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La Libération : les Canadiens en Europe - Chef - Personnel militaire

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ombard<strong>en</strong>t régulièrem<strong>en</strong>t, et <strong>les</strong> espions vont et<br />

vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’une rive à l’autre de la Meuse et du<br />

Waal. Certains s’infiltr<strong>en</strong>t dans <strong>les</strong> déf<strong>en</strong>ses adverses<br />

pour se r<strong>en</strong>seigner, tandis que d’autres aid<strong>en</strong>t <strong>les</strong><br />

parachutistes ayant échappé au désastre d’Arnhem<br />

à regagner la sécurité. Les véhicu<strong>les</strong> blindés du<br />

Manitoba Dragoons ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une section du front<br />

particulièrem<strong>en</strong>t ét<strong>en</strong>due, qui serait normalem<strong>en</strong>t<br />

attribuée à une division. Lorsque le régim<strong>en</strong>t arrive<br />

dans le secteur de Roos<strong>en</strong>daal, le 7 novembre,<br />

il adopte un régime de patrouil<strong>les</strong> qu’il conservera<br />

plusieurs mois. Il s’agit ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t d’une<br />

période froide, <strong>en</strong>nuyante et dépourvue d’incid<strong>en</strong>ts,<br />

ainsi que le laisse <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre ce compte r<strong>en</strong>du typique<br />

d’un journal de guerre :<br />

Aujourd’hui, il y a très peu d’activité tout au<br />

long du front. Une patrouille de l’Escadron « C »<br />

a donc mis un petit bateau à l’eau dans la<br />

Meuse et s’est prom<strong>en</strong>ée sur le fleuve, mais sans<br />

aborder l’autre rive. Elle n’a ri<strong>en</strong> vu d’intéressant<br />

de l’autre côté, et ne s’est pas fait tirer dessus.<br />

Une communication téléphonique a été établie<br />

avec un mouvem<strong>en</strong>t de résistance sur l’île<br />

de Schouw<strong>en</strong>... et l’Escadron « B » a relayé des<br />

informations intéressantes jugées tout à fait<br />

crédib<strong>les</strong>.<br />

Certaines positions de pièces nous ont été indiquées,<br />

de même que l’horaire et l’itinéraire de petits<br />

convois navals <strong>en</strong>nemis. On a attaché à notre<br />

régim<strong>en</strong>t un OL {officier de liaison} d’appui<br />

aéri<strong>en</strong>, le lt R. Berry, mais le temps couvert a<br />

immobilisé <strong>les</strong> avions, et ce secteur n’a plus<br />

qu’une faible priorité. Il sera difficile de diriger<br />

l’appui aéri<strong>en</strong> contre <strong>les</strong> <strong>en</strong>nemis qui se trouv<strong>en</strong>t<br />

sur Schouw<strong>en</strong>.<br />

Au cours des premières semaines, <strong>les</strong> patrouil<strong>les</strong> se<br />

succèd<strong>en</strong>t dans l’inaction absolue. Le seul événem<strong>en</strong>t<br />

qui crée un peu d’animation est la désertion de<br />

15 soldats allemands — des Arméni<strong>en</strong>s capturés<br />

sur le front ori<strong>en</strong>tal qui se sont portés volontaires<br />

pour servir dans l’armée au lieu de mourir de faim<br />

dans <strong>les</strong> camps de prisonniers. Toutefois, à mesure<br />

que le temps se refroidit, l’<strong>en</strong>nemi se ranime : ses<br />

bombardem<strong>en</strong>ts d’artillerie et de mortiers continu<strong>en</strong>t<br />

par intermitt<strong>en</strong>ce durant des semaines, mais n’inflig<strong>en</strong>t<br />

que des pertes légères.<br />

Le secteur le plus vital du long front des <strong>Canadi<strong>en</strong>s</strong>,<br />

autour de Nimègue, à la frontière de l’Allemagne,<br />

est relié à une île par un grand pont qui <strong>en</strong>jambe le<br />

Waal <strong>en</strong> direction d’Arnhem et du Rhin. Au fil des<br />

semaines, l’<strong>en</strong>nemi t<strong>en</strong>te plusieurs fois de démolir ce<br />

pont d’une importance extrême — par exemple, <strong>en</strong><br />

utilisant le courant du fleuve pour lancer des mines<br />

contre <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il est difficile de se prémunir. Les<br />

sapeurs jett<strong>en</strong>t des estacades à travers le fleuve, mais<br />

<strong>les</strong> débris flottants ont t<strong>en</strong>dance à s’accumuler contre<br />

cel<strong>les</strong>-ci jusqu’à <strong>les</strong> rompre. Le 15 novembre, <strong>les</strong><br />

70<br />

Allemands finiss<strong>en</strong>t par <strong>en</strong>dommager le pont au<br />

moy<strong>en</strong> d’une mine cont<strong>en</strong>ant 150 kilogrammes<br />

d’explosifs, qui détonne <strong>en</strong> le heurtant.<br />

L’ambiance des combats hivernaux comm<strong>en</strong>ce<br />

à rappeler aux unités d’infanterie du front celle<br />

des tranchés de la Première Guerre mondiale.<br />

L’impression de devoir absolum<strong>en</strong>t s’assurer<br />

la maîtrise du no man’s land est particulièrem<strong>en</strong>t<br />

évocatrice. Si le soldat, dans sa tranchée dominant<br />

la campagne néerlandaise détrempée qui <strong>en</strong>toure<br />

Nimègue, considère que <strong>les</strong> <strong>en</strong>virons immédiats<br />

constitu<strong>en</strong>t le bout de terrain le plus crucial du front,<br />

<strong>les</strong> commandants, dans leur quartier général,<br />

adopt<strong>en</strong>t nécessairem<strong>en</strong>t une perspective plus vaste.<br />

Ils contrôl<strong>en</strong>t constamm<strong>en</strong>t <strong>les</strong> activités de l’<strong>en</strong>nemi,<br />

t<strong>en</strong>tant de savoir si <strong>les</strong> Allemands introduis<strong>en</strong>t des<br />

troupes dans le secteur ou <strong>en</strong> font sortir, et d’estimer<br />

la qualité de cel<strong>les</strong>-ci. Ils peuv<strong>en</strong>t ainsi évaluer<br />

l’effectif et la capacité de l’<strong>en</strong>nemi et essayer de<br />

percer ses int<strong>en</strong>tions. Par exemple, l’arrivée de<br />

chars ou d’unités de parachutistes dans un secteur<br />

donné peut très bi<strong>en</strong> annoncer une attaque<br />

immin<strong>en</strong>te exigeant des contre-mesures. En décembre,<br />

le général Crerar donne <strong>les</strong> instructions suivantes :<br />

« Il importe de plus <strong>en</strong> plus que <strong>les</strong> patrouil<strong>les</strong> de<br />

l’Armée canadi<strong>en</strong>ne s’assur<strong>en</strong>t la maîtrise du no man’s<br />

land et des cours d’eau, et qu’on empêche l’<strong>en</strong>nemi<br />

d’obt<strong>en</strong>ir des informations sur nos dispositions et nos<br />

int<strong>en</strong>tions grâce à l’action de ses propres patrouil<strong>les</strong> ou<br />

à l’infiltration de ses ag<strong>en</strong>ts. » Ces patrouil<strong>les</strong> pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

plusieurs formes. Il y <strong>en</strong> a de petites formées de<br />

quelques hommes qui occup<strong>en</strong>t une position statique<br />

prédéterminée <strong>en</strong> avant des lignes de tranchées<br />

avec un téléphone ou une radio de campagne afin<br />

de signaler des incursions <strong>en</strong>nemies auxquel<strong>les</strong> des<br />

patrouil<strong>les</strong> plus importantes t<strong>en</strong>dront des embuscades.<br />

Des patrouil<strong>les</strong> de reconnaissance s’<strong>en</strong>fonc<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> territoire <strong>en</strong>nemi pour <strong>en</strong> rapporter le plus<br />

d’informations possible sur <strong>les</strong> positions déf<strong>en</strong>sives,<br />

<strong>les</strong> mouvem<strong>en</strong>ts de troupes et la routine quotidi<strong>en</strong>ne.<br />

Des patrouil<strong>les</strong> combattantes aux effectifs plus<br />

élevés utilis<strong>en</strong>t ces r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts pour attaquer <strong>les</strong><br />

avant-postes allemands et faire des prisonniers qui<br />

pourront préciser l’id<strong>en</strong>tité des unités prés<strong>en</strong>tes. Les<br />

spécialistes du r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t peuv<strong>en</strong>t évaluer le<br />

moral de l’<strong>en</strong>nemi <strong>en</strong> interrogeant <strong>les</strong> prisonniers et<br />

<strong>les</strong> déserteurs. Ainsi, l’interrogateur d’un prisonnier<br />

de 18 ans, nommé Edgar Knuf, signale que celui-ci<br />

a été <strong>en</strong>rôlé dans <strong>les</strong> SS le 15 juin 1944 et qu’il a,<br />

<strong>en</strong>tre autres, été instructeur avant d’<strong>en</strong>trer dans le<br />

1 er Bataillon du 22 e Régim<strong>en</strong>t de Panzergr<strong>en</strong>adiere SS<br />

de la 10 e Division SS. Lorsque Knuf a dû se battre<br />

au front contre <strong>les</strong> <strong>Canadi<strong>en</strong>s</strong>, qu’il a vu ses conditions<br />

d’exist<strong>en</strong>ce se détériorer au fil de l’hiver, et sa<br />

compagnie perdre 20 hommes <strong>en</strong> un mois à cause<br />

des obus de mortiers et de la maladie, son moral<br />

a fléchi.

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