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178 — POST-SCRIPTUM Alger, Messieurs et chers Concitoyens, le 28 mars 1870. Pour votre ordre du jour motivé du 9 de ce mois, vous avez affirmé les principes posés dans ces Cahiers et repoussé la transaction présentée par le Gouvernement dans un projet de Sénatus-consulte et de loi organique qui maintenait et confir mait en Algérie le dualisme contre lequel nous protestons et sons lequel tous nos efforts viennent échouer. Votre unanimité est pour nous un gage précieux de sécurité pour l'avenir. Acceptez nos remercimcnts les plus sincères pour cet acte de patriotisme dont les effets ne doivent pas tarder à se traduire en résultats féconds. Nous ne pouvons prévoir les -propositions nouvelles que le Pouvoir exécutif va soumettre à votre sanction; nous devons nous borner à confirmer à nouveau toutes les demandes conte nues dans ce travail, nos propositions n'étant que la consécra tion et la mise en pratique du principe du gouvernement civil et de l'assimilation des Indigènes aux Colons. Nous nous per-
— 179 — mettrons d'insister près i!o vous pour qu'il soit procédé, sans retard, dans les trois départements de l'Algérie à l'élection des Conseils généraux ainsi qu'à celle des députés, l'élection de mandataires légalement nommés par le suffrage universel pouvant seule vous faire connaître ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas. L'élection des députés algériens a soulevé une question, inattendue de nous, sur laquelle nous croyons devoir vous faire connaître notre opinion unanime. Celte question est celle-ci : Les Indigènes el les Étrangers jouiront-ils, concurremment avec les Français de sang ou par naturalisation, du droit de vote à l'élection de ces députés ? Notre droit public ne parait cependant laisser subsister aucun doute à ce sujet. Toutes nos lois, comme celles de tous les peuples civilisés, exigent de l'électeur et de l'éligible la qualité de citoyen. L'assimilation de l'Algérie à la France maintient les Etran gers de la colonie dans la condition de ceux de la métropole. L'assimilation des Indigènes aux Colons en matière gouver nementale, administrative, judiciaire et financière n'implique pas leur assimilation en matière de droits politiques. Quoique Français, en vertu du Sénatus-consulte de 1863, les Indigènes ne sont pas citoyens et, ce titre, ils ne peuvent l'acquérir, comme les Étrangers, que par la naturalisation. Le Sénatus-consulte de 1863 donne aux uns et aux autres les plus grandes facilités pour la naturalisation. En ne répon dant pas aux offres si généreux qui leur sont faits, ne témoi gnent-ils pas d'une sorte de dédain pour nos droits politiques ? Alors, pourquoi aller au-delà des libéralités de 1863. Le respect de notre dignité nalionale nous impose au moins quelque réserve. N'oublions jamais, quand il s'agit d'Étrangers et sur tout des Indigènes musulmans de l'Algérie, que le droit d'élire et d'être élu n'est acquis à tout citoyen Français que depuis
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