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SAVOIR<br />
Blazy dénonce “la consanguinité dans le<br />
microcosme du transport aérien”<br />
Extraits du journal officiel (débats)<br />
M. Jean-Pierre Blazy. La validité <strong>de</strong> ce choix est biaisée <strong>par</strong> la<br />
consanguinité qui existe dans le microcosme du transport aérien.<br />
Comme le montre une affaire récente, révélée <strong>par</strong> Les Echos et Le<br />
Canard enchaîné, ce sont les mêmes personnes qui passent d'un<br />
poste à l'autre, en circuit fermé, entre les cabi<strong>net</strong>s <strong>de</strong>s ministres, la<br />
direction générale <strong>de</strong> l'aviation civile et la direction d'Aéroports <strong>de</strong><br />
Paris. (Exclamations sur les bancs du groupe <strong>de</strong> l'Union pour un<br />
mouvement populaire.)<br />
M. Michel Hunault. De tels propos sont scandaleux dans notre<br />
hémicycle !<br />
M. Jean-Pierre Blazy. Comment, dans ces conditions, <strong>par</strong>ler <strong>de</strong><br />
choix objectifs faits au <strong>nom</strong> <strong>de</strong> l'intérêt général ? Les politiques<br />
eux-mêmes se laissent dépossé<strong>de</strong>r <strong>de</strong> leurs responsabilités. Le<br />
directeur <strong>de</strong> cabi<strong>net</strong> du secrétaire d'État aux transports et à la mer,<br />
M. François Gauthey, a ainsi été rémunéré <strong>par</strong> ADP, où il a travaillé<br />
<strong>de</strong> 1995 à 2002, à hauteur <strong>de</strong> 7 000 euros bruts <strong>par</strong> mois,<br />
comme l'ont révélé récemment Les Echos et Le Canard enchaîné.<br />
(Vives protestations sur les bancs du groupe <strong>de</strong> l'Union pour un<br />
mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.)<br />
M. Michel Hunault. C'est une attaque personnelle ! De votre <strong>par</strong>t,<br />
c'est indécent !<br />
M. Jean-Pierre Blazy. <strong>Ce</strong>la vous gêne peut-être, mais c'est dans<br />
la presse.<br />
M. François Goulard, secrétaire d'État aux transports et à la mer.<br />
C'est faux !<br />
M. Jean-Pierre Blazy. Puisque vous arrivez à l'instant, monsieur<br />
le secrétaire d'Etat, vous pourrez vous exprimer sur le sujet !<br />
M. le ministre <strong>de</strong> l'équipement, <strong>de</strong>s transports, <strong>de</strong> l'aménagement<br />
du territoire, du tourisme et <strong>de</strong> la mer. C'est nul !<br />
M. Jean-Pierre Blazy. La réalité vous gênerait-elle ? La presse<br />
serait-elle indécente ? Je m'y réfère : si elle s'est trompée, à vous<br />
<strong>de</strong> rétablir la vérité !<br />
M. le secrétaire d'État aux transports et à la mer. Vos propos<br />
sont inadmissibles !<br />
M. Jean-Pierre Blazy. Vous n'avez pas à les juger ni à me donner<br />
<strong>de</strong>s notes.<br />
M. Michel Hunault. Nous en re<strong>par</strong>lerons lors <strong>de</strong>s explications <strong>de</strong><br />
vote !<br />
M. François-Michel Gonnot. Ren<strong>de</strong>z-nous Maxime Gremetz !<br />
M. Jean-Pierre Blazy. M. Gauthey percevait également un salaire<br />
<strong>de</strong> chef <strong>de</strong> service clients d'Aéroports <strong>de</strong> Paris alors qu'il était<br />
conseiller aux transports du Premier ministre, <strong>de</strong> juillet 2002 à<br />
mars 2004.<br />
M. François-Michel Gonnot, rapporteur. Et les emplois Air<br />
France sous Mitterrand ?<br />
M. Jean-Pierre Blazy. Le remboursement du salaire <strong>de</strong><br />
M. Gauthey à sa société d'origine n'a toujours pas été effectué.<br />
Voilà ce que dit la presse. Comment accepter un tel mélange <strong>de</strong>s<br />
genres : un cadre supérieur d'une entreprise publique occupant un<br />
poste <strong>de</strong> responsabilité dans le ministère chargé <strong>de</strong> la privatiser ?<br />
On tente ensuite <strong>de</strong> nous faire croire que la transformation d'ADP<br />
en SA est inéluctable et va dans le sens <strong>de</strong> l'intérêt général. Nous<br />
attendons vos explications.<br />
68<br />
Grâce à la loi “<br />
une société<br />
La législation <strong>de</strong> notre pays<br />
concernant l’activité aéroportuaire<br />
n’a pas évolué<br />
<strong>de</strong>puis la Libération. <strong>Ce</strong>tte activité,<br />
que l’on connaît bien ici, a<br />
pourtant considérablement<br />
changé, à l’instar du transport<br />
aérien, <strong>de</strong>puis ces années. En<br />
France, les principaux aéroports<br />
(Roissy et Orly) sont gérés<br />
<strong>de</strong>puis un <strong>de</strong>mi-siècle <strong>par</strong> un<br />
établissement public<br />
“Aéroports <strong>de</strong> Paris” (ADP) dont<br />
le statut date <strong>de</strong> l’après-guerre.<br />
<strong>Ce</strong>s aéroports sont donc gérés<br />
directement <strong>par</strong> l’Etat, avec<br />
toute la lour<strong>de</strong>ur que cela impose,<br />
au moment où la concurrence<br />
s’exerce à plein dans l’activité<br />
commerciale aérienne.<br />
Juste un exemple : le “territoire”<br />
d’ADP se situe, d’après la loi,<br />
dans la seule région <strong>par</strong>isienne<br />
(50 Km autour <strong>de</strong> Paris). Or,<br />
<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années, ADP, <strong>par</strong> l’intermédiaire<br />
<strong>de</strong> filiales ad hoc<br />
(ADP Management, ADP<br />
Ingénierie…) travaille et exporte<br />
son savoir-faire aéroportuaire<br />
dans le mon<strong>de</strong> entier (Mexique,<br />
Chine, Japon, Afrique…). Par<br />
ailleurs, les investissements<br />
“aéroportuaires” coûtant <strong>de</strong> plus<br />
en plus chers, l’Etat, dont les<br />
finances sont aux abois, (et ce<br />
n’est pas étonnant) a commencé<br />
à se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si les activités<br />
aéroportuaires et péri-aéroportuaires<br />
rentraient vraiment dans<br />
son rôle <strong>de</strong> régulateur.<br />
C’est pour ces raisons que le<br />
gouvernement a présenté, à la<br />
rentrée 2004, un projet <strong>de</strong> loi<br />
relatif aux aéroports, lequel pré-<br />
voyait aussi <strong>de</strong> réformer le mo<strong>de</strong><br />
d’exploitation <strong>de</strong>s aéroports<br />
régionaux. Le projet a été examiné<br />
dans un premier temps <strong>par</strong> le<br />
Sénat. C’est le sénateur Le<br />
Grand, (celui qui avait fait adopter<br />
une proposition <strong>de</strong> loi sur les<br />
“Communautés aéroportuaires”),<br />
qui en a été le rapporteur. S’en<br />
est suivi un débat, au cours<br />
duquel la majorité sénatoriale a<br />
adopté le texte, l’opposition<br />
votant farouchement contre. Puis<br />
ce fut au tour <strong>de</strong> l’Assemblée<br />
nationale <strong>de</strong> la discuter et <strong>de</strong><br />
l’adopter en y ajoutant quelques<br />
modifications. Le Sénat a adopté<br />
le texte modifié <strong>par</strong> l’Assemblée<br />
nationale, le rendant définitif.<br />
Toutefois les députés socialistes<br />
ont contesté plusieurs dispositions<br />
du texte en saisissant le<br />
Conseil Constitutionnel, qui ne<br />
les a pas suivi.<br />
Le rapport du<br />
sénateur Le Grand<br />
Chaque projet (ou proposition)<br />
<strong>de</strong> loi est d’abord examiné <strong>par</strong><br />
l’une <strong>de</strong>s commissions <strong>de</strong>s<br />
assemblées qui l’examine. Le<br />
projet <strong>de</strong> loi ayant été déposé en<br />
premier <strong>de</strong>vant le Sénat, c’est sa<br />
commission <strong>de</strong>s Affaires éco<strong>nom</strong>iques<br />
qui l’a examiné et le<br />
sénateur Le Grand en a été le<br />
rapporteur.<br />
Le projet <strong>de</strong> loi comportait 16<br />
articles ré<strong>par</strong>tis en quatre<br />
titres :<br />
• le titre I transforme l’établissement<br />
public Aéroports <strong>de</strong> Paris