02.07.2013 Views

comptes-rendus des séances - Savoirs Textes Langage - Lille 3

comptes-rendus des séances - Savoirs Textes Langage - Lille 3

comptes-rendus des séances - Savoirs Textes Langage - Lille 3

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

thématiques particulières. Elles sont même assez rarement mentionnées, mais on peut néanmoins<br />

raisonnablement penser que ces similitu<strong>des</strong> sont communément connues à l’époque.<br />

Le fait de dégager ces ressemblances opératoires qui laissent penser à une certaine unité de<br />

structure <strong>des</strong> entiers rationnels d’un côté et <strong>des</strong> polynômes de l’autre relève bien de l’analogie,<br />

mais d’une analogie "passive" pourrait-on dire.<br />

L’article de Dedekind et Weber Theorie der algebraischen Functionen einer Veränderlichen<br />

de 1882 marque en ce sens un tournant puisque l’analogie y est un moyen d’investigation<br />

effectif de la théorie <strong>des</strong> fonctions algébriques.<br />

Dedekind et Weber annoncent dès l’introduction :<br />

Pour le cas général [<strong>des</strong> fonctions algébriques d’une variable], qui se comporte vis-à-vis<br />

(...) du cas [de la théorie <strong>des</strong> fonctions rationnelles d’une variable], comme le cas <strong>des</strong><br />

nombres algébriques définis de façon la plus générale, vis-à-vis du cas <strong>des</strong> nombres rationnels,<br />

les métho<strong>des</strong>, appliquées avec le plus grand succès dans la théorie <strong>des</strong> nombres,<br />

qui se rattachent à la création de Kummer <strong>des</strong> nombres idéaux, et qui sont susceptibles<br />

d’un transfert à la théorie <strong>des</strong> fonctions, montrent la voie. 39<br />

Le mot d’analogie n’est pas encore dit mais la figure de l’analogie de proportions est clairement<br />

présente. Ils construisent une théorie <strong>des</strong> fonctions algébriques qui soit à la théorie<br />

<strong>des</strong> fonctions rationnelles comme la théorie <strong>des</strong> nombres algébriques l’est à la théorie <strong>des</strong><br />

nombres rationnels.<br />

théorie <strong>des</strong> nombres algébriques<br />

théorie <strong>des</strong> nombres rationnels<br />

= théorie <strong>des</strong> fonctions algébriques<br />

théorie <strong>des</strong> fonctions rationnelles<br />

Par ailleurs, les deux mathématiciens nous donnent le mode de fonctionnement de l’analogie<br />

: un transfert, qui s’avérera massif, de notions et de métho<strong>des</strong> du domaine numérique au<br />

domaine fonctionnel.<br />

Pour comprendre le rapport entre théorie <strong>des</strong> fonctions algébriques et théorie <strong>des</strong> fonctions<br />

rationnelles, il faut donc se tourner vers la généralisation <strong>des</strong> théorie <strong>des</strong> nombres algébriques<br />

à partir <strong>des</strong> nombres rationnels.<br />

L’origine <strong>des</strong> idéaux La notion d’idéal a été crée par Dedekind en 1871 dans sa théorie<br />

<strong>des</strong> nombres algébriques publiée comme dixième supplément <strong>des</strong> Vorlesungen de Dirichlet.<br />

Ses recherches s’inscrivent dans le prolongement de celles de Kummer sur un certain<br />

type d’entiers algériques : les entiers cyclotomiques a0 + a1ζ + a2ζ 2 + ··· + an−1ζ n−1 où les<br />

ai sont <strong>des</strong> entiers relatifs et ζ une racine primitive n e de l’unité 40 . Dirichlet avait mis en<br />

évidence une rupture d’analogie avec l’arithmétique de Z que Dedekind commente ainsi :<br />

Ce résultat [la décomposition d’un entier en un nombre fini d’éléments premiers] correspond<br />

encore totalement à la loi qui a lieu dans la théorie <strong>des</strong> nombres entiers rationnels<br />

ou complexes, savoir que tout nombre composé peut être représenté par le produit fini<br />

39Dedekind R. u. Weber H., "Theorie der algebraischen Functionen einer Veränderlichen", Journ. de Crelle,<br />

1882, vol. 92, pp. 181-182.<br />

40Kummer est motivé par la démonstration du théorème de Fermat, c’est-à-dire de l’impossibilité de l’équation<br />

xn + yn = zn pour n supérieur à 2. Une piste était de factoriser xn + yn sous la forme (x + y)(x + ζy)...(x +<br />

ζn−1y) 65

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!