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22<br />

Comprendre<br />

Les Cahiers de l’<strong>IAU</strong> <strong>îdF</strong><br />

n° 161 - février 2012<br />

Loïc Gandais (1)<br />

Conseil régional<br />

d’Île-de-France<br />

Le jardin à la française,<br />

parabole d’un cadre juridique<br />

particulièrement figé.<br />

Habiter dans le périurbain<br />

Le concept de l’habitat à la<br />

française: une approche datée<br />

Il convient d’abord de considérer que l’objectif<br />

du vivre ensemble est d’autant mieux<br />

porté qu’il est contrebalancé par un temps<br />

récurrent de retrait ou de repli sur soi, qui autorise<br />

un équilibrage permanent entre, d’une part,<br />

l’exposition et, d’autre part, l’indispensable ressourcement<br />

personnel.<br />

Il est donc important d’éviter toute réduction<br />

simplificatrice: la mise à l’écart des flux, fugace<br />

et passagère, dans le cadre de l’habitat individuel<br />

groupé, ne doit pas être perçue comme<br />

un geste de repli absolument antinomique avec<br />

l’exigence de participation à la vie collective<br />

et publique et peut même s’analyser comme<br />

l’une des contreparties permettant de bien<br />

valoriser chaque sphère, publique comme privée,<br />

toutes deux vécues comme autant de<br />

temps distincts.<br />

Certes, si l’on adhère à l’idée, actuellement<br />

défendue par Jacques Donzelot, que la ville<br />

devient le cadre d’expression d’une citoyenneté<br />

renouvelée, on est alors tenté de mettre à<br />

l’épreuve les éléments constitutifs de l’urbain<br />

pour en tester la dynamique citoyenne. C’est,<br />

cependant, leur prêter bien des vertus.<br />

Car, comment parler d’engouement ou d’affinité<br />

pour l’habitat individuel groupé alors que<br />

le modèle juridico-économique, imposé par le<br />

régime libéral issu de 1789, n’offre aucune alternative<br />

? On sous-estime en effet l’impact extraordinaire<br />

de la conception « monobloc » du<br />

droit de propriété introduite par la Révolution<br />

française et le Code napoléonien, qui standardise<br />

et restreint considérablement les modalités<br />

B. Gegauff/<strong>IAU</strong> <strong>îdF</strong><br />

Plusieurs raisons incitent<br />

à souscrire à l’idée selon laquelle<br />

l’habitat individuel groupé<br />

ne correspond pas nécessairement<br />

à une démarche de type sécessionniste<br />

ou à un refus du vivre ensemble.<br />

Dès lors, il n’y a pas lieu de<br />

le stigmatiser d’emblée.<br />

d’organisation de la propriété immobilière :<br />

l’usus, l’abus et le fructus étant intégralement<br />

imbriqués dans ce même droit, il reste très peu<br />

de marge pour un démembrement effectif de<br />

ce droit – à la différence de ce qui avait cours<br />

au Moyen Âge.<br />

Cette impossibilité d’introduire un coin dans<br />

le cadre juridique particulièrement figé qui<br />

caractérise le système français trouve une illustration<br />

dans une pratique assez récente et, de<br />

surcroît, extra légale, puisque dénuée de texte<br />

fondateur : la division en volumes.<br />

Là, l’hypothèse d’un refus du vivre ensemble<br />

est beaucoup plus palpable, avec le paradoxe<br />

singulier que cette volonté de s’extraire du<br />

groupe s’effectue en milieu urbain dense, par<br />

définition. Le fait de faire abstraction du sol et<br />

de proscrire toute partie commune reliant les<br />

différentes entités coprésentes (volumes), au<br />

prix d’un nombre considérable de servitudes,<br />

témoigne bien d’une volonté de séparatisme<br />

et de maîtrise souveraine de son espace privé.<br />

Afin d’éviter la division en volumes, il aurait été<br />

plus opportun d’actualiser la loi du 10 juillet<br />

1965 organisant le régime de la copropriété –<br />

laquelle n’a d’ambition, il est vrai, que d’établir<br />

une règle de gestion et de partage des responsabilités,<br />

sans prendre d’option précise sur la<br />

vocation résidentielle de ces ensembles immobiliers<br />

dont l’envergure peut varier, en pratique,<br />

de 2 à 6 500 lots.<br />

<strong>IAU</strong> île-de-France<br />

(1) Loïc Gandais est chargé de mission à la Direction du<br />

logement et de l’action foncière, unité Société.

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