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Quel potentiel de développement pour l'économie sociale et solidaire

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<strong>de</strong>s intérêts particuliers <strong>et</strong> <strong>de</strong>s visions du bien commun qui cohabitent dans notresociété. C’est <strong>pour</strong>quoi l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong> ne porte pas une visioncommune <strong>de</strong> ce que <strong>pour</strong>rait être une autre société. Et si certains voudraient qu’elleconstitue un mouvement social en faveur d’une société plus juste, d’une économieplus démocratique <strong>et</strong> réellement soutenable, ils peinent à rassembler réellementautour <strong>de</strong> ces objectifs l’ensemble <strong>de</strong> l’ESS « réellement existante » <strong>et</strong> à mobiliserses salariés, sociétaires, adhérents ou associés sur c<strong>et</strong> objectif.7. L’ESS a donc une faible visibilité dans l’espace public, faute <strong>de</strong> constituer un réelmouvement social. C<strong>et</strong>te faible visibilité s’explique aussi par le fait que ses organisations,qu’elles relèvent <strong>de</strong> la sphère marchan<strong>de</strong> ou non marchan<strong>de</strong>, ne se distinguentpas toujours <strong>de</strong> manière évi<strong>de</strong>nte <strong>de</strong>s autres acteurs économiques <strong>et</strong>sociaux, sociétés <strong>de</strong> capitaux ou organisations publiques. L’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong><strong>solidaire</strong> marchan<strong>de</strong> n’a pas le monopole <strong>de</strong> l’utilité <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> subit les contingences<strong>de</strong> la concurrence à laquelle elle est exposée. L’économie <strong>sociale</strong> non marchan<strong>de</strong> estprofondément imbriquée dans le fonctionnement <strong>de</strong> l’Etat mo<strong>de</strong>rne sur lequel elleexerce une forte influence, mais dont elle est également l’agent, <strong>pour</strong> le meilleur <strong>et</strong><strong>pour</strong> le pire.8. Tout ceci contribue à expliquer <strong>pour</strong>quoi la <strong>de</strong>stinée historique <strong>de</strong>s organisations <strong>de</strong>l’ESS est souvent placée sous le triple signe <strong>de</strong> la récupération, <strong>de</strong> la banalisation <strong>et</strong><strong>de</strong> l’instrumentalisation : Récupération, quand les initiatives nées dans l’ESS sontreprises, voire généralisées, par les acteurs publics ou privés, souvent <strong>pour</strong> lemeilleur (la Sécurité <strong>sociale</strong>). Banalisation, quand sa spécificité tend à disparaître,sous l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> la concurrence <strong>et</strong> <strong>de</strong>s stratégies développées par ses dirigeants,comme on l’a vu dans le secteur financier ou dans la coopération agricole.Instrumentalisation, enfin, quand elle perd son autonomie stratégique <strong>et</strong> <strong>de</strong>vient unsimple instrument <strong>de</strong>s politiques publiques, comme c’est le cas parfois <strong>pour</strong> lesassociations d’action <strong>sociale</strong>. Au pire, elle peut <strong>de</strong>venir un substitut aux politiques<strong>de</strong> solidarité, la glorification <strong>de</strong>s initiatives <strong>de</strong> la « société civile » masquant unr<strong>et</strong>our à la charité privée comme solution <strong>de</strong>s problèmes sociaux.9. Sur ces bases, l’ESS occupe une place très spécifique au sein <strong>de</strong> l’activité économique(voir tableau 1 sur la page suivante). Seules les Scop sont présentes dans <strong>de</strong>nombreuses activités, mais elles doivent être distinguées <strong>de</strong>s autres organisations<strong>de</strong> l’économie <strong>sociale</strong> parce que leur obj<strong>et</strong> social est d’abord <strong>de</strong> fournir un emploi àleur salariés-associés. Ceci les oppose à l’ensemble <strong>de</strong>s mutuelles, associations <strong>et</strong> <strong>de</strong>la plupart <strong>de</strong>s autres coopératives, dont l’obj<strong>et</strong> social est <strong>de</strong> produire <strong>de</strong>s services ou<strong>de</strong>s biens spécifiques au bénéfice <strong>de</strong> leurs adhérents ou sociétaires. En tout état <strong>de</strong>cause, les effectifs très limités <strong>de</strong>s Scop – 40 000 salariés – en font l’exception quiconfirme la règle. Ainsi, hors agriculture, 81 % <strong>de</strong>s emplois <strong>de</strong> l’ESS sont concentrésdans un nombre <strong>de</strong> secteurs très limités – action <strong>sociale</strong>, l’éducation, santé, culture<strong>et</strong> loisirs, activités financières <strong>et</strong> d’assurance – qui contribuent <strong>pour</strong> 20 % seulementà l’emploi total. Elle pèse ainsi près <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> l’emploi total dans l’action<strong>sociale</strong>, plus du tiers dans la banque <strong>et</strong> l’assurance, près d’un cinquième dansl’éducation, un dixième dans la santé. En revanche, elle est quasiment absente <strong>de</strong>l’industrie hors agro-alimentaire ou encore du bâtiment, <strong>de</strong>ux secteurs où elle pèsemoins <strong>de</strong> 1 % <strong>de</strong>s effectifs. Elle est également quasiment absente au sein <strong>de</strong> nombreuxsecteurs <strong>de</strong>s services.6

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