leur« art » ; faible enthousiasme <strong>de</strong>s pouvoirs publics,peu soucieux <strong>de</strong> s’opposer aux professions médicales<strong>et</strong> désireux <strong>de</strong> conserver le contrôle du système <strong>de</strong>soins ; division entre mutuelles, les gran<strong>de</strong>s mutuelless’opposant à toute limitation <strong>de</strong> leur autonomiestratégique au profit <strong>de</strong> la fédération.Secteur d’activitéCompagniesd’assurancesmutuelles(GEMA)Mutuelles santé<strong>et</strong> <strong>de</strong> prévoyance(Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> laMutualité).Activitésd’assurance.Mutuelles santé<strong>et</strong> <strong>de</strong> prévoyance.Activitéssanitaires.Mutuelles santé<strong>et</strong> <strong>de</strong> prévoyance.Activités <strong>sociale</strong>sMutuelles <strong>de</strong>commerce(activités annexesaux mutuellessanté :pharmaciesmutualistes,optique, <strong>et</strong>c.)Nombred’organisationsTableau 11. Les effectifs <strong>de</strong>s mutuellesNombred’établissementsEffectifs(dont ETP)Effectifsdans le privéhors ESSEffectifs dansle public136 2418 43200 (43000) ns973 2844 38 800 (35 000) ns ns69 524 18 000 (14 500)74 396 12 100 (9300)51 606 4 100 (3 700) nsTotal 1304 6793 116 342 (106694) 13 975 000 5 813 000Ns : non significatif. Source : CNCRES, données 2009.63