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Bénéfice. net bimestriel gratuit édité par VPP SARL - Ce nom de ...

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COURRIER DES LECTEURS<br />

fabriquer <strong>de</strong>s ghettos où seront<br />

enfermées <strong>de</strong>s familles pour <strong>de</strong>s<br />

générations."<br />

C'est décidément très courageux<br />

<strong>de</strong> stigmatiser une femme <strong>de</strong><br />

gauche élue <strong>de</strong>puis 30 ans dans<br />

une ville qui remplit <strong>de</strong>s fonctions<br />

d'accueil avec 60 % <strong>de</strong><br />

logements sociaux, plutôt que<br />

ses voisins, maires <strong>de</strong> droite qui<br />

refusent obstinément d'en<br />

construire ne fût-ce que 20 %.<br />

Au cas où le problème du logement<br />

vous intéresserait vraiment,<br />

je vous accueillerais bien volontiers<br />

pour en <strong>par</strong>ler avec vous, là<br />

où j'habite <strong>de</strong>puis 40 ans, au<br />

quartier "le Puits-la-Marlière" à<br />

Villiers-le-Bel.<br />

Salutations.<br />

Madame,<br />

Réponse<br />

J’ai bien reçu votre lettre citée<br />

en référence. Vous avez lu notre<br />

magazine “<strong>Bénéfice</strong>.<strong>net</strong>” et je<br />

vous en remercie, cela confirme<br />

sa bonne diffusion. Je vous<br />

remercie <strong>de</strong> votre bonne appréciation<br />

sur notre sens <strong>de</strong> la<br />

nuance et notre courtoisie, j’en<br />

suis honoré.<br />

Plus sérieusement, le passage<br />

vous concernant illustrait très<br />

bien mon propos dans l’article<br />

sur le logement dans notre<br />

région <strong>de</strong> Roissy. Il est <strong>de</strong> notoriété<br />

publique que <strong>nom</strong>bre <strong>de</strong><br />

municipalités rechignent, c’est<br />

le moins que l’on puisse dire, à<br />

faire <strong>de</strong> la place pour les logements<br />

“sociaux”. Les raisons en<br />

sont certainement multiples,<br />

mais la crainte <strong>de</strong> l’arrivée <strong>de</strong><br />

nouvelles populations “sociales”<br />

donc, pour reprendre ce mot,<br />

avec leur mauvais comportement<br />

(supposé, évi<strong>de</strong>mment) et<br />

le risque d’un vote différent lors<br />

<strong>de</strong>s élections locales sont <strong>de</strong>s<br />

raisons non dites (mais <strong>de</strong> plus<br />

en plus dites), mais bien réelles.<br />

D’où la “stigmatisation” que<br />

vous aviez fort bien dénoncée<br />

lors <strong>de</strong> cette réunion sur le<br />

SCOT à laquelle j’ai assisté,<br />

toute ouïe. Toute ouïe, enfin<br />

c’est relatif, la plu<strong>par</strong>t <strong>de</strong>s intervenants,<br />

vous ne l’avez peutêtre<br />

pas remarqué, <strong>par</strong>laient si<br />

longuement… Je suis même<br />

certain que si l’on pouvait <strong>par</strong>fois<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à ce type d’orateur,<br />

quand il a fini <strong>de</strong> <strong>par</strong>ler, le<br />

sens <strong>de</strong> sa première phrase, il ne<br />

s’en souviendrait plus… C’est<br />

regrettable et, j’en suis persuadé,<br />

ce genre d’oraison qui n’en<br />

finit pas, passant du coq à l’âne,<br />

très souvent confuse et souvent<br />

incompréhensible <strong>par</strong>ce que<br />

bourrée d’à-peu-près et <strong>de</strong><br />

contradictions, contribue à éloigner<br />

<strong>de</strong> débats au <strong>de</strong>meurant<br />

fort utiles <strong>nom</strong>bre <strong>de</strong> nos concitoyens.<br />

Je m’en suis souvent<br />

ouvert à certains <strong>de</strong> mes amis<br />

élus (pru<strong>de</strong>mment, à ceux qui<br />

écoutent…) : je sais qu’ils n’en<br />

sont pas toujours conscients.<br />

<strong>Ce</strong>la fait <strong>par</strong>tie, malheureusement,<br />

et il n’y a pas que cela,<br />

mais on en <strong>par</strong>le moins, <strong>de</strong> la<br />

tristesse <strong>de</strong> la vie politique <strong>de</strong><br />

notre pays et du peu d’attrait <strong>de</strong><br />

la politique en général, ce qui<br />

me désole, personnellement.<br />

Mais revenons à la “stigmatisation”,<br />

décidément tant stigmatisée<br />

<strong>par</strong> nous <strong>de</strong>ux. Vous persistez<br />

et vous signez (“lorsqu’on<br />

rajoute….”), m’écrivez-vous.<br />

Mais si vous aviez seulement dit<br />

ça (un lieu commun, <strong>par</strong>donnez-moi),<br />

je ne l’aurais même<br />

pas entendu, et encore moins<br />

noté. Non, vos propos tenaient<br />

effectivement à la “stigmatisation”<br />

dont seraient (et sont certainement,<br />

je vous l’accor<strong>de</strong>)<br />

victimes les habitants <strong>de</strong>s villes<br />

du “bassin” <strong>de</strong> Sarcelles (dans<br />

78<br />

lequel je range Villiers-le-Bel,<br />

en espérant ne pas vous “stigmatiser”<br />

une nouvelle fois).<br />

Mais lorsque vous avez évoqué<br />

le risque <strong>de</strong> dégradation <strong>de</strong>s<br />

“logements sociaux”, vous avez<br />

dans la foulée fait remarquer,<br />

comme ça, brut, que cela risquait<br />

<strong>de</strong> faire (ou que ça faisait,<br />

je n’ai pas noté dans le détail)<br />

venir <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong>… “Seine-<br />

Saint-Denis” ! Le mot fatal était<br />

prononcé et suffisait, visiblement,<br />

à vous faire comprendre.<br />

Si ce n’est pas <strong>de</strong> la stigmatisation,<br />

ça, alors il faut supprimer<br />

le mot du Dictionnaire ! J’ai<br />

failli intervenir, ayant travaillé<br />

et habité en <strong>par</strong>tie pendant huit<br />

ans dans le 9.3, mais je faisais le<br />

journaliste ce jour-là. Nous<br />

avons commenté vos propos, à<br />

la fin <strong>de</strong> la réunion, avec l’un <strong>de</strong><br />

mes amis présents à la réunion,<br />

lui même originaire du 93, qui<br />

en avait été sinon choqué (il en<br />

a vu d’autres) mais étonné,<br />

venant justement d’une élue <strong>de</strong><br />

gauche, qui plus est donc<br />

“<strong>de</strong>puis trente ans”. Sans vouloir<br />

l’engager, il vous le confirmera<br />

si vous le souhaitez (votre<br />

frère Daniel le connaît bien…).<br />

M’est revenue donc, naturellement,<br />

en tête cette anecdote<br />

quand je rédigeais mon article,<br />

au moment où j’évoque les difficultés<br />

<strong>de</strong> logement rencontrées<br />

chez nous.<br />

Aussi, pour le cas où vous penseriez<br />

qu’il s’agit <strong>de</strong> ma <strong>par</strong>t<br />

d’une volonté délibérée <strong>de</strong> vous<br />

mettre en avant, je vous prie <strong>de</strong><br />

ne rien en croire. Le peu que je<br />

connais <strong>de</strong> vous est que vous<br />

avez une excellente réputation,<br />

voire un caractère indépendant<br />

qui n’est pas fait pour me<br />

déplaire. Et quelle mouche<br />

m’aurait piqué <strong>de</strong> vouloir vous<br />

épingler ? Mais il est vrai aussi<br />

que, même inconsciemment, on<br />

peut, même élue <strong>de</strong> gauche (et<br />

la durée n’y change rien, visiblement)<br />

“stigmatiser” les<br />

populations venues “d’ailleurs”.<br />

Un mot enfin sur les villes<br />

“accueillantes”. Je ne suis pas<br />

sûr que les villes “<strong>de</strong> gauche”<br />

soient accueillantes pour le seul<br />

et unique bonheur <strong>de</strong>s populations<br />

“pauvres”. Je connais<br />

<strong>nom</strong>bre <strong>de</strong> maires <strong>de</strong> cette<br />

orientation qui se complaisent à<br />

construire (avec acharnement<br />

pour beaucoup) <strong>de</strong>s logements<br />

“sociaux” avec, comme motivation<br />

principale (et secrète), l’espérance<br />

d’une sociologie supposée<br />

favorable électoralement<br />

<strong>par</strong>lant (y compris <strong>de</strong>puis que<br />

ces électeurs votent en bonne<br />

<strong>par</strong>tie FN, ce qui arrange bien<br />

certaines élections). Le même<br />

raisonnement vaut bien sûr, à<br />

l’envers, pour les maires <strong>de</strong><br />

droite, je vous l’accor<strong>de</strong> (exception<br />

faite, peut-être, ici, pour<br />

l’un <strong>de</strong> vos “voisins”, le maire<br />

UDF <strong>de</strong> Louvres : cf. mon<br />

article sur cette ville dans le<br />

dossier logement).<br />

Voilà, Madame la Sénatrice,<br />

(tiens, mon correcteur d’orthographe<br />

m’indique que ce mot<br />

n’existe pas. Sûrement encore<br />

un coup <strong>de</strong> Microsoft. Ah, ces<br />

monopoles américains…), la<br />

réponse que je voulais faire à<br />

votre lettre qui, soit dit en passant<br />

m’a honoré, venant d’un<br />

(une ?) membre <strong>de</strong> notre Haute<br />

Assemblée (les sages dit-on) à<br />

laquelle je voue un profond respect.<br />

Tout comme à vous-même,<br />

Avec mes salutations.<br />

Eric Veillon

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