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vendredi 12 juin 2009 - International Labour Organization

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indirectes empêchent la scolarisation de millions<br />

d’enfants parmi les plus pauvres. En bien des endroits<br />

aussi, dans les zones rurales notamment, il<br />

n’y a tout simplement pas d’école. Les pays riches<br />

devraient dépenser moins pour l’armée et plus pour<br />

l’éducation dans les pays en développement. Car<br />

nous avons plus besoin de livres que de bombes, et<br />

d’enseignants plus que de soldats.<br />

Deuxièmement, il faut promouvoir les alliances et<br />

la coopération. J’appelle l’OIT à obtenir du FMI et<br />

de la Banque mondiale qu’ils ne consentent de prêts<br />

que si les gouvernements s’engagent à améliorer<br />

l’accès à l’éducation et à créer un système de protection<br />

sociale pour les pauvres. J’exhorte aussi<br />

l’OIT à continuer d’œuvrer avec d’autres institutions<br />

des Nations Unies à la définition de stratégies<br />

conjointes en faveur de l’éducation et de la lutte<br />

contre la pauvreté. Et, je le dis et je le répète, il ne<br />

doit plus y avoir de prêts ou de plans de restructuration<br />

du FMI, ni de prêts de la Banque mondiale, si<br />

les autorités ne se sont pas engagées à favoriser<br />

l’accès des enfants pauvres à l’éducation.<br />

Troisièmement, il faut mettre en commun les<br />

bonnes pratiques. J’encourage les Etats Membres à<br />

s’inspirer des programmes qui ont fait leurs preuves<br />

ailleurs, et je renvoie à cet égard à l’initiative Bolsa<br />

família au Brésil. Dans ce cadre, les familles<br />

pauvres reçoivent une allocation mensuelle de<br />

35 dollars si elles s’engagent à envoyer leurs enfants<br />

à l’école et à les soumettre à des visites médicales<br />

régulières. Je vous invite à imiter cet exemple<br />

édifiant, qui m’amène à féliciter les représentants du<br />

Brésil ici présents.<br />

Quatrièmement, il faut donner plus de ressources<br />

au Programme international pour l’abolition du travail<br />

des enfants. Vous savez que l’IPEC a obtenu de<br />

très bons résultats dans ses projets d’assistance<br />

technique visant à faire retourner à l’école des enfants<br />

astreints au travail. En 1995, j’ai obtenu du<br />

Sénat américain le financement initial de ce programme.<br />

Par la suite, j’ai convaincu mon gouvernement<br />

de relever nettement le niveau de ses contributions<br />

à l’IPEC. Depuis 1995, les Etats-Unis ont<br />

versé au programme plus de 377 millions de dollars<br />

répartis entre 155 projets et 73 pays. Ces fonds ont<br />

permis de libérer plus de 800 000 enfants de formes<br />

de travail inacceptables.<br />

L’IPEC est un programme remarquable. Aujourd’hui,<br />

compte tenu des effets de la récession<br />

mondiale, j’invite tous les gouvernements à augmenter<br />

généreusement eux aussi les fonds qu’ils lui<br />

allouent.<br />

J’ouvre une parenthèse ici pour vous présenter<br />

celle qui se charge de tout le travail sur ce plan.<br />

Pour vous parler d’elle, je me permets une petite<br />

anecdote, tout à fait véridique, que j’affectionne, en<br />

espérant qu’elle passera le cap de l’interprétation.<br />

C’est un humoriste américain du début du<br />

XX e siècle, toujours taquin à l’égard du pouvoir,<br />

Will Rogers, qui la racontait. Un jour de juillet,<br />

après la fin de la Première Guerre mondiale, un défilé<br />

militaire descendait l’avenue de Pennsylvanie à<br />

Washington. Il faisait si chaud que certains des soldats<br />

qui défilaient en uniforme se sont évanouis,<br />

tout cela sous les yeux des personnalités politiques<br />

et militaires assises à la tribune. Alors Will Rogers,<br />

qui était présent lui aussi, a dit: «Pour vraiment honorer<br />

ces troupes, il faudrait leur céder la place à la<br />

tribune et envoyer nos hommes d’état et nos généraux<br />

parader au soleil.». Cette petite histoire me sert<br />

à vous présenter la troupe qui a tant fait pour assurer<br />

le financement de l’IPEC. Celle qui s’occupe de<br />

tous ces aspects là en effet, c’est Rosemary Gutierrez,<br />

sans qui nous ne serions rien. Rosemary, montrez-vous.<br />

Voilà, c’est elle qui fait tout le travail.<br />

Je reviens à mon énumération pour vous présenter<br />

mon cinquième point. Cinquièmement, il nous faut<br />

mieux faire entendre la voix du tripartisme.<br />

J’applaudis les efforts déjà menés par les employeurs<br />

et les travailleurs pour lutter contre le travail<br />

des enfants mais je les exhorte à faire plus encore.<br />

Il faut un engagement plus déterminé de leur<br />

part, et une action plus en amont. Pour commencer,<br />

les entreprises peuvent participer à l’effort en intervenant<br />

sur la demande, en veillant par exemple à ce<br />

qu’il ne soit pas fait recours au travail des enfants<br />

dans l’ensemble de leur chaîne<br />

d’approvisionnement. Ce serait là un élément déterminant,<br />

sans compter l’apport en termes d’image,<br />

déjà exploité par des entreprises telles que Walmart,<br />

qui peut permettre de gagner des parts de marché.<br />

J’invite donc les entreprises à se montrer plus volontaires.<br />

J’invite parallèlement mes amis du mouvement<br />

syndical à dénoncer plus fermement les<br />

pires formes de travail des enfants et à s’employer à<br />

y mettre fin. Les syndicats ont défendu les droits de<br />

l’homme et les droits civils, et je ne vois pas de plus<br />

grand projet sur ce plan que celui de mettre un<br />

terme à l’exploitation des enfants par le travail et à<br />

leur soumission à des formes d’esclavage.<br />

Ce que je discerne à l’échelle mondiale aujourd’hui,<br />

sous l’effet de la crise économique, c’est<br />

une grande mise à l’épreuve, celle de notre attachement<br />

aux valeurs que nous défendons, de notre<br />

capacité d’entraide et de notre détermination à collaborer<br />

aux fins de la noble cause qu’est la lutte<br />

contre les pires formes du travail des enfants.<br />

Je pense que nous sortirons vainqueurs de<br />

l’épreuve. Nous avons déjà recadré le débat du<br />

reste, en passant en dix ans de l’ignorance totale du<br />

problème à une première prise de conscience et enfin<br />

à des actes. Reste à passer des actes aux résultats,<br />

soit à l’abolition effective et définitive du travail<br />

des enfants sous ses formes intolérables.<br />

Je voudrais pour conclure vous lire la lettre d’un<br />

jeune travailleur suivi dans le cadre d’un projet de<br />

l’IPEC à Santiago, en République dominicaine: «On<br />

m’appelle grand-père parce que je suis l’aîné de six<br />

enfants. Depuis que j’ai cinq ans, je vais tous les<br />

jours à la décharge, pour travailler ou trouver à<br />

manger. Un jour, en revenant chez moi, j’ai entendu<br />

des enfants qui riaient et qui chantaient. Je me suis<br />

approché et, à l’intérieur d’une maison, j’ai vu mes<br />

amis des poubelles. Ils m’ont dit qu’ils suivaient un<br />

programme qui s’appelait Espacios para crecer<br />

(Espaces pour grandir) et qu’ils apprenaient à lire et<br />

à écrire. Le lendemain, sans rien dire à ma grandmère,<br />

je suis parti plus tôt de la décharge pour aller<br />

à l’école. J’y suis retourné tous les jours. J’ai appris<br />

à être fier de moi et des autres, et à aimer ma famille<br />

et mon quartier».<br />

«J’ai appris à lire. Ni mon père ni ma mère ne savent<br />

lire, alors pour eux, je suis un héros. J’ai gagné<br />

des bons points en math et j’ai commencé à écrire.<br />

Je ne peux plus m’arrêter. […] Si je veux devenir<br />

quelqu’un, il faut que j’étudie. Je ne veux pas grandir<br />

dans les poubelles. Je veux être professeur et<br />

apprendre aux autres tout ce qu’on m’a appris à<br />

moi.».<br />

Chaque enfant doit avoir ses «espacios para crecer»,<br />

un espace pour grandir.<br />

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