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Le recensement de 1871, s'il est opéré avec la loyauté qui
doit présider à de tels actes, démontrera qu'en dix ans, de
1861 à 1871, c'est-à-dire depuis la suppression du Ministère
civil de l'Algérie et son remplacement par une sorte de dicta
ture militaire, la population indigène musulmane est descendue
au-dessous de deux millions d'âmes, sur le chiffre de 2,761,159
constaté par le recensement de 1861.
D'ailleurs, il n'y a pas à se faire d'illusion : depuis 1830, la
population indigène a diminué de moitié et ses pertes ont été
moins considérables pendant la période de guerre, de 1830 à
1847,
que pendant la période d'administration par les bureaux
arabes, de 1848 à 1869, et, si l'on veut que la dépopulation
cesse sa marche progressive et que des époques critiques
comme celle de 1867-1868 ne se renouvellent pas, il faut
commencer par enlever aux tribus la camisole de force du
Sénatus-consulle de 1863.
Oui, ce Sénatus-consulte,
rendu à la demande des bureaux
arabes, improvisé sans études préalables, malgré les protes
tations énergiques de la totalité des colons, contre l'opinion
motivée du Maréchal-gouverneur, duc de Malakoff, et nous
pouvons ajouter, sans craindre de démenti, contre l'avis des
militaires
qui'
connaissaient le mieux l'Algérie: le général
Sous-gouverneur de Martimprey, le Maréchal Ministre de la
guerre Randon, le Maréchal Ministre Vaillant et autres, cette
Charte terrienne n'est, pour les tribus, que la CAMISOLE DE
FORCE du condamné à mort et la grande mortalité de 1867-
1868 en est la preuve.
En effet,
qu'a fait ce Sénatus-consulte ?
Il a dit aux habitants des territoires arch, ceux principalement
occupés par les Arabes, plus pasteurs qu'agriculteurs ; il leur a
dit :
« Voici le périmètre de votre tribu, voici la limite plus res
treinte de votre douar. Désormais, vous vivrez et vous mourrez
dans ce cercle infranchissable.