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comptes-rendus des séances - Savoirs Textes Langage - Lille 3

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L’analogie dans la théorie <strong>des</strong> fonctions algébriques de<br />

Dedekind et Weber<br />

Sonia Couche<br />

doctorante au laboratoire d’Histoire <strong>des</strong> Sciences et Epistémologie de <strong>Lille</strong> 1<br />

sonia.couche@univ-lille1.fr<br />

L’article de Dedekind et Weber Theorie der algebraischen Functionen einer Veränderlichen<br />

de 1882 est connu pour développer une analogie entre les fonctions algébriques et<br />

les nombres algébriques. Dedekind et Weber y développent une arithmétique <strong>des</strong> fonctions<br />

algébriques "importée" de la théorie <strong>des</strong> nombres algébriques, qui leur permet de retrouver<br />

algébriquement les résultats de la théorie géométrique de Riemann <strong>des</strong> fonctions algébriques.<br />

Cette théorie conceptuelle, totalement novatrice, comporte <strong>des</strong> exceptions concernant les singularités<br />

et recourt à l’intuition géométrique dans les questions de continuité ou d’analycité.<br />

Afin de combler ces lacunes, Dedekind et Weber abordent l’étude <strong>des</strong> fonctions algébriques<br />

avec un point de vue arithmétique et s’inscrivent ainsi dans le mouvement d’arithmétisation<br />

<strong>des</strong> mathématiques de la fin du XIX e siècle.<br />

L’analogie chez Dedekind et Weber ne se réduit néanmoins pas à l’analogie entre nombres<br />

et fonctions. Une lecture plus attentive permet de dégager une autre analogie dans leur travaux,<br />

plus discrète et subtile, qui, par l’emploi analogique du mot «point», conjugue rigueur<br />

algébrique et intuition géométrique. Si cette analogie est moins apparente et son action quasi<br />

souterraine, il ne faut pas pour autant négliger son intérêt provenant, en partie, de ce qu’elle<br />

est implicite et non revendiquée.<br />

Nous proposons comme point de départ la définition suivante : l’analogie établit une<br />

correspondance vraisemblable <strong>des</strong> savoirs 38 , ces savoirs pouvant être <strong>des</strong> notions, <strong>des</strong> théorèmes,<br />

<strong>des</strong> métho<strong>des</strong> mais aussi <strong>des</strong> intuitions au sens d’un savoir immédiatement saisi par<br />

l’esprit. A partir de cette définition générale, générique en quelque sorte, il s’agit d’expliciter<br />

la pluralité de l’analogie en précisant ses différents domaines d’intervention ainsi que ses<br />

différents mo<strong>des</strong> de fonctionnement.<br />

1. L’analogie entre nombres algébriques et fonctions algébriques<br />

Les ressemblances entre nombres entiers et polynômes sont nombreuses : dans un cas<br />

comme dans l’autre, on a une division euclidienne, un entier se décompose de façon unique<br />

en produit de nombres premiers comme un polynôme se décompose de façon unique en<br />

produit de polynômes irréductibles ...<br />

Jusqu’à la fin du XIX e siècle, il ne s’agit que de constatations sur deux domaines qui se<br />

sont développés indépendamment l’un de l’autre et qui n’engagent pas de recherches ma-<br />

38 Encyclopédie philosophique universelle, publiée sous la direction d’André Jacob, volume II Les notions<br />

philosophiques Dictionnaire, tome I, p. 82.<br />

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