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comptes-rendus des séances - Savoirs Textes Langage - Lille 3

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Liouville transporte au domaine de l’intégration les métho<strong>des</strong> d’Abel : il étalonne de façon<br />

similaire le champ <strong>des</strong> fonctions transcendantes pour repérer les formes <strong>des</strong> solutions<br />

<strong>des</strong> équations différentielles, les fonctions y sont <strong>des</strong> objets sans valeurs numériques, définis<br />

par <strong>des</strong> signes ayant certaines propriétés, parmi lesquels est incluse la dérivation.<br />

Pour préciser ce propos, il suffit de suivre la démarche de Liouville à travers deux mémoires<br />

« Sur la détermination <strong>des</strong> intégrales dont la valeur est algébrique » et un mémoire<br />

« Sur la classification <strong>des</strong> transcendantes et sur l’impossibilité d’exprimer les racines de<br />

certaines équations en fonction finie explicite <strong>des</strong> coefficients ».<br />

L’objet <strong>des</strong> deux premiers mémoires cités est clair : « Etant donnée une fonction algébrique<br />

quelconque f (x), on pourra toujours décider si elle a ou n’a pas pour intégrale<br />

une fonction algébrique, et si la question est résolue affirmativement, le même procédé fera<br />

connaître la valeur de f (x)dx ». Ils posent une sorte de base à l’édifice qui va suivre en clarifiant<br />

ce que sont les fonctions algébriques, explicites d’abord puis implicites : aux nombres<br />

rationnels dans le cas numérique sont substituées les fractions rationnelles de la variable x<br />

dans le cas <strong>des</strong> fonctions, la possibilité de transformation <strong>des</strong> formules est plus grande car<br />

l’opération de dérivation, qui reproduit les radicaux peut servir à explorer la complexité <strong>des</strong><br />

formules et être outil d’élimination.<br />

Au résultat d’Abel : « Si une équation est résoluble algébriquement, on peut toujours<br />

donner à la racine une forme telle que toutes les fonctions algébriques dont elle est composée<br />

puissent s’exprimer par <strong>des</strong> fonctions rationnelles <strong>des</strong> racines de l’équation proposée. » fait<br />

pendant le résultat de Liouville : « La valeur de ydx quand elle est algébrique se trouve<br />

égale à une fonction rationnelle de x et y ». Dans ce cas, Liouville en donne effectivement la<br />

forme polynomiale en y.<br />

Les métho<strong>des</strong> du domaine algébrique <strong>des</strong> nombres sont transposées : polynôme minimal,<br />

utilisation <strong>des</strong> racines conjuguées, réduction de l’expression possible <strong>des</strong> solutions qui amène<br />

à penser le calcul par étapes, et où à chaque étape le domaine <strong>des</strong> coefficients sur lequel on<br />

travaille diminue. Un corollaire apparaît : les intégrales elliptiques, dont le calcul jusqu’ici<br />

résiste, ne sont pas algébriques.<br />

Mais l’intégration de fonctions aussi simples que les fractions rationnelles peut introduire<br />

<strong>des</strong> logarithmes et force est de sortir du champ algébrique. Liouville introduit un point de<br />

vue constructif sur les transcendantes à l’image de l’édifice <strong>des</strong> fonctions algébriques à partir<br />

<strong>des</strong> fractions rationnelles et fondé sur la connaissance formelle <strong>des</strong> fonctions algébriques<br />

qu’il a contribué à solidifier. On y retrouve deux mo<strong>des</strong> de définition, l’explicite à partir<br />

d’opérations qui peuvent être alors d’un type transcendant bien défini et l’implicite : « est<br />

fonction finie explicite de x lorsqu’on peut écrire l’expression en indiquant explicitement sur<br />

la variable x un nombre limité d’opérations algébriques, exponentielles et logarithmiques<br />

» et « une fonction finie est implicite, lorsqu’elle dépend d’équations finies, non résolubles<br />

explicitement » (par exemple y racine de logy = xy est fonction finie implicite de x).<br />

L’étalonnage est encore une fois nécessaire pour repérer si une transcendante fait partie<br />

ou non de cette collection, il est transposé de celui d’Abel . L’époque est aux classifications<br />

et le mot " espèce "emprunté aux sciences naturelles, désigne l’un <strong>des</strong> deux entiers mesurant<br />

la complexité d’une expression une fois réduite : une fonction finie transcendante est de<br />

première espèce si les signes relatifs aux opératoires transcendantes dont elle dépend, portent<br />

sur de simples fonctions algébriques, elle est de deuxième espèce si ces signes portent sur <strong>des</strong><br />

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