La Libération : les Canadiens en Europe - Chef - Personnel militaire
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prouver la thèse selon laquelle on peut introduire<br />
sans danger dans un milieu plus distingué des soldats<br />
fraîchem<strong>en</strong>t débarqués du front. » Il a tort de<br />
s’inquiéter. Lorsque <strong>les</strong> soldats arriv<strong>en</strong>t du front, ils<br />
reçoiv<strong>en</strong>t des billets de logem<strong>en</strong>t portant une<br />
adresse, font la connaissance de leurs hôtes et<br />
s’<strong>en</strong> vont s’installer dans des maisons dispersées<br />
aux quatre coins de la ville. Martin poursuit ainsi<br />
son journal de guerre :<br />
L’arrivée des premiers soldats (7 e Brigade) n’est<br />
pas sans rappeler une procession triomphale :<br />
une file interminable de véhicu<strong>les</strong> de toutes sortes<br />
parcourt <strong>les</strong> rues bondées de civils <strong>en</strong> liesse. Les<br />
événem<strong>en</strong>ts démontreront que ni <strong>les</strong> autorités<br />
<strong>militaire</strong>s, ni leurs homologues civils n’avai<strong>en</strong>t<br />
lieu de douter que la chose était possible, et on<br />
estime même avoir établi un précéd<strong>en</strong>t important.<br />
Certes, la discipline n’est pas celle du champ de<br />
manœuvre, mais on n’a jamais ri<strong>en</strong> espéré de tel,<br />
et <strong>les</strong> infractions graves sont si rares qu’el<strong>les</strong> <strong>en</strong><br />
sont négligeab<strong>les</strong>. <strong>La</strong> bonne humeur des <strong>Canadi<strong>en</strong>s</strong><br />
ravit <strong>les</strong> citoy<strong>en</strong>s, et, de façon générale, on<br />
admire beaucoup leur comportem<strong>en</strong>t. On remarque<br />
un point d’étiquette qui échapperait peut-être à<br />
des Nord-Américains : <strong>les</strong> simp<strong>les</strong> soldats canadi<strong>en</strong>s<br />
sav<strong>en</strong>t se servir d’un couteau et d’une fourchette.<br />
Le lieut<strong>en</strong>ant Donald Pearce, du North Nova, qui se<br />
trouve au nombre des heureux visiteurs, est égalem<strong>en</strong>t<br />
soulagé de voir que, « pour changer, <strong>les</strong> soldats<br />
ont réagi <strong>en</strong> g<strong>en</strong>tilshommes, comme s’ils avai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong><br />
quelque sorte, pénétré le caractère de la ville ».<br />
Ce caractère, selon Pearce, se définit par « <strong>les</strong> vues<br />
superbes, <strong>les</strong> immeub<strong>les</strong> paisib<strong>les</strong>, tous d’un gris<br />
arg<strong>en</strong>té... comme si tout, dans cette ville, avait surgi<br />
d’un seul coup, et il y a très longtemps... {dans} une<br />
dignité et une sérénité extraordinaires ». Outre <strong>les</strong><br />
merveil<strong>les</strong> de la ville de Gand, ce sont peut-être ses<br />
citoy<strong>en</strong>s qui ont gagné le cœur des soldats. En effet,<br />
ils ont garni <strong>les</strong> vitrines des boutiques de pancartes<br />
sur <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> on peut lire : « Soldats des nations<br />
alliées — merci d’avoir si rapidem<strong>en</strong>t libéré notre<br />
chère Belgique. » 77<br />
77 Pearce, Journal of a War, Toronto, Macmillan, 1965,<br />
pp. 81-82<br />
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