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La Libération : les Canadiens en Europe - Chef - Personnel militaire

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On leur expédiait des rations chaudes tous <strong>les</strong> jours<br />

à 18 h, [mais]... el<strong>les</strong> étai<strong>en</strong>t toujours froides et<br />

graisseuses lorsqu’el<strong>les</strong> parv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à l’avant. Ils<br />

étai<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>sés obt<strong>en</strong>ir 6 cigarettes par jour, mais ils<br />

recevai<strong>en</strong>t du tabac sans papier. Selon le prisonnier<br />

{Knuf}, ce tabac était <strong>en</strong> fait du gazon séché.<br />

Ri<strong>en</strong> n’a été fait pour améliorer la qualité de l’eau<br />

potable ou réglem<strong>en</strong>ter son utilisation. C’est<br />

pourquoi, d’après le prisonnier, 50 % de son unité<br />

avait la diarrhée. Il <strong>en</strong> a lui-même souffert quatre<br />

semaines et il était dans un triste état. {Une nuit}<br />

où il était <strong>en</strong> service d’avant-poste, Knuf, <strong>en</strong><br />

regagnant sa position, a trouvé sa tranchée remplie<br />

d’eau. Son pain, son chocolat {le premier qu’il<br />

voyait depuis des mois}, son tabac, tout était perdu.<br />

C’<strong>en</strong> était trop pour lui, alors il a déserté.<br />

Au cours de l’hiver, <strong>les</strong> deux camps augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />

la fréqu<strong>en</strong>ce des patrouil<strong>les</strong>, qui compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des<br />

raids de grande <strong>en</strong>vergure évoquant égalem<strong>en</strong>t <strong>les</strong><br />

combats de tranchées de la Première Guerre mondiale.<br />

Le plus spectaculaire de ces raids est peut-être<br />

l’opération Mickey Finn, l’assaut le plus ambitieux<br />

qu’ait m<strong>en</strong>é la 2 e Division p<strong>en</strong>dant l’hiver. C’est<br />

la compagnie D du Black Watch qui le prépare et<br />

l’exécute avec un appui important assuré par une<br />

batterie d’artillerie du 5 e Régim<strong>en</strong>t de campagne, deux<br />

pelotons de mortiers de 4,2 pouces, une compagnie<br />

de mitrailleuses moy<strong>en</strong>nes du Toronto Scottish et <strong>les</strong><br />

mortiers de trois pouces du Calgary Highlanders et<br />

de son propre régim<strong>en</strong>t. Selon le chroniqueur du<br />

Black Watch on assiste à une planification minutieuse :<br />

Durant la journée, le major E.W. Hudson a<br />

trouvé un bout de terrain, près du secteur de sa<br />

compagnie, qui ressemble de très près à celui où<br />

ses hommes combattront, et il leur a fait répéter<br />

quelques fois « à vide » la progression de l’assaut.<br />

On vérifie minutieusem<strong>en</strong>t le minutage et <strong>les</strong><br />

distances, et tout est prévu dans <strong>les</strong> moindres<br />

détails. On creuse des tranchées sur le terrain de<br />

pratique, <strong>en</strong> leur donnant <strong>les</strong> dim<strong>en</strong>sions qui,<br />

selon le r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de la division, sont cel<strong>les</strong><br />

du type utilisé par l’<strong>en</strong>nemi devant la Reichswald.<br />

L’heure H a été fixée à 20 h le 7 décembre. <strong>La</strong><br />

compagnie doit se déployer ainsi : le 16 e Peloton<br />

sur la droite, le 18 e sur la gauche, et le 17 e au c<strong>en</strong>tre.<br />

Les armes d’appui sont disposées sur <strong>les</strong> flancs et<br />

l’artillerie est prête à tirer dès qu’on le lui demandera.<br />

Avant le début de l’assaut, des mortiers lanc<strong>en</strong>t des<br />

obus fumigènes qui masqueront <strong>les</strong> maisons situées<br />

à gauche de ce qui va dev<strong>en</strong>ir un petit champ de<br />

bataille, p<strong>en</strong>dant que <strong>les</strong> mitrailleuses ouvr<strong>en</strong>t le feu<br />

vers la droite. L’infanterie progresse l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t jusqu’à<br />

moins de 50 mètres de l’<strong>en</strong>nemi, qui est <strong>en</strong> train de<br />

se faire bombarder par l’artillerie. Celle-ci allonge<br />

le tir et comm<strong>en</strong>ce à pilonner, un peu plus loin, une<br />

petite crête qui abrite peut-être des positions<br />

allemandes, ainsi qu’une position de pièce connue<br />

72<br />

sur la droite. Les armes d’appui continu<strong>en</strong>t de<br />

tirer sur <strong>les</strong> maisons à gauche et <strong>les</strong> bois à droite<br />

afin d’isoler la petite garnison allemande. Les<br />

pelotons « s’avanc<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tirant à tout-va, et, tant<br />

que dure le combat, il est rapide et acharné ». Seu<strong>les</strong><br />

une b<strong>les</strong>sure grave ou la capture d’un prisonnier<br />

peuv<strong>en</strong>t autoriser l’un des assaillants à décrocher avant<br />

l’heure prévue, soit 20 h 15. Il s’avère plus difficile<br />

de reculer que d’avancer, car <strong>les</strong> mortiers de l’<strong>en</strong>nemi<br />

ont repéré la zone à travers laquelle <strong>les</strong> <strong>Canadi<strong>en</strong>s</strong><br />

doiv<strong>en</strong>t se replier. <strong>La</strong> compagnie « perd plusieurs<br />

hommes aux premiers stades du tir de mortier, et<br />

le lt T.W. MacK<strong>en</strong>zie est du nombre de ceux qui<br />

ne peuv<strong>en</strong>t être évacués et qui doiv<strong>en</strong>t être portés<br />

disparus ». Dans le cadre de cette sinistre soirée de<br />

travail, la compagnie fait un prisonnier et tue ou<br />

b<strong>les</strong>se peut-être une cinquantaine d’Allemands, tout<br />

<strong>en</strong> perdant neuf de ses propres hommes.<br />

À cette époque, <strong>les</strong> Allemands innov<strong>en</strong>t <strong>en</strong> matière<br />

de tuerie générale lorsque Hitler ordonne que <strong>les</strong><br />

V2 soi<strong>en</strong>t lancés exclusivem<strong>en</strong>t sur Londres et sur<br />

Anvers. Ce type de fusée constitue la deuxième<br />

« arme de représail<strong>les</strong> » de Hitler. Le V1 qui l’a précédé<br />

était une bombe volante d’une tonne propulsée<br />

par un pulsoréacteur. Son successeur, un missile<br />

balistique rudim<strong>en</strong>taire, peut s’élever jusqu’à la<br />

stratosphère, puis plonger vers le sol sans que ri<strong>en</strong> ne<br />

laisse prévoir son arrivée. Le premier V2 explose à<br />

Anvers le 16 octobre, et le premier V1 le 16 décembre;<br />

ils continueront de tomber sur la ville jusqu’<strong>en</strong><br />

mars 1945. En tout, près de 6 000 missi<strong>les</strong> s’abattront<br />

sur la région d’Anvers, faisant près de 11 000 victimes<br />

chez <strong>les</strong> civils et <strong>les</strong> <strong>militaire</strong>s. L’un des pires épisodes<br />

est une attaque de V2 qui détruit le cinéma Rex, sur<br />

la De Keyserlei, tuant 567 personnes, dont 296 soldats<br />

alliés. Selon un médecin canadi<strong>en</strong>, le major J.B.<br />

Hillsman, <strong>les</strong> attaques font d’Anvers « un <strong>en</strong>droit<br />

très déplaisant <strong>en</strong> ce mom<strong>en</strong>t » :<br />

Ces bombes volantes ne sont pas très dangereuses<br />

d’un point de vue statistique, mais leur souffle<br />

terrifiant a tôt fait de vous faire complètem<strong>en</strong>t<br />

oublier l’aspect mathématique de la question.<br />

Toutes <strong>les</strong> f<strong>en</strong>êtres de l’hôpital ont été pulvérisées,<br />

et <strong>les</strong> bombes tomb<strong>en</strong>t sporadiquem<strong>en</strong>t toutes<br />

<strong>les</strong> 10 ou 15 minutes. Il n’y a ri<strong>en</strong> d’autre à faire<br />

qu’à att<strong>en</strong>dre <strong>les</strong> bras croisés, sans jamais<br />

pouvoir se dét<strong>en</strong>dre. <strong>La</strong> situation comm<strong>en</strong>ce<br />

bi<strong>en</strong>tôt à nous porter sur <strong>les</strong> nerfs, et l’hôpital<br />

déménage à St Michelle, aux Pays-Bas. 86<br />

Les infirmières canadi<strong>en</strong>nes qui travaill<strong>en</strong>t dans<br />

<strong>les</strong> hôpitaux <strong>militaire</strong>s d’Anvers, de Gand et d’autres<br />

secteurs visés sont égalem<strong>en</strong>t aux premières loges<br />

pour assister à la destruction aveugle semée par ces<br />

armes diaboliques.<br />

86 Hillsman, J.B. Elev<strong>en</strong> M<strong>en</strong> and a Scalpel, Winnipeg,<br />

Columbia Press, 1948, 114 seq.

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