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Aujourd’hui, habiter une maison individuelle, et en être propriétaire, reste encore un signe
de distinction sociale.
du logement. La trop grande mise à distance et
le repli sur soi conditionnent alors une appréciation
négative du quartier. Ces « éternels
repliés », isolés, illustrent par là le maintien en
« captivité ». Ces ménages formulent des discours
empreints d’une amertume ou d’un rasle-bol
qui conduit à rejeter une région, une ville
ou une forme urbaine (celle du lotissement).
La quotidienneté de ces familles apparaît toujours
en tension entre des « aspirations situées
de classes moyennes » (Fournier, 2005) et les
conditions de leurs réalisations.
Le périurbain, terre d’expérience
d’habitats, aux formes et statuts
diversifiés
Au-delà des désagréments ou des réels inconvénients
de ce « choix » de localisation (trajets,
risque d’éloignement et d’isolement), propriété,
maison individuelle et installation dans une
périphérie urbaine apparaissent comme les
trois piliers d’une aventure réussie si elle arrive
à son terme. Le confort spatial et social de ce
mode d’habiter, même au prix d’une longue
période de souffrance, offre un «chez-soi» valorisé
auquel se rajoute la figure du « village » ou
du « lotissement » comme espace sécurisant.
Cette forme réappropriée par l’urbain permet
une connaissance à défaut d’une reconnaissance,
elle offre aux yeux des pavillonnaires
rencontrés la possibilité d’être dans un ici, de
la localité, et dans un ailleurs, de l’espace
urbain et de la ville.
On ne pourra pas freiner la dilution urbaine
par la seule énonciation de principes de «durabilité
» ou risquer un renchérissement du coût
énergétique des déplacements. Il faut d’un
côté, à travers les modes pavillonnaires, entendre
le besoin exprimé dans des formes de logements
plus individualisées et de l’autre accepter
d’accompagner les territoires périurbains
vers plus de maturité. Ces espaces même les
plus en marge ne sont-ils que des périphéries
résidentielles absorbantes ? Ne peuvent-ils pas
être des lieux de facilitation d’une diversification
du logement dans ses formes et dans ses
statuts, permettre l’émergence de microcentralités
mêmes temporaires (marchés, commerces
ambulants…)? S’ils sont marqués par des dynamiques
de spécialisation sociale nées des
modes de production du logement, ils apparaissent
aussi peut-être comme porteurs du
germe d’une reconstitution de l’intégrité
urbaine. Ainsi, au-delà des discours d’angoisses
quant à l’éparpillement, les difficultés quotidiennes
des périurbains les plus modestes soulignent
moins les limites du modèle pavillonnaire
et des lotissements que, comme le
soulignait déjà Guy Burgel, « l’incapacité des
sociétés urbaines contemporaines à se penser
et à vivre dans une continuité des territoires et
des échelles » (Burgel, 1989, 6).
Michel Le Moine/CAECE
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