La Libération : les Canadiens en Europe - Chef - Personnel militaire
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ataille et <strong>en</strong> rev<strong>en</strong>ir, le réseau de tramways d’Anvers,<br />
qui fonctionne toujours. Bi<strong>en</strong> que la ville soit moins<br />
que sûre, il est possible d’y passer de bons mom<strong>en</strong>ts :<br />
« Les hôtels et <strong>les</strong> cabarets font des affaires d’or. On<br />
trouve partout, tous <strong>les</strong> signes extérieurs de la grande<br />
vie : de la lumière, de la musique et de jolies fil<strong>les</strong>.<br />
Les soldats mal rasés, souillés par <strong>les</strong> combats, sont<br />
servis par des maîtres d’hôtel <strong>en</strong> habit à queue. » 57<br />
Pour ceux qui ont d’autres préfér<strong>en</strong>ces, « il est possible<br />
de manger dans l’un des hôtels <strong>les</strong> plus célèbres<br />
d’<strong>Europe</strong>, au son d’un orchestre, parmi des convives<br />
élégamm<strong>en</strong>t vêtus qui écout<strong>en</strong>t la musique <strong>en</strong><br />
sil<strong>en</strong>ce ». 58<br />
Si septembre n’est pas dépourvu de charmes,<br />
octobre est un mois aussi déplaisant pour la<br />
2 e Division qu’il l’est pour la 3 e dans la poche de<br />
Bresk<strong>en</strong>s. On lui a <strong>en</strong> effet confié la pénible<br />
tâche de fermer l’isthme de Beveland, puis de se<br />
frayer un chemin à travers la presqu’île jusqu’à<br />
l’île de Walcher<strong>en</strong>. Sa mission immédiate consiste à<br />
couper la voie d’accès des Allemands à Beveland<br />
<strong>en</strong> s’emparant de la base de la péninsule, près de la<br />
ville de Wo<strong>en</strong>sdrecht. Selon le plan établi, la 4 e Brigade<br />
doit franchir le canal Albert à partir de ses positions<br />
d’Anvers, s’emparer de la banlieue nord et continuer<br />
d’avancer dans la même direction. P<strong>en</strong>dant ce<br />
temps, <strong>les</strong> 5 e et 6 e Brigades opéreront un mouvem<strong>en</strong>t<br />
tournant pour franchir le canal Albert-Turnhout plus<br />
à l’est, puis pr<strong>en</strong>dront l’<strong>en</strong>nemi à revers. Le 2 octobre,<br />
p<strong>en</strong>dant que la 6 e Brigade quitte sa tête de pont, la<br />
4 e attaque à travers le canal Albert. Lorsqu’elle atteint<br />
Merxem, ses unités sont d’abord isolées, mais, par<br />
un heureux coup du sort, el<strong>les</strong> découvr<strong>en</strong>t une ligne<br />
téléphonique civile <strong>en</strong> bon état de fonctionnem<strong>en</strong>t,<br />
qui permet des communications peu orthodoxes, mais<br />
efficaces, avec le 4 e de campagne. Lors d’une<br />
contre-attaque particulièrem<strong>en</strong>t acharnée, l’officier<br />
observateur avancé « hurle ses ordres de tir depuis<br />
le dernier étage de l’immeuble; au rez-de-chaussée,<br />
ceux-ci sont relayés par téléphone public au<br />
représ<strong>en</strong>tant de l’artillerie du poste de commandem<strong>en</strong>t<br />
du bataillon, à Anvers, et, de là, aux équipes<br />
de pièce ». 59 Dès que la brigade est sortie de<br />
l’agglomération, elle s’élance vers le nord, affrontant<br />
des arrière-gardes <strong>en</strong> retraite talonnées à l’est par<br />
l’avance de la 6 e Brigade. Le 6, elle atteint Oss<strong>en</strong>drecht,<br />
à quelques kilomètres de Wo<strong>en</strong>sdrecht.<br />
Cette rapide progression alarme <strong>les</strong> Allemands.<br />
<strong>La</strong> tâche du général Von Zang<strong>en</strong>, qui doit retarder<br />
l’ouverture du port d’Anvers, consiste à t<strong>en</strong>ir la ligne<br />
Anvers-Tilburg-Bois-le-Duc, au sud de la Meuse,<br />
afin de priver <strong>les</strong> Alliés du flanc fluvial sûr qui leur<br />
permettrait d’<strong>en</strong>voyer des forces à l’est, vers la<br />
frontière allemande. <strong>La</strong> poussée de la 2 e Division<br />
m<strong>en</strong>ace de rompre cette ligne, et <strong>les</strong> Allemands<br />
réagiss<strong>en</strong>t énergiquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>en</strong>voyant un puissant<br />
groupem<strong>en</strong>t tactique de parachutistes arrêter <strong>les</strong><br />
46<br />
<strong>Canadi<strong>en</strong>s</strong>. Durant <strong>les</strong> trois semaines qui suiv<strong>en</strong>t,<br />
jusqu’à ce que le Calgary isole <strong>en</strong>fin l’isthme de<br />
Beveland, la 2 e Division connaît de durs mom<strong>en</strong>ts dans<br />
<strong>les</strong> polders détrempés qui <strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t Wo<strong>en</strong>sdrecht,<br />
alors que <strong>les</strong> bataillons épuisés t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l’un après<br />
l’autre d’effectuer une percée. Le terrain sur lequel<br />
elle combat, gagné sur la mer, est <strong>en</strong> grande partie<br />
inondé, et il est coupé à interval<strong>les</strong> de 800 mètres<br />
par des digues hautes de quatre mètres. Le moindre<br />
mouvem<strong>en</strong>t est soumis à l’observation et au tir<br />
direct de l’<strong>en</strong>nemi juché sur <strong>les</strong> digues voisines et<br />
sur la crête élevée bordant Wo<strong>en</strong>sdrecht, qui <strong>en</strong><br />
commande <strong>les</strong> voies d’accès.<br />
Encore une fois, le terrain et l’inaptitude à évaluer<br />
<strong>les</strong> int<strong>en</strong>tions et <strong>les</strong> effectifs des Allemands sont<br />
à l’origine de comptes r<strong>en</strong>dus du r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />
excessivem<strong>en</strong>t optimistes et d’une estimation<br />
insuffisante des moy<strong>en</strong>s nécessaires pour éliminer<br />
l’<strong>en</strong>nemi. Tout comme ailleurs, <strong>les</strong> combats<br />
rapprochés et individuels <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dr<strong>en</strong>t quelques<br />
situations insolites. Un jour, p<strong>en</strong>dant que <strong>les</strong><br />
batteries du 4e de campagne déploi<strong>en</strong>t leurs pièces,<br />
el<strong>les</strong> essui<strong>en</strong>t à courte distance un tir d’armes<br />
légères. Une patrouille part à la recherche des<br />
Allemands, mais la position de pièces est soudain<br />
balayée par un déluge de feu :<br />
Tout le monde est obligé de se mettre à l’abri<br />
de cet adversaire invisible... le commandant<br />
de la troupe, ayant reçu du PC régim<strong>en</strong>taire<br />
l’autorisation de tirer à vue sur l’<strong>en</strong>nemi,<br />
se charge d’un des canons. Le serg<strong>en</strong>t pointe<br />
celui-ci et le décl<strong>en</strong>che, p<strong>en</strong>dant que le<br />
commandant se trouve sur le s<strong>en</strong>tier, <strong>en</strong> train<br />
de diriger le tir... Une fois cette affaire réglée<br />
et toutes <strong>les</strong> pièces mises <strong>en</strong> position, il semble<br />
tout à fait logique d’appr<strong>en</strong>dre que le plus<br />
important des objectifs du régim<strong>en</strong>t se trouve juste<br />
derrière el<strong>les</strong>, dans une direction diamétralem<strong>en</strong>t<br />
opposée à celle où el<strong>les</strong> point<strong>en</strong>t... Le l<strong>en</strong>demain<br />
matin, <strong>les</strong> hommes du régim<strong>en</strong>t tir<strong>en</strong>t saur de<br />
nombreux objectifs. À un mom<strong>en</strong>t donné, ils vis<strong>en</strong>t<br />
le front et, la minute d’après, ils font pivoter la<br />
pièce vers l’arrière pour tirer sur des Allemands<br />
qu’un 00A a aperçus <strong>en</strong>tre <strong>les</strong> arbustes. Ces<br />
artilleurs n’avai<strong>en</strong>t jamais aussi bi<strong>en</strong> réalisé<br />
jusqu’où, dans la guerre moderne, il n’y a<br />
pas de « ligne de front ».<br />
L’impasse de Wo<strong>en</strong>sdrecht ne se dénouera<br />
que lorsque Montgomery, après un échange de<br />
vues animé avec le général Eis<strong>en</strong>hower, <strong>en</strong><br />
octobre, accordera <strong>en</strong>fin à Anvers sa plus haute<br />
57 DSH, archives des unités.<br />
58 Nicholson, G.W.L. Canada’s Nursing Sisters, Toronto,<br />
Samuel Stev<strong>en</strong>s, Hakkert, 1975, p. 167.<br />
59 DSH, capitaine G.C. Blackburn, « The History of the<br />
4th Field Regim<strong>en</strong>t ».