Forteresse digitale
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— Je me sens nettement mieux... merci.<br />
— De rien, répondit Becker en français.<br />
— Ah ! s'exclama Cloucharde avec un sourire chaleureux.<br />
Vous connaissez la langue des Lumières !<br />
— Mon savoir se limite à peu près à ces seuls mots,<br />
répondit Becker d'un air penaud.<br />
— Ce n'est pas un problème, assura Cloucharde<br />
avec fierté. Ma rubrique est publiée aux États-Unis. Je<br />
maîtrise parfaitement l'anglais.<br />
— Je l'avais remarqué. (Becker sourit et s'assit sur<br />
le bord du matelas.) Si je puis me permettre une question,<br />
monsieur Cloucharde, qu'est-ce qu'un homme tel<br />
que vous fait ici ? Il y a de bien meilleurs hôpitaux à<br />
Séville.<br />
— C'est à cause de cet officier de police à la<br />
noix !... Après m'avoir éjecté de sa moto, il m'a laissé<br />
saigner comme un goret en pleine rue. J'ai dû marcher<br />
jusqu'ici.<br />
— Il ne vous a pas proposé de vous emmener dans<br />
un meilleur endroit ?<br />
— Sur son engin de malheur ? Merci bien !<br />
— Qu'est-il arrivé au juste ce matin ?<br />
— J'ai tout dit au lieutenant.<br />
— Oui, je lui ai parlé et...<br />
— J'espère que vous lui avez passé un savon !<br />
— J'ai été intraitable, acquiesça Becker. L'affaire<br />
ne va pas en rester là.<br />
— J'espère bien.<br />
— Monsieur Cloucharde... (Becker lui sourit, prit<br />
un stylo dans la poche de sa veste), je voudrais faire<br />
une réclamation officielle à la mairie. Vous voulez<br />
bien m'aider ? Je suis certain que le témoignage d'un<br />
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homme de votre réputation pèsera lourd dans la<br />
balance.<br />
Cloucharde parut tout ragaillardi. Il se releva.<br />
— Je comprends... bien sûr. Avec plaisir.<br />
Becker sortit un petit bloc-notes.<br />
— Très bien, commençons par ce matin. Racontezmoi<br />
l'accident.<br />
— C'était bien triste ! soupira le vieil homme. Ce<br />
pauvre Asiatique s'est effondré d'un coup. J'ai essayé<br />
de l'aider, mais je n'ai rien pu faire.<br />
— Vous lui avez fait un massage cardiaque ?<br />
— Je ne sais pas comment m'y prendre, répondit<br />
Cloucharde d'un air honteux. J'ai appelé les secours.<br />
Becker se remémora les traces violacées sur la poitrine<br />
de Tankado.<br />
— Les ambulanciers ont essayé de le réanimer ?<br />
— Mon Dieu, non ! se moqua Cloucharde. On<br />
n'éperonne pas un cheval mort - le type était parti<br />
depuis longtemps quand l'ambulance est arrivée. Ils<br />
ont tâté son pouls et ils l'ont emporté. Et moi je suis<br />
resté avec l'autre crétin !<br />
Bizarre. D'où provenaient donc ces marques rouges<br />
sur Tankado ?<br />
Becker remisa cette question dans un coin de son<br />
esprit pour se concentrer sur l'enjeu actuel.<br />
— Et la bague ? demanda-t-il d'un ton aussi nonchalant<br />
que possible.<br />
Cloucharde parut étonné.<br />
— Le policier vous en a parlé ?<br />
— Oui.<br />
— C'est vrai ? s'étonna Cloucharde. Je pensais<br />
qu'il ne m'avait pas cru. Il était si brusque avec moi<br />
- comme s'il me prenait pour un illuminé. Alors que,<br />
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