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comptes-rendus des séances - Savoirs Textes Langage - Lille 3

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-4ème sphère (C), de diamètre d4 = 10 sta<strong>des</strong> (= 6000 pieds), hauteur de la<br />

montagne la plus élevée, ce qui correspond à environ 1/8000e du diamètre<br />

terrestre et donne un volume sphérique de 103 . 7 1/3 / 14, environ 524 st3.<br />

-5ème sphère (D),de diamètre d5 = 80182 sta<strong>des</strong>, 8000 fois plus grand que<br />

d4 (et 48 millions de fois plus grand que d3) ; c’est la Terre dont le volume<br />

calculé avec la formule d’Archimède donnerait, selon les calculs de J. Dupuis,<br />

corrigeant ceux de H. T. Martin, 270 025 043 508 297 et 11/21 sta<strong>des</strong><br />

cubiques, disons environ 2,7 . 1014 st3.<br />

Sachant que la proportion de 1/8000e est la même pour d1 et d3, et pour d4 et d5, on peut<br />

constater que le rapport de grandeur entre les volumes <strong>des</strong> deux premières sphères (64000)<br />

est amplifié encore considérablement si l’on compare les sphères 1 et 3 (512 milliards) ;<br />

mais, entre les sphères 4 et 5, le rapport de grandeur entre les volumes sera du même ordre<br />

qu’entre les volumes <strong>des</strong> sphères 1 et 3, et c’est en cela que la sphère 3 est « instrument de<br />

l’opération », car elle permet de concevoir l’ordre de grandeur d’un rapport de volumes qu’il<br />

est autrement impossible de se représenter.<br />

Or, du fait de la forme non sphérique (mais plutôt conique) de la montagne, son volume<br />

comparé à celui de la sphère entière de la Terre, est encore beaucoup plus négligeable que le<br />

volume de la sphère 1 par rapport à celui de la sphère construite 3.<br />

Nous nous trouvons donc devant une analogie complexe où la sphère hypothétique (ou<br />

construite) d’un pied de diamètre joue ainsi le rôle d’instrument de conceptualisation, nous<br />

aidant à nous représenter, en comparant la fraction de grain de mil non seulement au grain de<br />

mil, 64 mille fois plus gros, mais à la sphère d’un pied, 512 milliards de fois plus grosse, et à<br />

comprendre plus facilement quel est le rapport de proportion de la montagne (plutôt conique)<br />

à la sphère entière de la Terre 31 .<br />

Or tout ce raisonnement ne semble en tout cas nullement viser une mesure précise et<br />

exacte, pas plus d’ailleurs que dans l’Arénaire Archimède 32 ne le faisait non plus, cherchant<br />

surtout à montrer (en arrondissant aux maxima supérieurs chacune <strong>des</strong> dimensions<br />

envisagées) que le calcul <strong>des</strong> volumes en grains de sable était possible grâce à son système<br />

d’écriture de très grands nombres 33 , d’où justement les hésitations et les ratures <strong>des</strong> copistes<br />

sur les différents manuscrits qui ont transmis le texte de Théon de Smyrne.<br />

D’autres textes d’auteurs médioplatoniciens nous permettraient de confirmer encore l’assertion<br />

selon laquelle l’analogie, même explicitement utilisée comme instrument d’un raisonnement<br />

d’allure scientifique, et malgré son origine géométrique indéniable, reste pourtant<br />

d’abord, pour le philosophe, un moyen de fonder solidement le « regard d’en haut » qu’il<br />

31 Les sphères ayant entre elles le rapport <strong>des</strong> cubes de leurs diamètres, comme le rappelle Archimède dans<br />

l’Arénaire, ce rapport sera de mille à 515 mille milliards. Ce que nous voulions faire remarquer ici c’est comment<br />

la sphère de 10 sta<strong>des</strong> de diamètre (volume C) joue en fait, dans le raisonnement analogique portant sur<br />

les rapports entre volumes sphériques, un même rôle instrumental (de moyen proportionnel en quelque sorte)<br />

que celle d’un pied de diamètre (volume B) : Le volume A est au volume B, comme le volume C est au volume<br />

D, sachant que la plus haute montagne est encore bien plus petite que le volume sphérique C.<br />

32 Archimède, L’Arénaire, éd. et traduction de C. Mugler.<br />

33 Cf. Delattre J., « Nombre et astronomie : mesure de la Terre, mesure de l’Univers dans la Grèce antique »,<br />

La mémoire du nombre, Publication de l’IREM de Caen, 1997, p. 485-506.6<br />

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