La Libération : les Canadiens en Europe - Chef - Personnel militaire
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de compagnie sont tués ou b<strong>les</strong>sés, et que <strong>les</strong><br />
communications sont interrompues, le contrôle de<br />
la bataille tourne à la confusion.<br />
Le combat de la forêt de la Londe offre un<br />
exemple classique de la facilité avec laquelle on peut<br />
tomber dans un piège, et de la difficulté de s’<strong>en</strong><br />
sortir lorsque <strong>les</strong> choses vont mal. Rétrospectivem<strong>en</strong>t,<br />
il est difficile de compr<strong>en</strong>dre pourquoi <strong>les</strong><br />
commandants supérieurs ne se sont pas cont<strong>en</strong>tés<br />
de cont<strong>en</strong>ir l’<strong>en</strong>nemi dans la boucle de la forêt —<br />
<strong>les</strong> Allemands n’étai<strong>en</strong>t guère intéressés à <strong>en</strong> sortir<br />
dans la direction des <strong>Canadi<strong>en</strong>s</strong> — et de faire franchir<br />
la Seine à la 2 e Division à Elbeuf et à Pont-de-l’Arche.<br />
Un optimisme excessif ainsi que des comptes r<strong>en</strong>dus<br />
du r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t contradictoires sur l’effectif et <strong>les</strong><br />
int<strong>en</strong>tions des Allemands ont joué un rôle dans cette<br />
affaire; l’inaptitude des commandants à repr<strong>en</strong>dre<br />
le contrôle et leur hésitation à modifier un plan<br />
inadéquat ont aggravé la situation. Au lieu de réagir<br />
avec soup<strong>les</strong>se à l’évolution des circonstances, la<br />
2 e Division s’est <strong>en</strong>foncée dans une forêt que <strong>les</strong><br />
Allemands, contre toute att<strong>en</strong>te, n’ont pas l’int<strong>en</strong>tion<br />
immédiate de quitter. Il s’agit de leur dernière position<br />
au sud de la Seine, et elle protège <strong>les</strong> derniers<br />
bacs qui continu<strong>en</strong>t à transporter <strong>les</strong> hommes et<br />
l’équipem<strong>en</strong>t vers la sécurité. Apparemm<strong>en</strong>t, on<br />
a songé, après l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t initial, à contourner la<br />
position et à faire traverser la 2 e Division aux points<br />
de franchissem<strong>en</strong>t de la 3 e , que personne ne lui<br />
dispute, mais, pour des raisons demeurées inconnues,<br />
<strong>les</strong> généraux Simonds et Foulkes décid<strong>en</strong>t de<br />
persévérer. Durant trois jours successifs — <strong>les</strong> 27, 28<br />
et 29 — on lance l’un après l’autre des bataillons<br />
aux effectifs incomplets contre de puissantes positions<br />
déf<strong>en</strong>sives allemandes qu’ils sont incapab<strong>les</strong> d’écraser,<br />
de tourner ou d’éviter.<br />
Lorsque la division se replie, plus aucune des<br />
compagnies du Royal Regim<strong>en</strong>t ne dispose d’un<br />
effectif supérieur à un peloton, et on cherche à<br />
savoir s’il faut conserver quatre compagnies cadres<br />
ou regrouper <strong>les</strong> survivants dans une ou deux<br />
compagnies aux effectifs réduits. Le chroniqueur du<br />
South Saskatchewan racontera à la fin qu’el<strong>les</strong> ont<br />
« reconstitué quatre compagnies : trois hommes dans<br />
la Compagnie A, 21 dans la Compagnie B, neuf<br />
dans la Compagnie C, et 12 dans la Compagnie D » 11 .<br />
En quatre jours, la division a perdu au total<br />
791 hommes, sans ri<strong>en</strong> gagner <strong>en</strong> échange. Le 29,<br />
<strong>les</strong> Allemands comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à se replier sur leur<br />
dernier point de franchissem<strong>en</strong>t, où ils travers<strong>en</strong>t<br />
le fleuve et se mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> marche vers le nord,<br />
p<strong>en</strong>dant que <strong>les</strong> patrouil<strong>les</strong> de la 3 e Division pénètr<strong>en</strong>t<br />
dans Rou<strong>en</strong>.<br />
Il n’y a ri<strong>en</strong> de vraim<strong>en</strong>t agréable à raconter sur<br />
la débâcle de la forêt de la Londe. Les soldats-poètes<br />
sav<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t, mieux que la plupart de leurs<br />
contemporains, résumer des vérités irrévér<strong>en</strong>cieuses,<br />
et ce sont de tels combats qui ont inspiré des<br />
chansonnettes comme celle-ci :<br />
Let’s throw in another battalion,<br />
They cried with glee,<br />
Let’s throw in another battalion<br />
Or maybe we’ll throw two or three.<br />
We’ve got the m<strong>en</strong>, and we’ve got the time,<br />
Another battalion won’t cost a dime.<br />
So throw in another battalion<br />
Or maybe the old L.A.D.<br />
(Envoyons un autre bataillon,<br />
Ont-ils crié avec allégresse.<br />
Envoyons un autre bataillon,<br />
Ou peut-être même deux ou trois.<br />
On a <strong>les</strong> hommes, on a le temps;<br />
Un autre bataillon ne coûtera pas dix c<strong>en</strong>ts.<br />
Alors <strong>en</strong>voyez un autre bataillon,<br />
Ou peut-être même l’équipe de dépannage.)<br />
* * *<br />
Le dernier jour d’août, après une brève pause au<br />
bord de la Seine à att<strong>en</strong>dre que <strong>les</strong> 3 e et 4 e Divisions<br />
maîtris<strong>en</strong>t la tête de pont, la poursuite repr<strong>en</strong>d. Le<br />
général Crerar confie au 1 er Corps d’armée britannique<br />
la tâche d’isoler la presqu’île du Havre et d’ouvrir le<br />
port de cette ville, p<strong>en</strong>dant que le 2 e Corps d’armée<br />
canadi<strong>en</strong> nettoiera le littoral de la Manche jusqu’aux<br />
Pays-Bas. <strong>La</strong> 2 e Division s’avance sur la gauche vers<br />
Dieppe, la 3 e au c<strong>en</strong>tre vers Le Tréport et Boulogne,<br />
et la 4 e Division blindée sur la droite vers la ville de<br />
Buchy, où elle doit se reposer et réparer son matériel,<br />
p<strong>en</strong>dant que la 1 re Division blindée polonaise pr<strong>en</strong>dra<br />
la tête. Lorsque <strong>les</strong> unités se mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> marche,<br />
chacun estime, avec optimisme, que <strong>les</strong> Allemands<br />
sont condamnés. Avançant avec son bataillon, le<br />
soldat Bradley écrit à sa mère :<br />
À voir la tournure que pr<strong>en</strong>d la guerre ces jours-ci,<br />
on comm<strong>en</strong>ce à p<strong>en</strong>ser au retour et on songe déjà<br />
à se fixer; ...ma foi, j’ai fait ma part... Je ne sais<br />
pas si vous avez vu <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> primes pour <strong>les</strong><br />
soldats qui r<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t au pays, mais je p<strong>en</strong>se qu’el<strong>les</strong><br />
sont plutôt bonnes. J’estime que, lorsqu’on m’aura<br />
libéré, j’aurai au moins dans <strong>les</strong> 1 000 $, <strong>en</strong> plus<br />
de ce qui figure sur mon livret de solde, soit 107 $<br />
pour le mom<strong>en</strong>t. Cela dit, même lorsque la guerre<br />
sera terminée, nous serons <strong>en</strong>core ici pour un bout<br />
de temps. Si je reste <strong>en</strong>core un an, ça me fera<br />
450 $, et je n’aurai pas besoin d’y toucher jusqu’à<br />
mon départ. J’ignore ce que je ferai <strong>en</strong> r<strong>en</strong>trant,<br />
mais je n’ai pas l’int<strong>en</strong>tion de perdre de temps;<br />
je crois que je vais tout de suite me trouver du<br />
11 Les journaux de guerre des unités et <strong>les</strong> journaux personnels<br />
cités dans le texte apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à la série RG 24 des<br />
Archives nationa<strong>les</strong> du Canada.<br />
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