4. Les associationsLa loi <strong>de</strong> 1901 a un grand mérite : sa plasticité. Lemon<strong>de</strong> associatif rassemble <strong>de</strong>s organisations aux originestrès diverses, qui <strong>pour</strong>suivent <strong>de</strong>s buts extrêmementvariés <strong>et</strong> dont les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gouvernance sonttrès hétérogènes. On ne s’intéressera pas directementici aux associations à caractère essentiellementmilitant, même si celles-ci concourent <strong>de</strong> manièreessentielle à la vie démocratique, en reflétant la diversité<strong>de</strong>s intérêts <strong>et</strong> valeurs qui traversent notre société.Ces associations ont en commun <strong>de</strong> rassembleressentiellement <strong>de</strong>s adhérents-militants, <strong>et</strong> seules lesplus gran<strong>de</strong>s d’entre elles comptent <strong>de</strong>s permanentssalariésqui secon<strong>de</strong>nt les instances <strong>de</strong> direction bénévolesélues par la base. Leur contribution à notrevie démocratique est essentielle. En revanche, ellesne nous intéressent ici que marginalement, dans lamesure où elles ne contribuent pas ou peu à l’activitééconomique <strong>et</strong> <strong>sociale</strong> : faible nombre <strong>de</strong> salariés,faible production <strong>de</strong> biens <strong>et</strong> services, qu’ils soientmarchands ou non marchands.Le secteur associatif rassemble près <strong>de</strong> 80 % du total<strong>de</strong>s emplois <strong>de</strong>s organisations <strong>de</strong> l’économie <strong>sociale</strong><strong>et</strong> <strong>solidaire</strong>. Nous centrerons notre <strong>de</strong>scription duchamp associatif sur les associations qui emploient unnombre significatif <strong>de</strong> salariés. Ces associations sontprésentes surtout dans <strong>de</strong>ux secteurs : le social ausens large <strong>et</strong> l’éducation.Tableau 12. Associations : d’abord le social <strong>et</strong> l’éducationSecteurd’activitéNombred’organisationsNombred’établissementsEffectifs (dontETP)Effectifs dansle privé horsESS (dont ETP)Effectifs dansle publicAction Sociale 19 100 30 300Education <strong>et</strong>formation(enseignementcatholique,associations <strong>de</strong>formation <strong>pour</strong>adultes)Santé(production <strong>de</strong>soins)14 500 18 9001 772 3 582Sports <strong>et</strong> loisirs 33 812 34 807Culture <strong>et</strong>audiovisuel22 190 22 600752 000(595 000)334 100(274 000)123 200(104 000)77 000(57 700)44 600(40 600)81 200 350 00079 400 1 290 000351 000(302 000)1 139 000(1 009 000)nd1 052 496(932 000)76 600(67 700)NdHébergement<strong>et</strong> restauration3 468 5 02730 400(27 600)NdServices auxentreprisesAutres <strong>et</strong> nonclasséesTotalAssociationsSource : CNCRES, données 2009.Nd Nd 83 750 Nd Nd148 400 156 000234 5001 675 000 13 975 000(1 358 000) (12 659 400)5 813 000(5 165 000)Les gran<strong>de</strong>s associations employeurs ont cependantégalement positionnements divers en termes <strong>de</strong> nature<strong>de</strong> l’activité (non marchan<strong>de</strong> en majorité, hybri<strong>de</strong><strong>pour</strong> un grand nombre d’entre elles, marchan<strong>de</strong><strong>pour</strong> une minorité), <strong>de</strong> place respective <strong>de</strong>s bénévoles<strong>et</strong> <strong>de</strong>s salariés, <strong>de</strong> nature <strong>de</strong>s bénéficiaires <strong>de</strong>s services(associations suivant une logique caritative ouune logique d’auto-organisation). En pratique, toutesles combinaisons sont possibles.Les associations les plus importantes, en termes d’effectifssalariés, sont celles qui opèrent dans le secteursocial. Les associations sont ainsi quasi-hégémoniques64
<strong>Quel</strong> <strong>potentiel</strong> <strong>de</strong> <strong>développement</strong> <strong>pour</strong> l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong> ?Tableau 13. Répartition <strong>de</strong> l’emploi associatif dans l’action <strong>sociale</strong>ActivitésEffectifsAi<strong>de</strong> par le travail, ateliers128 000 17%protégésAi<strong>de</strong> à domicile 120 300 16%Accueil <strong>de</strong>s adultes handicapés 82 700 11%Accueil <strong>de</strong>s enfants handicapés 67 700 9%Accueil <strong>de</strong>s personnes âgées 67 700 9%Accueil <strong>de</strong>s enfants en difficulté 37 600 5%Crèches <strong>et</strong> gar<strong>de</strong>ries d’enfants 30 000 4%Autres hébergements sociaux 22 600 3%Autres formes d’action <strong>sociale</strong> 195 500 26%Total 752 000 100%Source : CNCRESdans la prise en charge du handicap, dans laprotection <strong>de</strong> l’enfance <strong>et</strong> l’insertion. Elles sont égalementprésentes dans l’hospitalisation <strong>et</strong> l’ai<strong>de</strong> à domicile.Leur financement varie selon leur activité. Dansl’action <strong>sociale</strong> stricto sensu <strong>et</strong> la santé, le financementest assuré en totalité ou en partie par l’Etat<strong>et</strong>/ou les collectivités territoriales – à commencer parles départements dans le domaine social – ou parl’assurance-maladie <strong>pour</strong> les soins <strong>de</strong> santé. Ellesopèrent en concurrence du secteur public (crèchesdépartementales ou municipales, structures d’action<strong>sociale</strong> publiques, <strong>et</strong>c.) ou du secteur privé (hospitalisationprivée à but lucratif, <strong>et</strong>c .). On peut faire unconstat voisin <strong>pour</strong> les activités d’enseignement souscontrat, dont les enseignants émargent au budg<strong>et</strong> duministère <strong>de</strong> l’Education. L’enseignement privé catholiquepèse ici d’un poids dominant. De nombreusesstructures offrant <strong>de</strong> la formation <strong>pour</strong> adultes auprofit <strong>de</strong> salariés en poste ou <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploisont également organisées sous statut associatif.Que ce soit dans l’action <strong>sociale</strong> ou l’enseignement,ces associations sont toutes issues d’initiatives caritativesnées <strong>de</strong> la société civile mais travaillent désormaisen lien étroit avec les pouvoirs publics, <strong>et</strong> dans<strong>de</strong>s conditions qui relèvent souvent <strong>de</strong> la délégation<strong>de</strong> service public.Au sein <strong>de</strong>s associations du secteur social, on compteaussi <strong>de</strong> nombreuses associations qui sont restéesplus indépendantes dans leur financement, notammentparce qu’elles parviennent à mobiliser <strong>de</strong> nombreuxbénévoles. Des associations comme Les P<strong>et</strong>itsfrères <strong>de</strong>s pauvres contribuent également à la qualité<strong>de</strong> notre vie <strong>sociale</strong>, même si l’engagement <strong>de</strong>s bénévolesa moins <strong>pour</strong> obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> transformer la sociétéque <strong>de</strong> pallier les défauts <strong>de</strong> celle-ci. Leurs activités,comme on l’a vu, peuvent être extrêmement variées.Les gran<strong>de</strong>s associations qui gèrent<strong>de</strong>s établissements <strong>de</strong> tourisme social,<strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> loisirs, <strong>de</strong>Part <strong>de</strong>l’emploisport ou <strong>de</strong>s services culturels, sont(en %)également issues d’initiatives <strong>de</strong> lasociété civile mais s’inscrivent dansune histoire différente, moins marquéepar une logique caritative,même si elles délivrent essentiellement<strong>de</strong>s prestations <strong>pour</strong> lecompte <strong>de</strong> tiers (à qui il peut êtreparfois <strong>de</strong>mandé d’adhérer à l’association,mais il s’agit alors d’uneformalité nécessaire <strong>pour</strong> accé<strong>de</strong>rau service, ach<strong>et</strong>é par ailleurs). Leurfinancement revêt généralement uncaractère hybri<strong>de</strong>. Elles bénéficientainsi <strong>pour</strong> la plupart <strong>de</strong> subventions– parfois importantes, notammentdans le domaine culturel –, maisnombre d’entre elles tirent lamajorité <strong>de</strong> leurs ressources <strong>de</strong> la vente <strong>de</strong> prestationsaux ménages, dont la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> peut être solvabiliséevia les comités d’entreprise <strong>pour</strong> les salariés<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s entreprises. Ces associations concourentégalement <strong>de</strong> manière significative à l’emploi totaldans l’économie <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> <strong>solidaire</strong>. La plupart <strong>de</strong>sstructures se réclamant aujourd’hui <strong>de</strong> l’ « entrepreneuriatsocial » peuvent être rapprochées à c<strong>et</strong>te familleassociative.On compte également <strong>de</strong> multiples associations quioffrent <strong>de</strong>s services à leurs membres – associationssportives, culturelles, <strong>de</strong> loisirs, clubs du troisièmeâge, <strong>et</strong>c. – <strong>de</strong> taille plus restreinte, au sein <strong>de</strong>squellesl’adhésion, parfois également associée à <strong>de</strong>s achats<strong>de</strong> prestations spécifiques, constitue une manière indirecte<strong>de</strong> financer le service qui sera consommé : onadhère au club <strong>de</strong> tennis, ce qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> louer lescourts mis à la disposition par la municipalité, on adhèreà une chorale, ce qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> défrayer le chef<strong>de</strong> chœur, <strong>et</strong>c. Ces associations mobilisent <strong>de</strong> nombreuxbénévoles, notamment au sein du milieu sportif.Des millions <strong>de</strong> bénévoles consacrent ainsi unepartie <strong>de</strong> leur week-end à la formation <strong>et</strong> à l’encadrement<strong>de</strong>s jeunes qui pratiquent les sports collectifs,un travail éducatif considérable <strong>et</strong> mal reconnu.Nombre d’associations, enfin, peuvent à la fois associerune intervention <strong>de</strong> type militante au serviced’une cause <strong>et</strong> <strong>de</strong>s activités qui nécessitent l’embauche<strong>de</strong> salariés qui apportent la professionnalisationnécessaire au bon accomplissement <strong>de</strong>s missions<strong>de</strong> la structure. Le mix entre salariés <strong>et</strong> bénévolespeut être très variable. Ainsi, la fédération Artisansdu mon<strong>de</strong>, qui gère un réseau <strong>de</strong> boutiques <strong>de</strong>commerce équitable, rassemble six mille bénévolesqui associent activité commerciale <strong>et</strong> sensibilisation65