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Quel potentiel de développement pour l'économie sociale et solidaire

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<strong>Quel</strong> <strong>potentiel</strong> <strong>de</strong> <strong>développement</strong> <strong>pour</strong> l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong> ?universelle <strong>et</strong> obligatoire afin <strong>de</strong> réduire les dépensespubliques. Le problème n’est pas que la notiond’entreprise <strong>sociale</strong> – comme celle d’entreprise<strong>solidaire</strong> – renvoie plus à l’obj<strong>et</strong> social <strong>de</strong>s entreprisesqu’à leur statut : le tout récent Mouvement <strong>de</strong>sentrepreneurs sociaux exige <strong>de</strong> ses adhérents qu’ilssatisfassent à un certain nombre <strong>de</strong> critères quiconstituent une manière <strong>de</strong> statut : lucrativité limitée,écart <strong>de</strong>s salaires réduit, parties prenantes associéesà la gouvernance, obj<strong>et</strong> social <strong>solidaire</strong>, <strong>et</strong>c. 11 . Leproblème tient plutôt au rôle qu’on entend faire jouerà l’entreprise <strong>sociale</strong>, <strong>et</strong> au-<strong>de</strong>là à l’économie <strong>sociale</strong><strong>et</strong> <strong>solidaire</strong>, dans un contexte <strong>de</strong> tensions sur lefinancement <strong>de</strong> la protection <strong>sociale</strong>.La promotion <strong>de</strong> l’entrepreneuriat social peut êtr<strong>et</strong>rès positive quand elle accompagne la volonté <strong>de</strong>rénover les pratiques <strong>de</strong>s associations qui travaillentdans le secteur social, dans un moment où lesentreprises privées viennent à leur tour investir lesecteur. L’entrepreneuriat social porte en eff<strong>et</strong> unedouble exigence : celle d’innover dans la manière <strong>de</strong>répondre aux besoins sociaux, mais aussi celle <strong>de</strong>gérer efficacement – parce que travailler dans lesocial, en mobilisant notamment <strong>de</strong> l’argent issu <strong>de</strong>prélèvements obligatoires ou <strong>de</strong> la générosité privée,crée l’obligation d’être particulièrement performant.L’entrepreneuriat social joue donc un rôle positifaussi longtemps qu’il porte le souci d’améliorer lerapport qualité/coût <strong>de</strong>s services rendus aux usagers,<strong>et</strong> réveille un secteur associatif qui se contente tropsouvent <strong>de</strong> jouer un rôle <strong>de</strong> sous-traitant <strong>de</strong>politiques publiques définies en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> lui.Mais ce souci d’efficacité, c<strong>et</strong>te volonté <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre enavant la figure <strong>de</strong> l’entrepreneur que portent lesdéfenseurs <strong>de</strong> l’entrepreneuriat social ne doit pas lesconduire à se faire complice <strong>de</strong> ceux qui atten<strong>de</strong>nt<strong>de</strong>s initiatives <strong>de</strong> la société civile qu’elles facilitent undésengagement <strong>de</strong> l’Etat 12 . Certes, la protection<strong>sociale</strong> doit évoluer, adapter ses priorités afin <strong>de</strong>prendre en compte l’évolution <strong>de</strong>s besoins sociaux <strong>et</strong>les entrepreneurs sociaux ont un rôle à jouer dansc<strong>et</strong>te perspective. Mais ils ne doivent pas imaginerêtre les fers <strong>de</strong> lance d’une big soci<strong>et</strong>y, qui s’accommo<strong>de</strong>raitd’une moindre intervention publique grâceà la charité privée ou aux partenariats noués avecquelques grands groupes soucieux <strong>de</strong> redorer leurimage. Car si la charité privée <strong>et</strong> les partenariats avecles entreprises peuvent ai<strong>de</strong>r à développer quelquesinitiatives intéressantes, elles ne suffiront jamais à assurerune prise en charge <strong>de</strong>s grands risques sociauxau bénéfice <strong>de</strong> tous. Seul un haut niveau <strong>de</strong> financementpublic peut assurer l’accès <strong>de</strong> tous à une protection<strong>sociale</strong> <strong>de</strong> qualité, en assurant la gratuité duservice, ou en solvabilisant la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>…La leçon ne vaut pas seulement <strong>pour</strong> les entrepreneurssociaux, elle s’applique aussi à l’économie <strong>sociale</strong>stricto sensu : les dirigeants <strong>de</strong>s mutuelles quiont cru au plan Borloo sur les services à la personnel’ont compris, mais un peu tard 13 : les dirigeants dusecteur associatif britannique, confrontés à l’austéritébudgétaire imposée par le gouvernement conservateur<strong>de</strong> David Cameron, s’en sont rapi<strong>de</strong>ment renducompte.11 www.mouves.org12 Dans c<strong>et</strong>te perspective, le titre du supplément Economiedu journal Le Mon<strong>de</strong> du 1 er novembre 2011, consacré àl’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong>, en dit long : « L’économie<strong>sociale</strong> gagne du terrain là où l’Etat recule ».13 Le niveau insuffisant <strong>de</strong>s financements publics accompagnantle plan Borloo n’a pas permis un <strong>développement</strong> <strong>de</strong>sstructures prestataires offrant un service <strong>de</strong> qualité délivrépar <strong>de</strong>s personnels non précaires.25

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