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comptes-rendus des séances - Savoirs Textes Langage - Lille 3

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géométrique qui se différencie <strong>des</strong> simples images par son caractère opératoire : par le biais<br />

du terme de point, la surface de Riemann illustre et aide à formaliser par ses problématiques<br />

géométriques les problématiques algébriques. Elle permet de saisir d’un coup la démarche<br />

algébrique de Dedekind et Weber.<br />

On voit alors réapparaître l’analogie, sous une nouvelle forme, dans le transfert de vocabulaire.<br />

Il ne s’agit certes pas d’une analogie entre les théories algébrique et géométrique <strong>des</strong><br />

fonctions algébriques, qui traitent simplement le même sujet avec deux approches différentes<br />

comme l’on peut avoir plusieurs démonstrations pour un même théorème. Mais il y a une<br />

analogie entre le point de vue géométrique de Riemann et le point de vue algébrique de Dedekind<br />

et Weber. Le mot point et la notion qu’il recouvre est donc le carrefour <strong>des</strong> influences,<br />

<strong>des</strong> intuitions arithmétiques et géométriques qui viennent s’y mêler et se féconder.<br />

La non revendication de cet usage analogique du mot point révèle peut-être un attachement<br />

à l’intuition plus fort que Dedekind et Weber ne le laissent entendre ou même qu’ils ne<br />

le voudraient. Accepter l’analogie permet certes de s’ouvrir à un nouveau champ d’intuition<br />

mais c’est également prendre le risque de s’y laisser enfermer.<br />

Conclusion<br />

L’un <strong>des</strong> effets de l’analogie est de brouiller les frontières <strong>des</strong> disciplines. Mais le rapprochement<br />

voire la (con)fusion <strong>des</strong> disciplines crée un cadre commun arithmético-géométrique<br />

qui est plus que la somme de l’arithmétique et de la géométrie. Il y a enrichissement en même<br />

temps que fusion.<br />

Si l’analogie disparaît dans le passage, totalement explicité par la notion d’idéal, du domaine<br />

rationnel au domaine algébrique, l’analogie entre le domaine numérique et le domaine<br />

fonctionnel reste, elle, ouverte. Dedekind et Weber ont développé cette analogie mais n’en<br />

donnent pas la clé.<br />

Elle continuera d’être exploitée par Hensel à partir de 1897, dans l’autre sens : le développement<br />

en série au voisinage d’un point <strong>des</strong> fonctions algébriques inspirera ce mathématicien<br />

pour créer les nombres p-adiques. Ces nombres p-adiques favoriseront par la suite l’étude<br />

d’une théorie intermédiaire entre théorie <strong>des</strong> nombres algébriques et théorie <strong>des</strong> fonctions<br />

algébriques : la théorie <strong>des</strong> fonctions algébriques d’une variable sur un corps fini. L’analogie<br />

entre nombres algébriques et fonctions algébriques sera remplacée par deux analogies<br />

plus "fortes" qui, selon André Weil, feront de cette théorie <strong>des</strong> fonctions algébriques d’une<br />

variable sur un corps fini une «plaque tournante» orientant les recherches vers la géométrie<br />

algébrique ou vers la théorie <strong>des</strong> nombres.<br />

Quelques références :<br />

Blanckaert C., "Variations sur le darwinisme. Epistémologie et transfert lexical", in Transfert<br />

de vocabulaire dans les sciences, sous la direction de Louis P. et Roger J., éditions du CNRS,<br />

Paris, 1988.<br />

Boniface J., Hilbert et la notion d’existence en mathématique, Vrin, Paris, 2004, p. 77-101.<br />

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