Le docteur Dethève appelé en consultation par l'empereur ... - AFEC

Le docteur Dethève et l'empereur Guangxu
accueillît ces témoignages de respect destinés à remplacer les agenouillements
des sujets chinois.
L'Empereur, assis sur un large fauteuil couvert de coussins de satin
jaune, et ayant devant lui une table très étroite et longue, toute simple
de style et sans ornements, portait le chapeau d'hiver avec effilés de
soie rouge et nœud de même couleur tenant lieu de bouton ou globule
mandarinal, et le manteau de taffetas prune ou violet noir, sans dragons
brodés. La tante et mère adoptive était vêtue d'un habit bleu en soie,
avec bordures brodées de fleurs sur fond blanc ; la coiffure était celle
des dames tartares avec une large barre transversale précédée de fleurs
montées, en perles ou en pierres précieuses. Le visage ne portait ni
fard, ni couleurs ; l'expression était énergique et hautaine, empreinte
d'une grande sérénité. Le nez est très fort pour une personne de sa race,
même busqué. Dans une circonstance antérieure, M. Vissière l'avait
vue passer, en chaise presque entièrement vitrée, se rendant au Palais
d'Été : le visage était alors complètement fardé et peint, le vêtement et
la coiffure beaucoup plus riches et le regard plus impérieux encore.
Devant l'Impératrice Douairière, siégeant aussi sur un ample fauteuil
garni de coussins, s'étendait une table plus grande, recouverte d'un tapis
de satin jaune retombant, sur trois côtés, jusqu'au sol.
Après un silence, M. Vissière s'adressa à l'Empereur, d'aspect doux
et maladif, la figure glabre et maigre, l'œil encore noir et profond,
paraissant à peine plus de la moitié de ses vingt-huit ans d'âge. Il lui dit
que la nouvelle de sa maladie avait été apprise avec un profond regret,
que le Dr Dethève serait heureux de lui donner ses soins et qu'il priait
Sa Majesté de lui indiquer la cause et la nature de son mal. Un long
silence suivit encore, pendant lequel l'Empereur regardait son
interlocuteur comme s'il eût été gêné pour répondre ; puis, faisant un
signe des yeux au prince Qing, qui alla aussitôt s'agenouiller auprès de
lui pour l'écouter parler, il lui dit très bas : « Qu'on regarde d'abord
mon pouls. » Le Dr Dethève passa alors dans le coin de la chambre à la
droite du Souverain et lui tâta le pouls droit.
L'auteur de ces lignes laisse au Médecin le soin de rendre compte
lui-même, par son diagnostic ci-joint, des résultats de son examen.
L'entretien dura environ cinquante minutes ; le malade consentit à se
laisser ausculter, en gardant sur sa poitrine un seul vêtement, après avoir
sollicité et obtenu à cet effet le consentement de l'Impératrice
Douairière, et remit à M. Vissière un écrit de sa main, qu'il tira de sa
botte et où il avait relaté avec détail l'origine de sa maladie et les
manifestations diverses de celle-ci. Durant cet entretien, l'Impératrice
Douairière intervint à plusieurs reprises, le ton vibrant de sa voix
contrastant singulièrement avec celui de son fils adoptif, soit que celui-
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