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JOURNAL ASMAC No 5 - octobre 2018

Energie - Oncologie Médecine pharmaceutique Financement uniforme - oui, mais

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Oncologie
Médecine pharmaceutique
Financement uniforme - oui, mais

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PERSPECTIVES<br />

L’objet choisi<br />

Le dernier coup<br />

Prof. Iris Ritzmann, historienne de la médecine, Zurich<br />

être enterrée en toute bonne conscience.<br />

Ceux qui ordonnaient le coup au cœur par<br />

voie testamentaire, comme l’écrivain et<br />

médecin autrichien Arthur Schnitzler,<br />

n’avaient pas à craindre de se réveiller<br />

dans un cercueil sombre, d’appeler à l’aide<br />

pendant des heures et finalement de mourir<br />

désespérés. Ce sont des histoires de ce<br />

genre qui ont conduit à l’aménagement<br />

de cimetières perfectionnés avec détecteurs<br />

de mouvement: l’enterré vivant pouvait<br />

déclencher une alarme en actionnant<br />

une cloche.<br />

Les instruments comme cette alêne faisaient<br />

partie de l’outillage des bourreliers<br />

et cordonniers. La poignée arrondie<br />

permet de guider la pointe métallique<br />

d’une main, car le métal glisse sans<br />

grand effort dans du cuir épais. L’étui<br />

avec une jolie bordure, un revêtement<br />

intérieur de velours et deux petits fermoirs<br />

indique toutefois que cet instrument<br />

appartenait probablement à un<br />

propriétaire aisé.<br />

Vous l’avez deviné: il ne s’agit pas d’une<br />

alêne de cordonnier, mais d’un instrument<br />

médical datant de 1800. Mais à quoi<br />

servait-il? Il y a plus de 200 ans déjà, les<br />

scandales dominaient la presse, la science<br />

et le quotidien. Ils étaient alimentés par<br />

certains faiseurs d’opinion, saisissaient la<br />

population par vagues et duraient aussi<br />

longtemps qu’ils pouvaient effrayer la population.<br />

Parmi ces peurs, il y avait celle<br />

d’être enterré vivant.<br />

Cet instrument pointu pouvait y remédier,<br />

et ce, de façon radicale. Moyennant une<br />

certaine rémunération, les médecins<br />

étaient invités à porter le coup final au<br />

cœur. Au plus tard après cette procédure,<br />

la personne décédée était considérée<br />

comme définitivement morte et pouvait<br />

Le musée d’histoire de la médecine de la<br />

Charité à Berlin consacre une exposition<br />

complexe et instructive à ce thème à scandale.<br />

Là-bas, l’instrument en forme<br />

d’alêne porte le nom de «Couteau percecœur»,<br />

même s’il n’a pas de lame. Il provient<br />

de la collection anatomique du<br />

Wiener Narrenturm, fondée en 1796, mais<br />

qui ne commença à collectionner les instruments<br />

que 180 ans plus tard. Le musée<br />

des pompes funèbres du cimetière central<br />

de Vienne possède aussi un couteau percecœur<br />

daté de 1900 et qui ressemble effectivement<br />

à un couteau. On peut donc se<br />

demander si l’alêne exposée transformait<br />

les médecins en assassins potentiels ou si<br />

elle ne servait pas simplement à faire des<br />

trous dans le cuir. <br />

■<br />

Exposition spéciale «Scheintot – über die<br />

Ungewissheit des Todes und die Angst,<br />

lebendig begraben zu werden»<br />

20 avril <strong>2018</strong> – 31 mars 2019<br />

Berliner Medizinhistorisches Museum der Charité, Charitéplatz 1, 10117 Berlin<br />

Heures d’ouverture:<br />

ma, je, ve, di 10:00 – 17:00 h<br />

me et sa 10:00 – 19:00 h<br />

lundi<br />

fermé<br />

50 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N° 5 Octobre <strong>2018</strong>

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