La Libération : les Canadiens en Europe - Chef - Personnel militaire
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auparavant. Un réservoir largable t<strong>en</strong>ant lieu de<br />
chauffe-eau alim<strong>en</strong>te, grâce à un tuyau <strong>en</strong> caoutchouc<br />
et à une pompe à étrier, une douche tout à fait<br />
passable. Des bouts de bois et de tuyau, une plaque<br />
<strong>en</strong> acier servant au revêtem<strong>en</strong>t des pistes d’atterrissage<br />
et des bandes découpées dans des chambres à air<br />
form<strong>en</strong>t un lit. Citons, sur le chapitre de l’ingéniosité,<br />
le témoignage d’un officier histori<strong>en</strong> de l’ARC, le<br />
lieut<strong>en</strong>ant d’aviation Carl Reinke :<br />
Les rampants font preuve d’une ingéniosité<br />
surpr<strong>en</strong>ante lorsqu’il s’agit de fabriquer quelque<br />
chose à partir de pièces d’équipem<strong>en</strong>t allemand<br />
abandonné et partiellem<strong>en</strong>t détruit. Ils font<br />
fonctionner tout ce qui a pu être prévu à cette<br />
fin, tels des tracteurs, des locomotives diesel<br />
qu’ils ont trouvées sur un decauville ou des<br />
rouleaux compresseurs. Ils construis<strong>en</strong>t des groupes<br />
électrogènes avec des pièces de génératrices<br />
d’avion allemandes, de motocyclettes, et ainsi<br />
de suite. Ils install<strong>en</strong>t un réseau téléphonique<br />
<strong>en</strong>tre <strong>les</strong> t<strong>en</strong>tes grâce à de l’équipem<strong>en</strong>t prov<strong>en</strong>ant<br />
des abris <strong>en</strong>terrés des Boches. À partir de vieux<br />
moteurs d’automobile, de châssis de camionsciternes<br />
et de pompes boches, ils construis<strong>en</strong>t<br />
des pompes pour transférer l’huile des fûts (dans<br />
<strong>les</strong>quels elle arrive) aux camions-citernes <strong>en</strong><br />
lui faisant traverser au passage un filtre à pression,<br />
et substitu<strong>en</strong>t le tout aux pompes à petite capacité<br />
fournies avec <strong>les</strong> camions-citernes. Ils construis<strong>en</strong>t<br />
leurs propres remorques <strong>en</strong> fixant <strong>les</strong> roues<br />
d’un véhicule allemand sur l’une de ces armoires<br />
allemandes qu’on trouve partout. 85<br />
Durant l’hiver, <strong>les</strong> soldats ont des permissions qui<br />
leur donn<strong>en</strong>t l’occasion de voir autre chose de<br />
l’<strong>Europe</strong> que leurs tranchées simp<strong>les</strong> et des immeub<strong>les</strong><br />
bombardés. Certains d’<strong>en</strong>tre eux, qui se sont portés<br />
volontaires dès <strong>les</strong> premiers jours de la guerre, ont<br />
la chance de retourner passer un peu de temps au<br />
Canada, mais ils ne sont qu’une poignée. En règle<br />
générale, un voyage effectué dans la journée ou une<br />
permission dont la durée peut atteindre une semaine<br />
permett<strong>en</strong>t aux officiers et aux soldats de gagner<br />
Paris, Bruxel<strong>les</strong> et d’autres vil<strong>les</strong>. À plusieurs <strong>en</strong>droits,<br />
on crée des c<strong>en</strong>tres de permissionnaires où ceux-ci<br />
sont logés à des prix abordab<strong>les</strong>, et ils peuv<strong>en</strong>t se<br />
nourrir gratuitem<strong>en</strong>t dans des restaurants t<strong>en</strong>us par<br />
l’armée ou payer le prix courant dans des restaurants<br />
civils. L’aviation <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t même une station de ski<br />
dans <strong>les</strong> Alpes. Reinke découvre que, « à Paris, tout<br />
le monde — même chez <strong>les</strong> Américains — admet<br />
que <strong>les</strong> conditions dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> soldats canadi<strong>en</strong>s<br />
pass<strong>en</strong>t leurs permissions sont de la plus haute<br />
qualité... ils se prélass<strong>en</strong>t dans le luxe fastueux du<br />
palais d’Orsay, sur la rive gauche de la Seine, où<br />
tout n’est que dorures, velours pourpre, satin et lustres<br />
de cristal ». David Marshall <strong>en</strong> convi<strong>en</strong>t « Notre<br />
chambre était la plus grande chambre d’hôtel que<br />
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j’aie jamais vue. Elle était luxueuse. Deux grands lits,<br />
une salle de bain pourvue d’une baignoire avec eau<br />
chaude et froide, et un drôle d’appareil sanitaire qui<br />
émettait un jet d’eau vertical. »<br />
Bruxel<strong>les</strong> est plus proche, et <strong>les</strong> services<br />
auxiliaires — dirigés par l’Armée du Salut, la Canadian<br />
Legion, le YMCA et <strong>les</strong> Chevaliers de Colomb — y<br />
ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t plusieurs hôtels et cantines. En outre, des<br />
officiers culturels organis<strong>en</strong>t des visites de la ville.<br />
À l’occasion de l’une de ces visites, un membre du<br />
personnel r<strong>en</strong>contre un petit groupe de soldats, leur<br />
donne un guide de la ville et <strong>les</strong> amène nager à la<br />
« piscine bleue », où « <strong>les</strong> serviettes, le savon et <strong>les</strong><br />
maillots de bain sont fournis gratuitem<strong>en</strong>t, où l’on<br />
offre des services de nettoyage et de couture, et où il<br />
est possible de se procurer des cigarettes canadi<strong>en</strong>nes<br />
et des tablettes de chocolat à la cantine ». Reinke<br />
développe le sujet :<br />
<strong>La</strong> piscine bleue constitue un aspect exceptionnel<br />
des commodités offertes aux permissionnaires<br />
canadi<strong>en</strong>s. Il s’agit ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t d’un bassin<br />
aux dim<strong>en</strong>sions admirab<strong>les</strong>, contigu à un<br />
casse-croûte où l’on peut, tout comme chez soi,<br />
obt<strong>en</strong>ir un « Coke » introuvable ailleurs. En outre,<br />
un homme de l’armée de terre ou de l’aviation<br />
qui vi<strong>en</strong>t d’arriver du front ou du camp, sale et<br />
débraillé, peut s’y faire remettre complètem<strong>en</strong>t à<br />
neuf sans avoir à fournir un bi<strong>en</strong> gros effort. En<br />
<strong>en</strong>trant, il passe par une chaîne semblable à celle<br />
de la distribution d’effets d’habillem<strong>en</strong>t dans un<br />
dépôt d’équipem<strong>en</strong>t. Il r<strong>en</strong>d son uniforme sale et<br />
fripé pour qu’on le lave et le repasse p<strong>en</strong>dant qu’il<br />
ira nager. Il r<strong>en</strong>d égalem<strong>en</strong>t sa chemise, ses<br />
chaussettes et ses sous-vêtem<strong>en</strong>ts sa<strong>les</strong>, et reçoit<br />
<strong>en</strong> retour des vêtem<strong>en</strong>ts propres tirés d’un stock<br />
toujours bi<strong>en</strong> garni. Il y a aussi deux coiffeurs<br />
sur place. En somme, notre homme peut <strong>en</strong>trer<br />
avec l’allure d’un clochard et ressortir prêt pour<br />
la revue.<br />
Après avoir quitté la piscine, <strong>les</strong> soldats se r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />
à la Grand-Place pour une brève visite de la vieille<br />
basse ville, suivie d’un déjeuner au Maple Leaf Club<br />
(moy<strong>en</strong>nant 20 à 25 francs, soit l’équival<strong>en</strong>t d’un<br />
dollar) et, <strong>en</strong>fin, d’une balade de deux heures <strong>en</strong><br />
tramway à travers la ville, où <strong>les</strong> cafés sont<br />
innombrab<strong>les</strong> et la vie nocturne très variée. Ils<br />
peuv<strong>en</strong>t aussi se r<strong>en</strong>dre à Waterloo, non loin<br />
de là, et, durant <strong>les</strong> deux dernières semaines de<br />
novembre, de nombreux soldats assist<strong>en</strong>t à une<br />
exposition de tableaux organisée par <strong>les</strong> artistes<br />
<strong>militaire</strong>s canadi<strong>en</strong>s au palais des Beaux-Arts, où<br />
ils peuv<strong>en</strong>t admirer des œuvres d’Orville Fisher,<br />
de George Pepper et de Will Ogilvie.<br />
Au front, la vie des unités est généralem<strong>en</strong>t<br />
monotone et routinière. Les deux camps se<br />
85 DSH, « Fighter Wings on the Contin<strong>en</strong>t ».