Télécharger - IAU îdF
Télécharger - IAU îdF
Télécharger - IAU îdF
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
28<br />
Comprendre<br />
Les Cahiers de l’<strong>IAU</strong> <strong>îdF</strong><br />
n° 161 - février 2012<br />
Annabelle Morel-<br />
Brochet (1)<br />
Laboratoire de Recherches<br />
Interdisciplinaires Ville,<br />
Espace, Société<br />
ENTPE/RIVES<br />
Le défi de la densification<br />
peut être source créatrice.<br />
Habiter dans le périurbain<br />
Habitants et tissus pavillonnaires<br />
à l’épreuve du temps<br />
Les lotissements sont considérés comme<br />
inaptes à évoluer et leurs habitants<br />
enclins à développer un syndrome de<br />
type Nimby (2) face à toute dynamique sociale<br />
ou urbanistique menaçant le statu quo résidentiel<br />
local. Partant de ce présupposé, nous avons,<br />
dans le cadre d’une recherche collective portant<br />
sur les stratégies de densification, de diversification<br />
et de régénération des tissus pavillonnaires<br />
(3) , conduit une enquête par entretiens et<br />
observation portant sur deux lotissements (4)<br />
ouvriers de l’entre-deux-guerres où le processus<br />
de densification résidentielle est avéré ; la densité<br />
résidentielle étant entendue comme le rapport<br />
entre le nombre de logements et une surface<br />
donnée.<br />
Le propos s’intéresse ici aux types de changements<br />
intervenus au fil des décennies et aux<br />
contextes favorisant ces évolutions. Il aborde<br />
enfin la réception sociale de la densité dans<br />
ces quartiers, mais questionne également les<br />
effets mal maîtrisés de ces processus spontanés.<br />
Densification : qu’y a-t-il derrière<br />
ce mot?<br />
Ces quartiers illustrent ce que Jean-Michel<br />
Léger appelle la «densification par le bas», une<br />
densification spontanée, progressive, qui n’est<br />
pas le résultat d’une opération portée par la<br />
puissance publique. La maille du tissu pavillonnaire<br />
se remplit petit à petit, au rythme où se<br />
succèdent divisions parcellaires et nouvelles<br />
constructions pavillonnaires. Là où la densifi-<br />
Photo montage : Simon Boudvin, Semi-collectif, 2003<br />
Parce que la forme pavillonnaire porte<br />
une responsabilité incontestable dans<br />
l’étalement urbain, les injonctions à<br />
densifier les zones d’habitat individuel<br />
ne manquent pas. Mais elles se<br />
heurtent, outre un certain nombre<br />
d’obstacles ou de restrictions d’ordre<br />
réglementaire, à la réticence des élus<br />
locaux craignant la réaction hostile<br />
de leurs administrés à toute tentative<br />
de densification. Les habitants<br />
des lotissements sont-ils réfractaires<br />
au changement?<br />
cation résulte de l’action publique, des immeubles<br />
sortent de terre, en lieu et place d’espaces<br />
non construits ou de pavillons. La démarche<br />
est interventionniste et le paysage microlocal<br />
s’en trouve alors partiellement modifié. En<br />
revanche, contrepartie non négligeable, ces<br />
opérations peuvent s’accompagner d’un gain<br />
d’aménités urbaines (commerces, équipements…).<br />
Si la densification par le haut saute aux yeux<br />
du promeneur, même peu observateur, la densification<br />
par le bas tantôt s’affiche lorsque les<br />
époques et les styles de constructions voisines<br />
se succèdent sur rue ou bien lorsqu’une maison<br />
se construit dans l’interstice de deux<br />
autres. Tantôt, elle se fait discrète et se dérobe<br />
au regard du curieux, cachée en fond de parcelle,<br />
derrière la maison en front de rue. Ce type<br />
de processus implique une densification aussi<br />
bien bâtie qu’humaine.<br />
<strong>IAU</strong> île-de-France<br />
(1) Annabelle Morel-Brochet est géographe.<br />
(2) Nimby désigne une position éthique et politique qui<br />
consiste à ne pas tolérer de nuisances dans son environnement<br />
proche.<br />
(3) Recherche intitulée « Stratégie de densification, de diversification<br />
et de régénération des tissus pavillonnaires », financée<br />
par le programme ANR « Villes durables », édition 2009.<br />
(4) Le quartier du Bois-du-Roy, situé à Avrillé, en proche périphérie<br />
d’Angers (Maine-et-Loire), et le quartier des Coudreaux,<br />
à Chelles (au nord-est de Paris). Le premier s’est<br />
embourgeoisé sans devenir pour autant un quartier huppé ;<br />
quant au second, resté plus populaire et ayant conservé une<br />
réputation mauvaise, il est marqué par la coprésence parfois<br />
tendue de plusieurs communautés (portuguaise, gens du<br />
voyage, maghrébine…).