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comptes-rendus des séances - Savoirs Textes Langage - Lille 3

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d’une interprétation alternative du mot point, à la portée conceptuelle plus profonde que la<br />

métaphore et sur laquelle s’appuient Dedekind et Weber pour construire leur propre "surface<br />

algébrique" : en étudiant les points du corps de fonctions algébriques par rapport à une fonction,<br />

ils dégagent une structure de l’ensemble <strong>des</strong> points. Or cette structure prend corps grâce<br />

à l’importation par le biais du terme de point <strong>des</strong> problématiques géométriques de la surface<br />

de Riemann.<br />

Il y a, en effet, <strong>des</strong> références implicites à cette surface. L’organisation <strong>des</strong> points selon<br />

une fonction repose sur la notion d’ordre qui est relative à cette fonction. Regardons attentivement<br />

la terminologie de cette notion :<br />

w − c est infiniment petit d’ordre r en P<br />

w − c est 0r en P : w a la valeur c r fois en P<br />

w − c est 0 en Pr ⏐<br />

: w a la valeur c0 en r points coïncidant avec P <br />

Le glissement de terminologie reflète un dédoublement virtuel de points : il s’agit en fait<br />

d’une pondération <strong>des</strong> points plus qu’un dédoublement effectif de points. Dedekind et Weber<br />

ne parlent d’ailleurs jamais de dédoublement mais de points coïncidants, confondus. Mais ils<br />

donnent ainsi l’image d’un dédoublement pour expliquer la pondération <strong>des</strong> points : un point<br />

où une fonction est d’ordre r est comme r points coïncidants où la fonction serait d’ordre 1.<br />

Subrepticement, par les mots, Dedekind et Weber font passer la multiplicité de l’ordre, c’està-dire<br />

de la fonction, au point. Ce faisant, ils importent et calquent sur leur raisonnement<br />

algébrique, une problématique de la théorie riemannienne : faire passer la multiplicité de la<br />

fonction à son support.<br />

Ce dédoublement permet de saisir intuitivement la notion de point de ramification, sorte<br />

de point "éclaté puis effondré" : le dédoublement est comme une parenthèse où le point se<br />

démultiplie avant de s’effondrer sur lui-même, retrouvant son unité, mais devenu plus "lourd"<br />

par rapport à la fonction choisie.<br />

Le transfert <strong>des</strong> problématiques géométriques dans le champ algébrique, qui ne peut se<br />

faire qu’au travers du mot point et de son potentiel géométrique, fait apparaître en filigrane<br />

la structure d’une surface de Riemann. La notion de point de ramification aboutit à une<br />

organisation <strong>des</strong> points du corps de fonctions algébriques que l’on peut représenter ainsi<br />

··· ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ • ◦ ◦ ◦ ◦ ···<br />

··· ◦ ◦ ◦ • ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ···<br />

··· ◦ • ◦ ◦ ◦ ◦ • ◦ ◦ ◦ ◦ ···<br />

··· ◦ ◦ • ◦ • ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ • ···<br />

··· ◦ ◦ ◦ • ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ···<br />

. . . . . . . . . . . . . . .<br />

··· ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ • ◦ ◦ ◦ ···<br />

Dedekind et Weber sont donc parvenus à un ensemble de points structuré en étages dont<br />

certains se rejoignent aux points de ramification (points noirs ci-<strong>des</strong>sus). On voit alors apparaître<br />

une structure discrète de feuillets avec ramification.<br />

S’il ne faut pas visualiser le point algébrique de Dedekind et Weber par un point quelconque<br />

mais par le point de la surface de Riemann, il ne s’agit pas non plus d’importer de la<br />

théorie riemanienne de simples images géométriques. Le mot « point » véhicule une intuition<br />

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