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comptes-rendus des séances - Savoirs Textes Langage - Lille 3

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on peut abaisser le degré d’autant d’unités que l’on connaît de racines [Libri, 1839]. La démonstration<br />

de ce théorème figurait dans une lettre de d’Alembert de 1766. Mais, avant Libri,<br />

personne n’avait souligné l’analogie qu’il faisait apparaître. Il est pourtant assez simple de<br />

constater qu’elle est étroitement liée à la méthode de variation de la constante, par ailleurs<br />

très utilisée par Lagrange. Elle est aussi très visible si l’on utilise une « formule de Taylor<br />

» <strong>des</strong> opérateurs linéaires, parallèlement à celle <strong>des</strong> polynômes. En 1808, Brisson a mis en<br />

évidence une telle formule, mais il ne l’a pas utilisée dans ce but. L’idée sera reprise par<br />

Brassine en 1864.<br />

Fondée sur les idées de Leibniz, l’analogie entre calcul algébrique et calcul différentiel<br />

et intégral va au cours du XIX e . siècle se développer en suivant deux branches : d’un côté,<br />

le calcul sur les expressions formelles aboutissant au calcul sur les opérateurs, esquissé ci<strong>des</strong>sus,<br />

de l’autre, l’approfondissement et l’explicitation (via la théorie de Galois) de l’analogie<br />

entre équation algébrique et équation différentielle linéaire citée par Libri. J.Liouville,<br />

dans la première moitié du XIX e siècle est à la charnière.<br />

Après Cauchy la méfiance est forte vis-à-vis <strong>des</strong> résultats dépendant de la convergence<br />

<strong>des</strong> séries infinies et l’époque est à l’algébrisation de l’analyse ; l’objectif vis-à-vis <strong>des</strong> équations<br />

reste leur résolution. Liouville développe pour le calcul intégral et la résolution <strong>des</strong><br />

équations différentielles un processus d’algébrisation qui est un travail sur <strong>des</strong> expressions<br />

formelles explicites ou implicites, mais qui cherche à percer le mystère de la relation entre<br />

la forme de l’expression soumise au calcul ou celle de l’équation différentielle et la forme<br />

possible de la solution.<br />

Il s’appuie sur une analyse du fonctionnement du calcul intégral en lui-même, tel qu’il a<br />

pu être exploré par Euler (Institutiones calculi integralis, 1768) et systématisé par Condorcet<br />

(Du calcul intégral, 1765 et Recherches de calcul intégral, 1772). Leibniz et Bernoulli avait<br />

ouvert la voie à une intégration systématique <strong>des</strong> fractions rationnelles en utilisant la décomposition<br />

en éléments simples, mais le calcul intégral restait un art et beaucoup d’intégrales ne<br />

se laissaient pas réduire à <strong>des</strong> intégrales plus simples ; Condorcet en cherchant à établir une<br />

théorie algébrique de l’intégration, amorce le traitement de la question de savoir comment la<br />

forme de l’intégrale est liée à la forme de la fonction et notamment pour quelles fonctions<br />

algébriques l’intégrale est-elle algébrique.<br />

Une autre source fondamentale est le travail d’Abel. Le mémoire d’Abel paru au journal<br />

de Crelle en 1826 « Démonstration de l’impossibilité de la résolution algébrique <strong>des</strong> équations<br />

générales qui passent le quatrième degré » répond au problème d’écrire les racines<br />

d’une équation algébrique comme fonction algébrique de ses coefficients, c’est-à-dire pour<br />

Abel, comme une expression <strong>des</strong> coefficients dans laquelle n’entrent que les opérations de<br />

l’arithmétique et l’extraction de radicaux d’indices premiers. Ce résultat a eu un double apport.<br />

Il modifie le point de vue sur les équations, il s’agira d’abord de savoir si l’obtention<br />

de solutions d’un type donné est possible, ensuite, en cas de réponse positive il faudra les<br />

produire. Sur le plan technique, la démonstration se déroule par identification après avoir<br />

exhiber la forme la plus générale d’une fonction algébrique <strong>des</strong> coefficients et cela amène<br />

Abel à construire une classification de la valeur de ces formes par rapport à la complexité de<br />

leur écriture la plus simple ; un couple de deux entiers représente ainsi une classe, ouvrant la<br />

voie à <strong>des</strong> récurrences <strong>des</strong>cendantes, comme pour le degré d’un polynôme.<br />

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