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La Libération : les Canadiens en Europe - Chef - Personnel militaire

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priorité. Au lieu de continuer à épuiser ses ressources<br />

limitées <strong>en</strong> <strong>les</strong> <strong>en</strong>voyant vers Arnhem, à l’est, il <strong>les</strong><br />

redéploie à l’ouest afin de r<strong>en</strong>forcer la 2 e Division,<br />

qui lutte pour ouvrir Beveland. <strong>La</strong> 4 e Division blindée,<br />

placée sous le commandem<strong>en</strong>t des Britanniques,<br />

reçoit l’ordre de protéger le flanc droit des <strong>Canadi<strong>en</strong>s</strong><br />

et, avec la 1 re Division polonaise, la 49 e britannique et<br />

la 104 e américaine, <strong>en</strong>tame une off<strong>en</strong>sive concertée<br />

vers Berg<strong>en</strong> op Zoom et Breda pour repousser <strong>les</strong><br />

Allemands au nord de la Meuse.<br />

Son flanc droit protégé, la 6 e Brigade, avec<br />

l’appui des chars du Fort Garry, nettoie l’étroite<br />

presqu’île jusqu’au canal qui la coupe <strong>en</strong> deux,<br />

à 22 kilomètres du contin<strong>en</strong>t. Au bout de quatre autres<br />

jours de combats acharnés, <strong>les</strong> 4 e et 5 e Brigades<br />

atteign<strong>en</strong>t la chaussée longue d’un kilomètre et large<br />

de 40 mètres qui supporte une route, une voie ferrée<br />

et une piste cyclable m<strong>en</strong>ant à Walcher<strong>en</strong>. Un peu<br />

plus loin qu’<strong>en</strong> son milieu, <strong>les</strong> Allemands ont fait<br />

sauter la route pour créer un fossé, qui s’est rempli<br />

d’eau. Ils ont préparé le plan de feu de leur artillerie<br />

et de leurs mortiers et disposé des chars et des canons<br />

antichars de manière à pouvoir pr<strong>en</strong>dre la chaussée<br />

<strong>en</strong> <strong>en</strong>filade. Une telle situation pose un formidable<br />

problème tactique, et <strong>les</strong> pressions constantes exercées<br />

sur <strong>les</strong> bataillons avancés pour qu’ils détourn<strong>en</strong>t<br />

l’att<strong>en</strong>tion des Allemands de l’assaut amphibie contre<br />

Walcher<strong>en</strong>, prévu pour le 1 er novembre, ne facilit<strong>en</strong>t<br />

pas <strong>les</strong> choses. Il n’est pas surpr<strong>en</strong>ant que le Black<br />

Watch, le premier à t<strong>en</strong>ter le coup, soit cloué au<br />

sol à l’<strong>en</strong>trée de la chaussée, où il s’installe dans des<br />

tranchées. Lorsque le Calgary t<strong>en</strong>te à son tour de<br />

traverser le soir du même jour, soit le 31 octobre, il<br />

découvre que <strong>les</strong> Allemands se sont avancés sur<br />

la chaussée pour éviter le barrage nourri d’artillerie<br />

qu’ils sav<strong>en</strong>t devoir précéder la prochaine attaque,<br />

et ce régim<strong>en</strong>t se fait lui aussi clouer au sol. Le<br />

l<strong>en</strong>demain matin, des élém<strong>en</strong>ts de deux compagnies<br />

atteign<strong>en</strong>t l’autre extrémité de la chaussée, avant<br />

d’être repoussés par une contre-attaque jusqu’à<br />

l’<strong>en</strong>tonnoir creusé dans la route.<br />

Le soir du 1 er novembre, le Maisonneuve reçoit<br />

l’ordre de franchir la chaussée avant l’aube derrière<br />

un barrage, avec la Compagnie D <strong>en</strong> tête. Environ<br />

une heure après s’être emparé de ses objectifs,<br />

le bataillon doit être relevé par une unité britannique.<br />

Dans la Compagnie D, <strong>les</strong> 16 e et 17 e Pelotons<br />

possèd<strong>en</strong>t chacun une douzaine d’hommes, et le<br />

18 e <strong>en</strong> a 11; la plupart sont canadi<strong>en</strong>s, mais on y<br />

trouve aussi quelques Belges. Le lieut<strong>en</strong>ant Char<strong>les</strong><br />

Forbes écrira dans ses mémoires qu’il pleuvait,<br />

et qu’il faisait si froid que ses hommes devai<strong>en</strong>t<br />

constamm<strong>en</strong>t actionner la culasse de leurs fusils<br />

pour <strong>les</strong> empêcher de geler. Son 16 e Peloton a pour<br />

objectif le côté droit de la digue, à l’autre extrémité<br />

de la chaussée. Forbes se met donc <strong>en</strong> route vers<br />

l’<strong>en</strong>tonnoir, <strong>en</strong> ordonnant à ses mitrailleurs, <strong>les</strong><br />

frères Ars<strong>en</strong>ault, de tirer sur tout ce qui bouge<br />

dès qu’ils auront atteint celui-ci. Les 72 pièces<br />

d’appui de l’assaut ouvr<strong>en</strong>t le feu sur un objectif<br />

de 20 mètres de large. « Tout est rouge de feu<br />

devant nous. Le causeway s’allonge comme une<br />

énorme poutre d’acier que l’on <strong>en</strong>fonce dans<br />

un haut fourneau. » Le bruit est assourdissant :<br />

<strong>La</strong> gueule ouverte pour atténuer la douleur<br />

que <strong>les</strong> explosions causai<strong>en</strong>t à nos oreil<strong>les</strong>, nous<br />

approchions du barrage. Nous ral<strong>en</strong>tissons.<br />

L’incroyable est devant nous. Je reconnais <strong>les</strong><br />

casques de fer. Ce sont <strong>les</strong> nôtres. Je vois sortir<br />

de la fournaise, <strong>en</strong> avant de moi, des soldats<br />

qui cour<strong>en</strong>t vers nous, silhouettes sur le<br />

rideau de flammes et de fumée d’obus qui<br />

explos<strong>en</strong>t. Ce sont <strong>les</strong> Calgary’s qui se repli<strong>en</strong>t.<br />

Le barrage tombe sur eux. <strong>La</strong> tête me chavire.<br />

Fidè<strong>les</strong> aux ordres, <strong>les</strong> Ars<strong>en</strong>ault et <strong>les</strong> autres<br />

ouvr<strong>en</strong>t le feu et tir<strong>en</strong>t sur eux <strong>en</strong> <strong>en</strong>filade.<br />

Je <strong>les</strong> vois tomber, fauchés par leurs camarades.<br />

J’arrête mes mitrailleuses et regarde passer<br />

<strong>les</strong> soldats du Calgary’s qui sort<strong>en</strong>t du barrage,<br />

dont une partie éclate sur leurs positions...<br />

Et nous arrivons dans l’énorme cratère du c<strong>en</strong>tre<br />

où <strong>les</strong> Calgary’s avai<strong>en</strong>t leur position. Et<br />

là, je compr<strong>en</strong>ds la terrible méprise. Obéissant<br />

intégralem<strong>en</strong>t à mes ordres, mes hommes<br />

avai<strong>en</strong>t ouvert le feu une fois passé le cratère.<br />

Aucun d’<strong>en</strong>tre nous ne savait qu’il y <strong>en</strong><br />

avait deux.<br />

Forbes et ses quelques hommes ont beaucoup de<br />

mal à traverser l’eau inondant l’<strong>en</strong>tonnoir, qui leur<br />

arrive à la poitrine, et à ressortir de l’autre côté.<br />

Alors qu’il leur reste <strong>en</strong>core 500 mètres à franchir,<br />

<strong>les</strong> Allemands ouvr<strong>en</strong>t le feu avec leurs propres<br />

mortiers, qui <strong>les</strong> <strong>en</strong>ferm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre deux bandes de<br />

feu : « Je n’ai plus de mots pour décrire cet <strong>en</strong>fer. »<br />

Par miracle, <strong>les</strong> derniers vestiges de la compagnie<br />

atteign<strong>en</strong>t la digue à l’autre extrémité : le 16 e Peloton<br />

du côté gauche de la route, et le 18 e à droite.<br />

Forbes n’a plus que cinq hommes et, <strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce<br />

de communications, ils att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t : « Et le temps<br />

passe. De nouveau, nous vivons dans le sil<strong>en</strong>ce. Ce<br />

sil<strong>en</strong>ce qui fait place à l’imagination, à l’anxiété,<br />

à l’espoir... Pas une cigarette, pas une allumette. Et<br />

la faim... le v<strong>en</strong>tre qui fait mal. Nous n’avons ri<strong>en</strong><br />

apporté à manger, puisque nous devions être relevés<br />

à 6 heures. »<br />

Une heure plus tard, ils captur<strong>en</strong>t une compagnie<br />

d’Allemands qui t<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t de se replier. Au bout de<br />

quatre autres heures, un char s’approche sur la<br />

digue, mais l’apparition d’un Typhoon le met <strong>en</strong><br />

fuite. Parce que <strong>les</strong> Allemands sav<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant<br />

où ils sont, <strong>les</strong> hommes doiv<strong>en</strong>t s’éloigner dans<br />

l’eau, mais la marée desc<strong>en</strong>dante comm<strong>en</strong>ce à<br />

<strong>les</strong> exposer. Un messager qui a réussi à passer leur<br />

dit de se replier.<br />

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