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32<br />

Comprendre<br />

Les Cahiers de l’<strong>IAU</strong> <strong>îdF</strong><br />

n° 161 - février 2012<br />

Habiter dans le périurbain<br />

Pour 6 personnes sur 10,<br />

<strong>îdF</strong><br />

l’univers urbain n’est pas menaçant.<br />

Elles s’estiment vivre à la campagne<br />

proche de la ville où elles se rendent<br />

régulièrement, notamment<br />

Naudin-Adam/<strong>IAU</strong><br />

pour les festivités. M.<br />

conséquences (Montulet, Kaufmann, 2004). On<br />

peut ainsi distinguer deux formes d’appartenance<br />

périurbaine.<br />

L’attachement, qui concerne quatre enquêtés,<br />

relève d’une logique de repli dans l’espace<br />

(social et géographique), matérialisé par la résidence.<br />

C’est à partir de celle-ci que s’entretient<br />

l’essentiel sinon l’exclusivité des relations et<br />

que se construisent le parcours et la projection<br />

dans l’avenir. En effet, les relations sont entretenues<br />

dans la proximité. Soumis aux aléas et aux<br />

coups durs de l’existence (chômage, précarité,<br />

séparation), ces ménages ont développé des<br />

comportements de protection. Ils sont avant<br />

tout les habitants de la campagne à l’abri de la<br />

ville. Le repli dans un lieu sécurisé donne un<br />

sens positif à l’éloignement de la ville et justifie<br />

tous les sacrifices consentis pour se maintenir<br />

sur place (endettement, coût et temps de trajets).<br />

Ce sacrifice est d’autant plus facilement<br />

consenti qu’il constitue le seul moyen accessible<br />

à ces ménages pour préserver et préparer<br />

l’avenir de leurs enfants. Conformément à d’autres<br />

études (Juan, 1997), la logique de repli sur<br />

la résidence s’accompagne en effet d’une certaine<br />

radialité des déplacements quotidiens. La<br />

résidence est toujours le lieu de départ et d’arrivée.<br />

Il y a très peu de déplacements associés,<br />

d’une part car la gestion du quotidien vise à<br />

réduire le temps passé hors du domicile, et<br />

d’autre part parce que les trajets, en dehors de<br />

ce lieu central, sont vécus comme des occasions<br />

de tracas et d’imprévus. Le déploiement<br />

dans l’espace social (sociabilité) et géographique<br />

est assez routinier avec l’alternance de<br />

deux séquences. Au déploiement contraint de<br />

la semaine entre résidence et travail répond, le<br />

week-end, un recentrage sur l’espace familier<br />

et domestiqué de la résidence et une temporalité<br />

plus lâche.<br />

L’ancrage caractérise les six autres personnes<br />

qui entretiennent un rapport à l’espace et au<br />

temps davantage maîtrisé. Celles-ci planifient<br />

leur carrière résidentielle en fonction des<br />

cycles de vie du ménage qui sont anticipés<br />

(départ des enfants, arrivée à la retraite). Habituées<br />

aux changements et socialisées dans un<br />

milieu social hétérogène, l’univers urbain ne<br />

leur paraît pas menaçant, et elles s’estiment<br />

vivre à la campagne proche de la ville. L’espace<br />

social ne se construit pas à partir de ce qui est<br />

donné (famille) ou accessible (voisins) mais à<br />

partir de ce qui est reconstruit à chaque étape<br />

de la vie : l’entretien des amitiés même à distance<br />

et les réseaux tissés de proche en proche<br />

marquent leur sociabilité. Ces cheminements<br />

biographiques ont également des répercussions<br />

sur les cheminements quotidiens. Le lieu<br />

de résidence les polarise beaucoup moins et<br />

l’on observe des déplacements associés. En<br />

semaine, le rythme intense doit permettre de<br />

« caser » toutes les activités nécessaires à l’entretien<br />

du ménage (travail, courses, activités des<br />

enfants, rendez-vous), débordant ainsi les<br />

sphères du travail et de la résidence. Le weekend,<br />

planifié longtemps à l’avance, constitue le<br />

second temps de rayonnement du ménage vers<br />

d’autres lieux et liens.<br />

Le périurbain : un espace non durable?<br />

Diversité et ancrage rural des modes<br />

de vie périurbains<br />

La seconde recherche vise à comprendre dans<br />

quelle mesure le mode de vie des navetteurs<br />

du périurbain, souvent décrit comme peu durable,<br />

est le résultat de contraintes non exclusives<br />

du périurbain mais qui y sont amplifiées par<br />

les conditions sociales d’existence (moindre<br />

accessibilité, importance des temps contraints,<br />

ressources limitées…). Il s’agit aussi d’identifier<br />

les « genres de vie » périurbains en prenant en<br />

compte les ancrages et origines sociales qui<br />

orientent les pratiques socioculturelles. Ce<br />

questionnement entend éclairer les débats<br />

actuels concernant la « ville durable ». Dans<br />

cette perspective, nous nous sommes appuyés<br />

sur le volet « participation et contacts sociaux»<br />

de l’Enquête permanente sur les conditions de<br />

vie (EPCV) de l’Insee. Cette vaste enquête<br />

(55878 ménages compilés) permet d’examiner<br />

les différences de sociabilités et de pratiques<br />

culturelles entre espaces urbains, périurbains<br />

et ruraux sur la période 1999-2004, ainsi que<br />

leurs déterminants sociodémographiques (au<br />

niveau de l’individu et du ménage).<br />

Les résultats font apparaître une certaine<br />

domesticité des pratiques culturelles (plus de<br />

bricolage et de couture, moins de sorties au<br />

cinéma et au théâtre que pour les ménages<br />

urbains) et une sociabilité marquée par la<br />

<strong>IAU</strong> île-de-France

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