JOURNAL ASMAC No 5 - octobre 2018
Energie - Oncologie Médecine pharmaceutique Financement uniforme - oui, mais
Energie -
Oncologie
Médecine pharmaceutique
Financement uniforme - oui, mais
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FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />
leur faire profiter de ses connaissances.<br />
Par gratitude envers sa vie sûre et facile<br />
en Suisse. «Pendant ces missions d’environ<br />
une année, j’ai appris que dans<br />
d’autres cultures, la vie a une autre<br />
valeur que chez nous. Quand un enfant<br />
meurt, il meurt. Et on peut en<br />
avoir un autre. C’est ce que les gens<br />
pensent.» Il faut toutefois séparer les<br />
mondes d’ici et de là-bas, tant pour la<br />
perception que pour l’évaluation. On ne<br />
peut pas partout appliquer les mêmes<br />
critères.<br />
A propos évaluation et Hôpital<br />
de l’Ile: vous parlez en termes<br />
très élogieux de vos supérieurs<br />
hiérarchiques pendant votre<br />
période d’assistanat. Cela vaut-il<br />
pour l’ensemble de la formation<br />
postgraduée?<br />
L’introduction pendant la première année<br />
d’assistanat par la médecin adjointe mentionnée<br />
a effectivement été excellente. J’ai<br />
senti sa passion pour la chose, elle m’a<br />
prise par la main et dirigée, tout en me<br />
laissant beaucoup de libertés et compétences<br />
décisionnelles. Avant les services de<br />
nuit de 14 heures, pendant lesquels j’étais<br />
seule responsable de 30 à 40 patients dans<br />
le service de chirurgie cardiovasculaire,<br />
les dossiers m’étaient transmis avec soin.<br />
Ma cheffe prenait toujours le temps nécessaire<br />
à cela et si j’avais des questions,<br />
je pouvais l’appeler après le travail sans<br />
craindre de réprimandes. Le chef de clinique<br />
était aussi là pour me soutenir. Je<br />
reste donc convaincue que tout dépend des<br />
personnes. De plus, on a toujours le choix.<br />
Pendant la formation postgraduée, il faut<br />
être conscient du fait que l’on dispose de<br />
beaucoup de liberté quant à l’orientation<br />
future.<br />
Cette autodétermination,<br />
comment l’impose-t-on?<br />
Car pendant votre formation<br />
postgraduée, vous n’étiez<br />
pas la seule médecin-assistante.<br />
Premièrement, il est important de comprendre<br />
que l’on ne nous sert pas tout sur<br />
un plateau. Il faut soi-même chercher les<br />
informations pour être sûr de les obtenir.<br />
Il est vrai que sur ce point, il faut parfois<br />
faire preuve d’insistance, sinon on n’apprend<br />
rien. Deuxièmement, il faut montrer<br />
que l’on a le sens des responsabilités,<br />
que l’on reconnaît la responsabilité et que<br />
l’on veut l’assumer. Ainsi, on est perçu<br />
comme une personne et pas comme un<br />
simple numéro.<br />
Les études vous ont-elles<br />
préparée au travail à l’hôpital?<br />
Pas vraiment. On n’est pas préparé à ce<br />
qui nous attend. Ce n’est d’ailleurs pas<br />
possible. Quand on doit remplacer en<br />
pleine nuit la batterie d’un stimulateur<br />
cardiaque provisoire sur un patient fraîchement<br />
opéré, c’est un moment où la vie<br />
ne tient qu’à un fil et où la tension nerveuse<br />
est à son comble. D’autre part, je<br />
constate que pendant les études certains<br />
sujets n’ont pas été abordés, mais auraient<br />
dû l’être. Par exemple des cours pour la<br />
communication ou la gestion de la peur.<br />
Ou alors qu’il est important d’être bien<br />
organisé. J’ai acquis ce savoir toute seule<br />
dans le cadre de mon travail pratique.<br />
Dina-Maria Jakob dit que dans son<br />
métier, elle a la chance de pouvoir faire<br />
ce qui lui plaît vraiment. Chaque jour,<br />
elle aime aller travailler, même si dans<br />
la médecine, les questions financières<br />
prennent de plus en plus le dessus sur<br />
les aspects humains. Hélas. Mais malgré<br />
cela, elle ne voudrait pas faire autre<br />
chose. Sauf peut-être une fois travailler<br />
dans une menuiserie, bien évidemment,<br />
comme passe-temps uniquement.<br />
Elle le dit de la même manière qu’au<br />
long de cette interview: de façon claire,<br />
concise et sobre. Elle agit de la même<br />
façon en qualité de membre du Comité<br />
directeur de l’<strong>ASMAC</strong>. Ce n’est pas une<br />
bavarde, qui sait tout sur tout le monde<br />
ou croit le savoir. On l’écoute d’autant<br />
plus, car elle s’exprime avec éloquence.<br />
Parfois plus intuitivement et franchement<br />
qu’après pondération de tous les<br />
arguments. On ressent son envie de<br />
faire avancer les choses, que ce soit<br />
dans la discussion ou le sujet à proprement<br />
parler. Même maintenant, dans<br />
le tête-à-tête, quand elle fouille dans ses<br />
souvenirs ou qu’elle formule sa réponse:<br />
tout va vite, et son regard attentif<br />
revient immédiatement vers l’interlocuteur:<br />
qu’est-ce qui vient maintenant?<br />
«L’administration dans les hôpitaux ne cesse de croître. Beaucoup de choses sont saisies à<br />
double voire à triple, car on veut à tout prix se protéger sur le plan juridique», déclare<br />
la cardiologue pédiatre. «Autrefois, beaucoup de travaux s’effectuaient encore sur papier,<br />
maintenant la part de l’électronique augmente, mais on continue d’imprimer tous les<br />
documents.» (® BillionPhotos.com)<br />
Malgré tous ces points positifs,<br />
vous avez probablement<br />
aussi vécu des moments difficiles<br />
pendant votre formation<br />
postgraduée.<br />
Oui, il y en a eu. Par exemple ma deuxième<br />
année d’assistanat, après mon passage<br />
de la chirurgie cardiovasculaire à la<br />
pédiatrie. Là, j’ai d’abord eu l’impression<br />
d’être une petite fille ne pouvant rien dé-<br />
12 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N° 5 Octobre <strong>2018</strong>