Tot despre modelul grec în cultura română: parabole ... - Caiete Critice

Phillipe Quinault, par exemple, ni reconnaître
le nom de Sangaride de l’opéra Atys
(1676), et encore moins être familiarisé avec
les endroits auxquels Rousseau faisait
référence dans son texte. Mais, quoique
cette version roumaine prouve plutôt que le
traducteur, lui, savait bien de quoi il était
question, et qu’il donnait en roumain une
solution simplifiée, mais point incorrecte,
Cioranescu se montre acide envers lui tout
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Ileana Mihãilã
comme envers ses possibles lecteurs ignorants.
Il faudra attendre la fin de la Seconde
Guerre pour qu’un autre chercheur, Al.
Alexianu 11 , spécialisé dans l’évolution de la
poésie roumaine, découvre l’identité cachée
sous les initiales I.C. : il s’agit du premier
poète roumain ayant publié ses poésies en
un volume, Ioan Cantacuzino (1757-1828).
Le petit livre, intitulé Poezii noo, qui date de
1792 (ou 1796, selon d’autres chercheurs),
porte d’ailleurs sur la couverture non pas le
nom de l’auteur, mais toujours les deux initiales
I.C. Le poète en question, de très haute
ascendance princière (sa mère étant fille du
prince régnant de la Moldavie Ioan Mavrocordat
et son père appartenant à la haute
famille des Cantacuzène) avait eu une éducation
digne de son nom, qu’il allait mettre
à profit par de très nombreuses traductions
de l’anglais (Alexander Pope, En Essay on
Man, un poème de Thomas Gray), mais
surtout du français (les trois auteurs déjà
nommés mis à part, il a donné des versions
roumaines de quelques œuvres signées par
Jean-Pierre Claris de Florian, Jean de La
Fontaine ou Jean-François Marmontel).
Une première recherche approfondie de
cette première traduction de Rousseau en
roumains appartient à Sorina Bercescu, professeur
au Département de Français de
l’Université de Bucarest. Sa thèse de doctorat
12 comprenait non seulement une présentation
de la réception de Rousseau dans la
culture roumaine 13 , mais aussi la première
transcription en caractères latins de la tra-
11 Selon Sorina Bercescu (« Rousseau et les intellectuels roumains », dans La littérature française dans l’espace
culturel roumain, p. 122-123), c’est en 1946, mais elle ne précise pas sa source. Les autres ouvrages
que j’ai consultés ne citent d’Al. Alexianu que « Câteva date privitoare la viaþa ºi opera fostului mare
spãtar Ioan Cantacuzino », dans Glasul bisericii, XXVI, 1967, nos. 5-6, pp. 609-639, dont la parution fut
précédée par l’article de Gh. Ivãnescu et N. A. Ursu, « Un scriitor muntean de la sfârºitul secolului al
XVIII-lea : Ioan Cantacuzino », dans Studii ºi cercetãri ºtiinþifice, Iaºi, Filologie, X, 1959, fasc. 1-2, pp. 135-
140. Il semble néanmoins, selon une information communiquée par Andrei Nestorescu, qu’Al.
Alexianu n’avait pas pu lui-même annoncer cette découverte, étant privé à l’époque du droit de signature
pour des raisons politiques.
12 Rousseau în România, soutenue à l’Université de Bucarest en 1969.
13 Sorina Bercescu allait publier les résultats de cette recherche dans plusieurs articles : « Primele traduceri
din Rousseau în limba româna”, dans Analele Universitatii Bucuresti. Limbi romanice, XVIII, 1969, pp.
125-132 ; « Începuturile difuzãrii pedagogiei rousseauiste în ?ãrile Române”, dans Analele Universitatii
Bucuresti. Literatura universalã ?i comparatã, XXI, 1972, nr. 2, pp. 21-26 « Rousseau et les intellectuels
roumains », dans Quaderni dell’umanesimo, Roma, 1974, nr. 5, pp. 198-204, auxquels s’ajoute le chapitre
déjà cité de La littérature française dans l’espace culturel roumain.