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Les Cahiers de l’IAU îdF
n° 161 - février 2012
Interview
Pascale Poirot est présidente
du Syndicat national des
aménageurs lotisseurs (Snal)
depuis 2009, pour une durée
de trois ans. Elle a notamment
pour objectif de faire connaître
et reconnaître le métier
d’aménageur lotisseur,
d’identifier les thèmes en
amont de la construction et de
conforter le rôle du Snal comme
plate-forme de propositions et
d’échanges de bonnes
pratiques.
Créé en 1980, le Snal est
l’unique organisation
représentant les professionnels
de l’aménagement privé en
France. Il regroupe environ 300
sociétés membres, soit 85 %
de la profession.
Laboratoire de réflexion, le Snal
assure à ses adhérents
la formation et l’information
sur les évolutions techniques,
administratives, législatives,
économiques et sociales
de la profession et de son
environnement.
SNAL
Habiter dans le périurbain
Le Snal, un outil au service
de l’aménagement concerté
Les Cahiers – Avez-vous remarqué une L. C. – En quoi le métier d’aménageur
demande moins forte pour la maison lotisseur a-t-il évolué ces dernières
individuelle ces dernières années?
années?
Pascale Poirot – La maison individuelle a tou- P. P. – L’aménageur organise l’espace afin de
jours autant de succès, et nombreuses sont les créer de nouveaux quartiers, de prévoir leur
familles contraintes de quitter l’agglomération insertion en les reliant à leur environnement
pour assouvir ce désir. Malgré les différentes naturel et urbain, de mettre en place les équi-
aides, les budgets sont serrés et force est de pements nécessaires à la satisfaction des
constater que les ménages ont de moins en besoins des populations, en partenariat avec
moins d’apport personnel. Le budget plancher les élus. Il intègre également les objectifs du
pour une maison individuelle en grande péri- Grenelle, en matière d’énergie, de gestion de
phérie est de 250 000 €, ils doivent donc faire l’eau ou des déchets, de densité, de mixité
des concessions et acceptent des jardins de sociale et fonctionnelle, de mobilité, d’accessi-
plus en plus petits, la mitoyenneté, des surfaces bilité, etc. Il travaille de plus en plus sur des opé-
réduites, autant de « sacrifices » volontiers rations accueillant des typologies variées d’ha-
consentis par les acquéreurs à condition d’une bitat et de l’individuel plus dense, lorsque les
relative proximité des transports et des services. élus l’acceptent et que les documents d’urbanisme
le permettent, ce qui n’est pas le cas par-
L. C. – En quoi la programmation
urbaine est-elle indispensable pour éviter
tout en Île-de-France.
l’étalement urbain?
L. C. – Depuis combien d’années
P. P. – En France, seulement 26 % des maisons le Snal travaille-t-il sur l’habitat
individuelles sont réalisées dans des opérations individuel dense?
d’aménagement concertées avec les collectivi- P. P. – Depuis le début des années 2000, le Snal
tés. Tout le reste de la production est réalisé réfléchit aux questions de densité au sein des
dans le diffus, au coup par coup, sans aucune opérations de maisons groupées et multiplie
planification ni prévision des équipements les guides de bonnes pratiques. En 2002, il a
publics nécessaires pour l’arrivée de nouveaux organisé, conjointement avec le PUCA, un
habitants. Ce sont ces constructions non pro- concours national, « Quand le lotissement
grammées qui sont responsables de l’« émiet- retrouve le chemin de la ville », permettant de
tement » urbain. Il faut que la collectivité plani- démontrer que le lotissement d’habitat indivifie
son développement en prévoyant des duel peut s’insérer au tissu urbain, composer
typologies variées d’habitat pour que la densi- harmonieusement la ville et offrir une alternafication
et la mixité puissent s’organiser. En tive à l’habitat groupé et collectif. Nous avons
ce sens, le Snal prône des opérations où loge- aussi travaillé avec le ministère de l’Écologie,
ments collectifs et individuels
« cohabitent », permettant
une meilleure
» Si la collectivité planifie
son développement en prévoyant
du Développement durable,
des Transports et du
Logement, ainsi qu’avec
densité moyenne et des des typologies variées d’habitat, Guy Bauer (architecte),
logements adaptés aux alors la densification et la mixité sur les documents d’urba-
desiderata de chacun.
Concernant les procé-
peuvent s’organiser. « nisme qui empêchent l’individuel
dense. Puis nous
dures opérationnelles, nous ne disposons pas avons édité en 2008 le « Guide de l’éco-aména-
d’études permettant de savoir s’il y a plus de gement», traitant de développement durable et
maisons individuelles denses au sein d’une pro- donc de densité, pointant l’indispensable
cédure de zone d’aménagement concerté concertation avec les élus, et l’incontournable
(ZAC) ou de permis d’aménager (lotissement). pluridisciplinarité pour concevoir une opéra-
Pour ce dernier, nous observons en revanche tion d’ensemble. Nous avons aussi participé, au
que les opérations sont plus petites et plus nom- sein de l’association HQE, à l’élaboration de la
breuses. Depuis la création, en 2009, du projet démarche « HQE aménagement » avec des
urbain partenarial (PUP), outil souple et sûr expérimentations sur des opérations d’aména-
pour le financement des équipements publics, gement ; la certification de cette méthodologie
de nombreuses collectivités considèrent que a été officiellement lancée fin 2011. Enfin, le
le permis d’aménager est une bonne alternative Snal a initié les « Trophées de l’aménagement
à la ZAC.
au service de la collectivité » intégrant les trois
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