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On remarque également l’apparition de clôtures
ou de murs de deux mètres là où la
façade avant des maisons était ouverte sur l’extérieur.
Même si je comprends l’envie de chacun
de se sentir chez soi, je souhaite privilégier
les formes ouvertes et inciter les habitants à se
côtoyer.
L. C. – Quelle est la responsabilité de l’élu
en matière de cohésion sociale?
F. D. -C. – L’élu est là pour rassembler, il n’est
pas là pour favoriser des logiques communautaires,
qui opposent les quartiers les uns aux
autres. Je suis particulièrement sensible à ce
sujet suite à une anecdote personnelle qui m’a
marquée lorsque j’étais jeune maman. Il y a
deux groupes scolaires dans notre commune,
l’un à l’ouest et l’autre au centre-ville. Lors des
activités sportives qui réunissaient les enfants
des deux secteurs, j’ai en mémoire une haine
farouche quartier contre quartier, comme si la
commune était scindée en deux, ou plutôt
comme si le quartier
des Baronnes était relégué
et ne faisait pas partie
de Rosny, et les
enfants relayaient cette
forme de ségrégation.
En tant que maire, j’ai toujours eu à cœur de
faire en sorte que les habitants se mélangent,
se rencontrent et partagent un sentiment d’appartenance
à la commune. Les activités des
centres de loisirs, celles organisées par le centre
socioculturel, par la médiathèque, le marché
multicolore, le marché de Noël ou encore la
chasse aux œufs sont autant de moments qui
permettent de fédérer, de favoriser une certaine
conscience collective. Je fais aujourd’hui le
constat d’une participation croissante à la
demande de vie associative, et c’est pour moi
un très bon signe.
L. C. – Que pensez-vous
de l’autopromotion?
F. D. -C. – J’y suis favorable, cela permet aux
familles de penser ensemble leur habitat. Les
ménages qui décident de se lancer dans un
projet d’autopromotion expriment finalement
le souhait d’une pratique collective et solidaire
au quotidien. Nous avons une vingtaine de Castors
(3) sur la commune de Rosny-sur-Seine, nous
avons fêté leur anniversaire en juin 2010, et ils
avaient invité les anciens. À l’origine, les maisons
se ressemblaient toutes, construites sur le
même modèle pour des raisons d’équité : ils
avaient organisé un tirage au sort pour désigner
la maison de chacun avec la possibilité
d’échanger par la suite. Aujourd’hui, certains
sont partis, d’autres sont arrivés, les maisons se
sont personnalisées et la végétation a trans-
formé les lieux. Lors de cet anniversaire, ils ont
évoqué la difficulté du montage de l’opération,
le temps quotidien qu’il fallait y consacrer, et
la fatigue également. J’aimerais que ma commune
devienne un laboratoire en matière d’habitat
participatif, et pas exclusivement dans le
cadre de l’éco-quartier. J’ai reçu récemment
une personne qui cherche un terrain pour une
opération d’autopromotion avec six familles.
Leur projet est, entre autres, de mutualiser la
chambre d’amis, les activités de service, la buanderie
ou encore le potager. J’aimerais bien
qu’ils choisissent ma commune, cela permettrait
peut-être de donner envie à d’autres.
L. C. – Existe-t-il du locatif social en
maison individuelle sur votre commune?
F. D. -C. – Oui, à Rosny-sur-Seine, nous avons du
pavillonnaire social géré par la Soval. Ces maisons
permettent de répondre à un besoin de
grands logements avec des loyers au mètre
carré a peu près identiques au collectif social
et souvent de meilleure
» J’aimerais que ma commune qualité que certaines
maisons en accession.
devienne un laboratoire
D’où un taux de rotation
en matière d’habitat participatif. « extrêmement faible, les
familles s’y trouvent bien
et souhaitent rester. Lorsqu’elles partent, c’est
souvent contraintes par une mutation professionnelle.
Lorsque la première tranche de
44 logements s’est construite, je pensais que
nous aurions un apport scolaire conséquent, et
j’ai milité auprès de l’inspection académique
pour ouvrir des classes. Ce sont finalement des
familles avec de grands ou de très jeunes
enfants qui se sont installées. Cette opération
est difficilement reproductible. Aujourd’hui, les
politiques publiques privilégient le collectif ou
le logement intermédiaire – économie d’espace
et coût d’aménagement obligent! Montrer
que l’habitat social et celui des propriétaires
de leur maison pouvaient cohabiter, ce n’était
pas gagné vu les campagnes de discrédit contre
le logement social menées à l’époque ! Cette
expérience a permis, et permettra encore lors
des mutations, à des familles d’accéder à la
maison individuelle et à son jardin ! C’est
encore le rêve de beaucoup de nos concitoyens!
À nous de leur montrer qu’il existe d’autres
formes urbaines, qu’il faut innover aussi
dans nos comportements et nos habitudes.
Propos recueillis par Lucile Mettetal
et Yann Watkin
(3) Après la Seconde Guerre mondiale, la pénurie de logements
a provoqué la naissance d’un mouvement coopératif
original. Des hommes se sont regroupés pour construire euxmêmes
leurs maisons d’habitation. Ils devenaient ainsi des
Castors.
À Rosny-sur-Seine, le maire
s’oppose aux configurations
en impasse.
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