La Libération : les Canadiens en Europe - Chef - Personnel militaire
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l’égard d’un tel geste dans une lettre adressée à une<br />
unité du génie des <strong>en</strong>virons :<br />
À titre de bourgmestre de la ville de Mol, j’ai le<br />
privilège de vous exprimer mes remerciem<strong>en</strong>ts<br />
pour la fête de Noël que vous offrez à ces pauvres<br />
<strong>en</strong>fants, dont <strong>les</strong> pères, ainsi que vous le savez,<br />
ne seront pas <strong>en</strong> mesure, à cause des malheurs<br />
de la guerre, de se trouver près de ceux qui leur<br />
sont chers <strong>en</strong> cette saison de Noël.<br />
Votre geste généreux nous touche d’autant plus<br />
profondém<strong>en</strong>t que vos hommes ont dû, pour<br />
le r<strong>en</strong>dre possible, économiser sur leurs propres<br />
rations. Par ailleurs, nous savons que ce Noël<br />
passé parmi nos <strong>en</strong>fants vous ramènera <strong>en</strong> p<strong>en</strong>sée<br />
près de ceux qui vous sont si chers, de l’autre<br />
côté de l’océan, et que vous avez quittés afin de<br />
combattre pour la liberté de notre petite nation<br />
éprise de paix. Pourtant, un jour, lorsque la paix<br />
régnera de nouveau dans le monde et que vous<br />
pourrez recomm<strong>en</strong>cer à passer Noël chez vous,<br />
au sein de votre famille, nous aimerions que<br />
vous songiez à ces pauvres petits, qui parleront<br />
à leurs par<strong>en</strong>ts de la belle fête que vous leur<br />
avez offerte à la Noël de 1944.<br />
Pour <strong>les</strong> soldats, dont certains sont <strong>en</strong> train de<br />
passer leur cinquième ou leur sixième Noël loin<br />
de chez eux, cette période de réjouissances se mêle<br />
d’une certaine amertume. Le soldat Bradley, qui, <strong>en</strong><br />
règle générale, ne parle pas à sa mère des mauvais<br />
mom<strong>en</strong>ts, se fait peut-être le porte-parole de<br />
nombreux autres lorsqu’il écrit ceci :<br />
Eh bi<strong>en</strong>, voilà : Noël est fini, bi<strong>en</strong> fini, et je<br />
ne m’<strong>en</strong> porte pas plus mal. Je ne peux pas me<br />
plaindre de la façon dont nous l’avons fêté,<br />
même si nous étions au front, mais ce n’est pas<br />
la même chose lorsqu’on est loin de chez soi :<br />
c’était le troisième, et j’espère fichtrem<strong>en</strong>t qu’il<br />
n’y <strong>en</strong> aura pas de quatrième. Nous avons eu<br />
beaucoup de chance d’occuper de bonnes positions.<br />
Je trouve ça difficile à croire moi-même, lorsque<br />
je songe à certains trous de boue où nous avons<br />
dû demeurer dans ce coin de la Hollande.<br />
L’<strong>en</strong>droit où nous nous trouvons maint<strong>en</strong>ant<br />
pourrait être classé parmi <strong>les</strong> châteaux, et la<br />
lumière, le gaz, et la chaudière qui chauffe toute<br />
la maison juste comme il faut, sont parfaits. À<br />
Noël, nous avons consommé notre rhum <strong>militaire</strong>,<br />
que nous avions réservé pour la circonstance :<br />
bon Dieu, que c’est raide, ce truc-là. Le 25, il y<br />
a eu un spectacle, puis nous avons mangé de<br />
la dinde; tu l’aurais beaucoup aimée. Somme<br />
toute, ç’a été une très belle fête, sauf quelques<br />
poussées de mal du pays, <strong>en</strong>tre autres chez ton<br />
fils bi<strong>en</strong>-aimé. Le rhum n’a pas aidé. J’espère<br />
que tu t’es bi<strong>en</strong> amusée; j’imagine que toute<br />
la famille était là. J’espère aussi que tu as<br />
reçu toutes mes cartes à temps. Je <strong>les</strong> ai <strong>en</strong>voyées<br />
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dès que je <strong>les</strong> ai eues, mais je ne peux pas<br />
savoir avec certitude si el<strong>les</strong> te sont parv<strong>en</strong>ues<br />
assez tôt.<br />
Sur le plan opérationnel, le Nouvel An s’avère<br />
bi<strong>en</strong> plus occupé que Noël. Dans un suprême<br />
coup de dés, l’aviation allemande, ayant réussi à<br />
constituer une force de quelques milliers de chasseurs<br />
dont la plupart sont pilotés par des novices frais<br />
émoulus des c<strong>en</strong>tres d’instruction, décolle à l’aube<br />
du 1 er janvier 1945 pour attaquer 11 grands aérodromes<br />
alliés. Ceux-ci constitu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> effet d’excell<strong>en</strong>ts<br />
objectifs. Des conditions météorologiques atroces et<br />
des difficultés de transport ont obligé <strong>les</strong> aviateurs<br />
britanniques, canadi<strong>en</strong>s et américains à conc<strong>en</strong>trer<br />
leurs ressources sur des bases pourvues de pistes<br />
perman<strong>en</strong>tes que <strong>les</strong> Allemands ont eux-mêmes<br />
utilisées avant d’<strong>en</strong> être délogés. Trois d’<strong>en</strong>tre<br />
el<strong>les</strong> — Eindhov<strong>en</strong>, Heesch et Evere — abrit<strong>en</strong>t<br />
des escadres de l’ARC.<br />
Deux de ces escadres, <strong>les</strong> 39 e et 143 e , sont basées<br />
à Eindhov<strong>en</strong>, où <strong>les</strong> pilotes canadi<strong>en</strong>s de Spitfire<br />
et de Typhoon subiss<strong>en</strong>t, pour la première — et la<br />
dernière — fois de la guerre, des attaques massives<br />
et déterminées à la mitrailleuse. Huit Typhoon du<br />
438 e Escadron et un nombre égal du 440 e étai<strong>en</strong>t<br />
alors alignés sur la piste, prêts à décoller. Parmi<br />
ceux qui réussiss<strong>en</strong>t à pr<strong>en</strong>dre l’air, deux sont abattus<br />
par l’essaim de chasseurs allemands; <strong>les</strong> 14 autres<br />
se font mettre <strong>en</strong> pièces au sol. Ayant détruit tous<br />
<strong>les</strong> avions qui se trouv<strong>en</strong>t sur la piste, <strong>les</strong> attaquants<br />
décriv<strong>en</strong>t des cerc<strong>les</strong> au-dessus d’Eindhov<strong>en</strong>, qu’ils<br />
mitraill<strong>en</strong>t durant plus de 20 minutes. Le plus gros de<br />
la résistance est le fait de trois escadrons d’artilleurs<br />
antiaéri<strong>en</strong>s du Régim<strong>en</strong>t de l’ARC.<br />
Ceux-ci ne sont toutefois pas seuls à riposter. Par<br />
exemple, le serg<strong>en</strong>t W.L. <strong>La</strong>rge, du 438 e Escadron,<br />
racontera l’incid<strong>en</strong>t suivant :<br />
Je me trouvais près de la zone d’alerte, où<br />
j’att<strong>en</strong>dais de voir l’escadron décoller, lorsque<br />
j’ai aperçu un certain nombre d’appareils<br />
<strong>en</strong>nemis qui se lançai<strong>en</strong>t à l’attaque du terrain.<br />
J’ai d’abord p<strong>en</strong>sé qu’il s’agissait d’un raid<br />
éclair, mais, après que la deuxième et la troisième<br />
vagues eur<strong>en</strong>t survolé l’aérodrome, j’ai vu <strong>les</strong><br />
appareils décrire un cercle autour de celui-ci et<br />
poursuivre leurs attaques avec le soleil dans<br />
le dos. J’ai donc conclu qu’ils n’étai<strong>en</strong>t pas là<br />
pour plaisanter et je me suis hâté de retourner<br />
à la zone d’alerte où étai<strong>en</strong>t conservées nos<br />
mitrailleuses Br<strong>en</strong>. Là, je suis tombé sur le<br />
serg<strong>en</strong>t de section McGee, et nous avons décidé<br />
de t<strong>en</strong>ter notre chance contre <strong>les</strong> appareils qui<br />
survolerai<strong>en</strong>t la zone d’alerte. Nous avons pris<br />
chacun une Br<strong>en</strong> et deux boîtes de chargeurs<br />
et nous sommes demeurés devant la porte de<br />
l’abri à att<strong>en</strong>dre qu’un Boche passe à notre<br />
portée... Un appareil v<strong>en</strong>ant du sud s’est écarté