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La Libération : les Canadiens en Europe - Chef - Personnel militaire

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du 1 er Corps d’armée canadi<strong>en</strong> <strong>en</strong> Italie, et il est<br />

remplacé par le major général A.B. Matthews. Enfin,<br />

le major général H.W. Foster gagne aussi l’Italie pour<br />

y commander la 1 re Division d’infanterie canadi<strong>en</strong>ne,<br />

et le commandant de cette dernière, le major<br />

général C. Vokes, pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> charge la 4 e blindée.<br />

Durant cette même période, <strong>les</strong> Allemands sont<br />

aussi sur la déf<strong>en</strong>sive, de sorte que <strong>les</strong> unités ne<br />

sont pas nombreuses à se trouver simultaném<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

contact direct avec l’<strong>en</strong>nemi. Un calme relatif permet<br />

aux divisions d’assurer le roulem<strong>en</strong>t des brigades et<br />

de leurs bataillons <strong>en</strong>tre le front et <strong>les</strong> zones de<br />

repos, p<strong>en</strong>dant que <strong>les</strong> régim<strong>en</strong>ts de reconnaissance<br />

combl<strong>en</strong>t <strong>les</strong> brèches le long des secteurs désertés.<br />

Les lignes stationnaires faisant peu de victimes, cette<br />

pause opérationnelle intervi<strong>en</strong>t à un mom<strong>en</strong>t<br />

opportun, car <strong>les</strong> quatre à cinq mois d’opérations<br />

sout<strong>en</strong>ues qui ont suivi la Normandie ont coûté<br />

cher aux <strong>Canadi<strong>en</strong>s</strong>. À la fin de l’automne, le nombre<br />

de tués et de b<strong>les</strong>sés, la plupart des membres issus<br />

des bataillons d’infanterie, est effarant. Au cours des<br />

seu<strong>les</strong> opérations de l’Escaut, <strong>les</strong> pertes se sont élevées<br />

à plus de 6 000 hommes, dont 75 à 80 pour 100<br />

de fantassins. Il s’agit d’un taux de pertes comparable<br />

à celui des pires batail<strong>les</strong> de la Première Guerre<br />

mondiale. On <strong>en</strong>voie du personnel de remplacem<strong>en</strong>t,<br />

mais il n’y <strong>en</strong> a jamais assez, et le mainti<strong>en</strong> de<br />

l’efficacité au combat des bataillons devi<strong>en</strong>t peut-être<br />

le problème le plus épineux des commandants de<br />

tous <strong>les</strong> niveaux.<br />

Ces lourdes pertes ont donné naissance à la « crise<br />

des effectifs » du Canada, ou, plus exactem<strong>en</strong>t, à la<br />

« pénurie de fantassins qualifiés ». Lorsque le Canada<br />

est <strong>en</strong>tré <strong>en</strong> guerre, <strong>en</strong> 1939, il était impossible<br />

de prévoir avec exactitude la forme et l’ampleur<br />

qu’allai<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre <strong>les</strong> <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts <strong>militaire</strong>s du<br />

pays, ou de prédire que, quelques années plus tard,<br />

sur une population d’à peine 11 millions d’âmes,<br />

plus d’un million d’hommes et de femmes porterai<strong>en</strong>t<br />

l’uniforme. Les contributions que la nation accepte<br />

d’apporter à l’effort de guerre augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t peu à peu,<br />

sans qu’on procède à une répartition efficace des<br />

ressources humaines <strong>en</strong>tre <strong>les</strong> armées. <strong>La</strong> concurr<strong>en</strong>ce<br />

ne s’apaise pas lorsque, pour préserver un semblant<br />

d’unité nationale, on constitue deux armées de terre :<br />

une force de volontaires qui peut être appelée<br />

à combattre <strong>en</strong> n’importe quel lieu et une autre<br />

de conscrits servant uniquem<strong>en</strong>t au Canada. Les<br />

planificateurs fauss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core davantage le mécanisme<br />

des affectations, car, prévoyant une guerre mécanisée,<br />

ils recherch<strong>en</strong>t <strong>en</strong> priorité des hommes de métier<br />

pour combler <strong>les</strong> rangs des unités spécialisées et<br />

abandonn<strong>en</strong>t le reste à l’infanterie. Enfin, <strong>les</strong> taux<br />

de pertes, chiffres froidem<strong>en</strong>t calculés dont ils se<br />

serv<strong>en</strong>t pour déterminer le nombre de recrues et<br />

l’instruction nécessaires, repos<strong>en</strong>t sur l’expéri<strong>en</strong>ce<br />

des Britanniques <strong>en</strong> Afrique du Nord. Or, <strong>en</strong><br />

60<br />

s’appuyant sur ces données, <strong>les</strong> planificateurs<br />

sous-estim<strong>en</strong>t lourdem<strong>en</strong>t <strong>les</strong> pertes réel<strong>les</strong> que<br />

connaîtra l’infanterie dans <strong>les</strong> combats qu’elle<br />

mènera <strong>en</strong> Italie et dans le nord-ouest de l’<strong>Europe</strong>.<br />

Les problèmes de r<strong>en</strong>forts ont comm<strong>en</strong>cé<br />

à se faire s<strong>en</strong>tir <strong>en</strong> Italie, <strong>en</strong> décembre 1943, lorsque<br />

la 1 re Division d’infanterie canadi<strong>en</strong>ne a perdu<br />

4 000 hommes, victimes de l’<strong>en</strong>nemi ou de la maladie.<br />

Même avec le personnel de remplacem<strong>en</strong>t, il lui<br />

manquait <strong>en</strong>core 1 000 hommes, la plupart dans <strong>les</strong><br />

pelotons de fantassins. Il ne faut pas perdre de vue<br />

que la pointe combattante d’une division d’infanterie<br />

n’est pas énorme : peut-être 3 000 fantassins sur<br />

son effectif total de 18 000 hommes. Or, même si <strong>les</strong><br />

hommes ne font pas défaut, rares sont ceux qui ont<br />

reçu l’instruction voulue pour répondre aux besoins.<br />

Au cours de l’été 1944, alors que <strong>les</strong> <strong>Canadi<strong>en</strong>s</strong>,<br />

tant <strong>en</strong> Italie qu’<strong>en</strong> Normandie, essui<strong>en</strong>t de lourdes<br />

pertes, la pénurie de fantassins traverse une phase<br />

aiguë. Incapab<strong>les</strong> d’<strong>en</strong>voyer outre-mer des fantassins<br />

qualifiés de l’armée conscrite canadi<strong>en</strong>ne, <strong>les</strong><br />

administrateurs du personnel prospect<strong>en</strong>t <strong>les</strong> unités<br />

séd<strong>en</strong>taires à la recherche de chauffeurs, de<br />

magasiniers, de mécanici<strong>en</strong>s et d’artilleurs antiaéri<strong>en</strong>s,<br />

ou d’anci<strong>en</strong>s fantassins qu’on a employés à des<br />

postes administratifs. On va leur donner un cours<br />

accéléré de survie d’infanterie et <strong>les</strong> incorporer à<br />

des bataillons de la ligne de front. Malheureusem<strong>en</strong>t,<br />

ils ne sont pas assez nombreux et, ainsi que l’appr<strong>en</strong>d<br />

le ministre de la Déf<strong>en</strong>se, le colonel J.L. Ralston,<br />

lorsqu’il visite l’Italie et la Belgique à l’automne 1944,<br />

on se plaint de plus <strong>en</strong> plus de leur formation<br />

insuffisante. Ralston ordonne une <strong>en</strong>quête à cet<br />

égard et doit quitter le gouvernem<strong>en</strong>t lorsque sa<br />

proposition est rejetée.<br />

Il est difficile d’évaluer le bi<strong>en</strong>-fondé des plaintes<br />

relatives à l’instruction des r<strong>en</strong>forts. Les <strong>en</strong>quêteurs<br />

qui, à l’instigation de Ralston, examin<strong>en</strong>t <strong>les</strong> dossiers<br />

des remplaçants conclu<strong>en</strong>t que la plupart d’<strong>en</strong>tre<br />

eux possèd<strong>en</strong>t des qualifications acceptab<strong>les</strong>, mais<br />

que, si bons soi<strong>en</strong>t-ils, <strong>les</strong> commandants combattants<br />

n’<strong>en</strong> seront jamais satisfaits. Cette confiance aveugle<br />

<strong>en</strong>vers la chose écrite contredit étrangem<strong>en</strong>t <strong>les</strong><br />

innombrab<strong>les</strong> témoignages sur l’arrivée, dans une<br />

unité, d’hommes insuffisamm<strong>en</strong>t préparés au combat.<br />

Par exemple, durant <strong>les</strong> opérations de l’Escaut, le<br />

chroniqueur du Black Watch signale que près de la<br />

moitié des 379 hommes des compagnies de ce<br />

régim<strong>en</strong>t ont reçu au plus un mois de formation<br />

d’infanterie et que « la formation antérieure d’un<br />

soldat, c<strong>en</strong>sée selon son dossier avoir duré un mois, est<br />

probablem<strong>en</strong>t moindre. Cette hypothèse est corroborée<br />

par le fait que très peu d’hommes, à leur arrivée,<br />

connaiss<strong>en</strong>t le PIAT {l’arme antichar de l’infanterie}<br />

ou <strong>les</strong> tactiques élém<strong>en</strong>taires de section et de peloton.<br />

Parmi <strong>les</strong> r<strong>en</strong>forts, certains n’ont jamais tiré à la<br />

{mitrailleuse légère} Br<strong>en</strong> ni manié de gr<strong>en</strong>ades. »

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