La Libération : les Canadiens en Europe - Chef - Personnel militaire
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effectifs diminue le moral <strong>en</strong> imposant des obligations<br />
supplém<strong>en</strong>taires à des hommes de moins <strong>en</strong> moins<br />
nombreux. Un officier d’infanterie décrit fort bi<strong>en</strong> la<br />
situation :<br />
Les hommes s’inquièt<strong>en</strong>t de l’arrivée des r<strong>en</strong>forts.<br />
Ils ne voi<strong>en</strong>t pas d’inconvéni<strong>en</strong>t à ce que leur<br />
effectif soit incomplet, à condition de savoir avec<br />
certitude que <strong>les</strong> r<strong>en</strong>forts vi<strong>en</strong>dront dans un<br />
proche av<strong>en</strong>ir, mais ils ne sav<strong>en</strong>t jamais à quel<br />
mom<strong>en</strong>t ceux-ci arriveront. L’effectif d’une<br />
section est souv<strong>en</strong>t réduit, de sorte qu’on ne dispose<br />
pas d’un nombre suffisant de fantassins pour<br />
livrer un assaut... Le manque de r<strong>en</strong>forts est un<br />
sujet de conversation constant chez <strong>les</strong> hommes.<br />
Ils estim<strong>en</strong>t que le risque de tomber sous <strong>les</strong> coups<br />
de l’adversaire est plus élevé parce que l’effectif<br />
de leur peloton est inférieur. Le manque de r<strong>en</strong>forts<br />
nuit indéniablem<strong>en</strong>t au moral.<br />
Cette situation est à l’origine d’un cercle vicieux<br />
qui augm<strong>en</strong>te <strong>les</strong> pertes et mine l’aptitude au combat<br />
d’une unité. Les bataillons francophones sont<br />
particulièrem<strong>en</strong>t vulnérab<strong>les</strong>. Le 1 er septembre, il<br />
manque 276 fantassins au Régim<strong>en</strong>t de Maisonneuve,<br />
et 333 aux Fusiliers Mont-Royal. Un officier du<br />
premier décrit <strong>les</strong> problèmes du régim<strong>en</strong>t sur un<br />
questionnaire :<br />
Dans notre unité, la fatigue était un grave<br />
problème, à cause du manque de repos.<br />
De nombreux soldats de tout premier ordre<br />
s’abs<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t quelques jours sans permission.<br />
À leur retour, ils expliquai<strong>en</strong>t que c’était leur<br />
seule manière de pouvoir pr<strong>en</strong>dre du repos.<br />
Il était plus ou moins impossible pour l’unité<br />
d’<strong>en</strong>voyer à l’arrière le personnel « laissé<br />
hors de la bataille », car, depuis longtemps, <strong>les</strong><br />
compagnies combattai<strong>en</strong>t avec une moy<strong>en</strong>ne<br />
de 40 hommes du rang. Lorsque nous avons<br />
fini par recevoir des r<strong>en</strong>forts, ils étai<strong>en</strong>t<br />
si médiocrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>traînés que certains ne<br />
savai<strong>en</strong>t même pas démonter une mitrailleuse<br />
légère Br<strong>en</strong>. D’autres n’avai<strong>en</strong>t jamais utilisé<br />
un mortier de deux pouces ou un PIAT. D’autres<br />
<strong>en</strong>core, n’avai<strong>en</strong>t même pas été préparés à<br />
être fantassins. 80<br />
Les autorités de l’armée de terre admett<strong>en</strong>t<br />
que le système de r<strong>en</strong>fort comporte de sérieux<br />
points faib<strong>les</strong> et pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des mesures pour<br />
l’améliorer. Il est toutefois difficile de trouver des<br />
instructeurs compét<strong>en</strong>ts, car ceux qui sont le<br />
plus qualifiés pour ce g<strong>en</strong>re de travail sont trop<br />
souv<strong>en</strong>t ceux dont leur bataillon a le plus besoin<br />
au front. Néanmoins, le major général J.H. Roberts,<br />
qui a commandé la 2 e Division durant le raid de<br />
Dieppe et qui est maint<strong>en</strong>ant responsable des unités<br />
de r<strong>en</strong>fort <strong>en</strong> Grande-Bretagne, demande qu’on<br />
mette à sa disposition, pour participer à la préparation<br />
au combat des nouveaux soldats, cinq commandants<br />
de bataillon, dont deux francophones, et 25 officiers,<br />
dont 10 francophones, capab<strong>les</strong> de commander des<br />
compagnies. Il réclame égalem<strong>en</strong>t 200 sous-officiers<br />
aguerris, qui doiv<strong>en</strong>t tous être détachés pour une<br />
période de trois mois et qui pourront être rappelés<br />
si leur prés<strong>en</strong>ce devi<strong>en</strong>t nécessaire aux opérations.<br />
Au début de janvier, 18 officiers et 196 sous-officiers<br />
se r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Grande-Bretagne pour remplir des<br />
fonctions d’instructeurs, et d’autres <strong>les</strong> suivront au<br />
cours des semaines suivantes.<br />
Les divisions <strong>en</strong> campagne font le nécessaire<br />
pour que <strong>les</strong> r<strong>en</strong>forts reçoiv<strong>en</strong>t, aux échelons arrière<br />
des bataillons, une instruction aussi réaliste que<br />
possible. Les mois d’inaction de l’hiver constitu<strong>en</strong>t<br />
un heureux répit permettant de se réapprovisionner,<br />
et il y a au moins un commandant de bataillon pour<br />
exprimer le soulagem<strong>en</strong>t que lui inspire ce long<br />
intervalle <strong>en</strong>tre de coûteuses opérations : « Il m’a<br />
fallu tout l’hiver pour préparer mon bataillon à la<br />
percée sur le Rhin. Si nous avions vraim<strong>en</strong>t dû nous<br />
lancer dans une autre opération aussi pénible<br />
qu’interminable, <strong>les</strong> choses aurai<strong>en</strong>t mal tourné. » 81<br />
* * *<br />
L’interruption des opérations terrestres ne s’ét<strong>en</strong>d<br />
pas aux <strong>Canadi<strong>en</strong>s</strong> qui particip<strong>en</strong>t à l’incessante guerre<br />
aéri<strong>en</strong>ne; il n’y a donc ri<strong>en</strong> de changé pour <strong>les</strong><br />
escadrons de l’Aviation royale du Canada. <strong>La</strong> puissance<br />
aéri<strong>en</strong>ne a connu une croissance géométrique<br />
durant la guerre et <strong>les</strong> <strong>Canadi<strong>en</strong>s</strong> sont des différ<strong>en</strong>tes<br />
missions de la 2 e Force aéri<strong>en</strong>ne tactique, qui<br />
apporte son appui au 21 e Groupe d’armées. <strong>La</strong> 2 e FAT<br />
compr<strong>en</strong>d le 2 e Groupe (bombardiers moy<strong>en</strong>s),<br />
le 85 e Groupe (chasseurs de nuit), le 83 e Groupe<br />
(chasseurs d’appui de la 2 e Armée britannique)<br />
et le 84 e Groupe (chasseurs d’appui de la 1 re Armée<br />
canadi<strong>en</strong>ne).<br />
<strong>La</strong> destruction des voies d’approvisionnem<strong>en</strong>t<br />
allemandes — le bombardem<strong>en</strong>t des ponts et<br />
le mitraillage des voies ferrées et des convois de<br />
véhicu<strong>les</strong>, qui ont pour objet de perturber <strong>les</strong><br />
communications de l’<strong>en</strong>nemi — constitue la principale<br />
tâche des pilotes de l’ARC conc<strong>en</strong>trés dans le<br />
83 e Groupe. Ceux-ci, représ<strong>en</strong>tant <strong>en</strong>viron le quart<br />
des pilotes de chasseurs et de chasseurs-bombardiers<br />
de la 2 e FAT, sont responsab<strong>les</strong> de plus de la moitié<br />
des destructions de voies ferrées et de locomotives.<br />
L’autre tâche importante de ces pilotes consiste à<br />
apporter un appui tactique à l’armée de terre. Les<br />
pilotes de chasseurs de jour ont donc suivi de près<br />
l’avance des forces terrestres, afin que leurs appareils<br />
au rayon d’action réduit demeur<strong>en</strong>t à bonne portée<br />
80 « Battle Experi<strong>en</strong>ce Questionnaire ».<br />
81 Whitaker, D<strong>en</strong>is et Shelagh. Tug of War, Toronto,<br />
Stodclart, 1984, p. 217.<br />
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