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Cette nouvelle production de la ville s’oppose<br />

à la ville polluée et à la campagne mal desservie.<br />

En Île-de-France, ces nouveaux quartiers<br />

sont surtout envisagés comme des opérations<br />

concertées de logements sociaux. Entre les<br />

deux guerres, l’Office public d’habitations à<br />

bon marché (OPHBM) construit en banlieue<br />

parisienne une vingtaine de cités-jardins, principalement<br />

dans les communes de l’ancien<br />

département de la Seine et de la Seine-et-Oise<br />

(en proche couronne). Ces opérations représentent,<br />

en 1930, plus de 20 000 logements, les<br />

plus importantes étant à Suresnes (2 500 logements),<br />

Stains (1 680 logements) et Châtenay-<br />

Malabry (1 500 logements). Elles comportent<br />

toutes des équipements nécessaires à la vie<br />

quotidienne : groupe scolaire, lieux de culte,<br />

théâtre, équipement sportif, bains-douches voire<br />

magasin coopératif, et les logements respectent<br />

les normes de sécurité, de surfaces, de coûts et<br />

d’hygiène.<br />

Ces opérations groupées vont servir d’exemples<br />

aux lotisseurs qui, pendant des dizaines d’années,<br />

ont détérioré la banlieue. La crise de 1929<br />

marque cependant la fin de l’expérience, la<br />

conception horizontale cédant le pas au collectif<br />

au fur et à mesure que les difficultés financières<br />

s’accroissent. À la veille de la Seconde<br />

Guerre mondiale, cette première phase historique<br />

de l’urbanisation pavillonnaire est marquée<br />

par l’absence de coordination des politiques<br />

du logement et de l’aménagement.<br />

L’encadrement du développement pavillonnaire<br />

(Cornudet, Ribot, Loucheur, plan Prost, PARP (8) ),<br />

son aide financière par l’exonération (Siegfried,<br />

Strauss) puis par le subventionnement (Sarrault),<br />

sa programmation par l’investissement<br />

dans la part sociale de la production (Bonnevay,<br />

Loucheur/Sellier) sont autant de réponses partielles<br />

qui devront attendre la période suivante<br />

pour se réaliser pleinement.<br />

Une mise en suspens le temps<br />

de se réorganiser<br />

Au lendemain de la guerre, la France est<br />

confrontée à une crise du logement sans précédent.<br />

La région parisienne, relativement épargnée<br />

par les destructions, subit le contrecoup<br />

d’un retard accumulé depuis des décennies<br />

avec un exode rural non résolu et un manque<br />

d’investissements dans la construction et l’entretien<br />

du patrimoine bâti. La faible rentabilité<br />

de l’immobilier depuis la Première Guerre<br />

mondiale n’incite toujours pas les acteurs privés<br />

à s’investir dans le logement. Sans moyen<br />

ni instrument, notamment pour mobiliser<br />

l’épargne, ces derniers ne peuvent répondre à<br />

une demande qui est peu solvable. Face à la<br />

pression démographique, à l’absence d’un jeu<br />

d’acteur organisé et à une action publique plu-<br />

tôt malthusienne (plan Prost, PADOG (9) ), la<br />

croissance urbaine tarde à venir. Le frein dû à<br />

la Seconde Guerre mondiale va permettre aux<br />

pouvoirs publics de rattraper les retards techniques,<br />

idéologiques et politiques vis-à-vis du<br />

«déferlement pavillonnaire» de la période précédente.<br />

La reconstruction se réalise au départ sans prospective<br />

ni coordination. Les efforts oscillent<br />

entre la question cruciale du logement (10) et<br />

une gestion pointilliste héritée du problème<br />

des lotissements d’avant-guerre (11) . Les pouvoirs<br />

publics, cependant, s’outillent en matière<br />

d’aménagement, notamment au niveau foncier<br />

: les réserves héritées de la période précédente<br />

sont mises à profit, les moyens techniques<br />

et financiers se mettent en place (SEM, fiscalité,<br />

ZUP) (12) . L’effort de l’État se porte alors sur le<br />

logement collectif, notamment avec la<br />

construction des cités d’urgence. Il faudra attendre<br />

la décennie suivante pour que la réponse<br />

à ces objectifs devienne réellement massive. La<br />

production de logements individuels passe au<br />

second plan et se ralentit fortement. Les opérations,<br />

discrètes, procèdent d’un régime identique<br />

à celui d’avant-guerre, exception faite de<br />

quelques projets en autoconstruction (13) qui<br />

tentent de pallier l’insuffisance de la production<br />

dont l’essentiel se réalise en zone urbaine<br />

par le comblement des tissus existants (14) , selon<br />

des densités d’environ 20 logements/ha (15) . L’urbanisation<br />

pavillonnaire reste en fait relativement<br />

classique, sa compacité, par rapport aux<br />

opérations ultérieures, ne s’expliquant qu’au<br />

regard de moyens individuels de déplacement<br />

tout juste démocratisés.<br />

(8) Plan d’aménagement de la région parisienne, présenté<br />

en 1934, appelé également « plan Prost ».<br />

(9) Plan d’aménagement et d’organisation générale,<br />

approuvé en 1960.<br />

(10) 1948 : loi Courant. 1950 : création du Fonds national<br />

d’aménagement du territoire (FNAT). 1954 : lancement du<br />

programme pour les cités d’urgence suite à la campagne de<br />

l’abbé Pierre.<br />

(11) 1952 : modification de la loi Loucheur. 1954 : aides aux<br />

projets. 1958 : prescriptions aux lotisseurs.<br />

(12) 1951 : création des Sociétés d’économie mixte (SEM).<br />

1953 : prêts et défiscalisation. 1958 : création des zones d’urbanisation<br />

prioritaire (ZUP).<br />

(13) Les Castors: mouvement coopératif d’autoconstruction<br />

apparenté aux Cottages sociaux de l’entre-deux-guerres. La<br />

majorité des opérations franciliennes adopte le concept de<br />

quartier pavillonnaire avec, parfois, un immeuble collectif.<br />

Leur répartition géographique est contrastée : absence totale<br />

en Seine-et-Marne et nombreuses opérations dans le Val-de-<br />

Marne.<br />

(14) Voir « L’habitat individuel en région parisienne », article<br />

de Jean-Pierre Lecoin, in Urbanisme, n° 151, 1975.<br />

(15) Voir « Le milieu pavillonnaire », DAFU/<strong>IAU</strong>RP, mars 1976,<br />

et sa base MOS : Les Cahiers de l’<strong>IAU</strong>RIF, n° 48/49, « L’occupation<br />

du sol en région d’Île-de-France », décembre 1977, résultats<br />

d’études montrant de plus faibles densités mais supposant<br />

la non-saturation des tissus. Voir Bauer G. et De<br />

Lataulade B., « Vers des lotissements denses », recherche réalisée<br />

par et pour le ministère de l’Équipement, des Transports<br />

et du Logement, DGUHC, Plan Urbanisme Construction Architecture,<br />

septembre 2000.<br />

<strong>IAU</strong> île-de-France<br />

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