Le docteur Dethève appelé en consultation par l'empereur ... - AFEC
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<strong>Le</strong> <strong>docteur</strong> <strong>Dethève</strong> et <strong>l'empereur</strong> Guangxu<br />
II n'est pas jusqu'à la façon de soigner le souverain qui n'ait été réglée<br />
<strong>par</strong> les rites inflexibles. L'empereur ne peut être vu <strong>par</strong> ses médecins.<br />
Couché sur son lit, il passe ses bras, à droite et à gauche, au travers<br />
d'épais rideaux. Sa figure reste invisible [...]. 48<br />
<strong>Le</strong> thème de l'inutilité technique d'une telle <strong>consultation</strong> a été <strong>en</strong>core<br />
repris <strong>par</strong> Isaac T. Headland, autre auteur connu au début du siècle :<br />
« <strong>Le</strong> médecin [<strong>Dethève</strong>] n'a ri<strong>en</strong> constaté qui ne se soigne <strong>par</strong> un peu<br />
d'air frais et d'exercice. » 49<br />
Mais le plus accompli des refus de cette <strong>consultation</strong> se r<strong>en</strong>contre<br />
sans doute sous la plume de Victor Segal<strong>en</strong>. Celui-ci <strong>en</strong> a probablem<strong>en</strong>t<br />
eu connaissance dès 1898, lors de son admission à l'Ecole du Service<br />
de santé de Bordeaux, d'où <strong>Dethève</strong> était sorti <strong>en</strong> 1894. Dans la dernière<br />
<strong>par</strong>tie de son roman <strong>Le</strong> Fils du Ciel, laissé inachevé à sa mort <strong>en</strong><br />
1919 et publié seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1975, la maladie de <strong>l'empereur</strong> Guangxu<br />
s'aggravant, les diplomates étrangers insist<strong>en</strong>t pour <strong>en</strong>voyer leur médecin.<br />
On leurre ce dernier et lui fait examiner le « T<strong>en</strong>ant-Lieu », ou sosie<br />
de <strong>l'empereur</strong> : « Ne compr<strong>en</strong>dront-ils donc jamais, ces g<strong>en</strong>s, que le<br />
48 <strong>Le</strong> long article brièvem<strong>en</strong>t cité ici aura eu le succès de la répétition : initialem<strong>en</strong>t<br />
<strong>par</strong>u sous le nom de Jacques Du Taurat [J.-J. Matignon ?] dans La<br />
Revue hebdomadaire de mars 1902 (p. 408-426 : « S.M. Koûang-Sû, le<br />
Fils du Ciel »), il a été reproduit dans La Gazette hebdomadaire des sci<strong>en</strong>ces<br />
médicales de Bordeaux (n° 32, 10 août 1902, p. 393 : « L'Empereur de<br />
Chine au point de vue médical »), puis est dev<strong>en</strong>u un chapitre du recueil<br />
« Superstition, crime et misère <strong>en</strong> Chine » (Bibliothèque de criminologie,<br />
vol. 21, Lyon/Paris, Storck, 4 e éd., 1903) ; publié de nouveau dans L'Ori<strong>en</strong>t<br />
lointain, Chine, Corée, Mongolie, Japon (même éd., 1903), il fut <strong>en</strong>fin<br />
cond<strong>en</strong>sé dans « Souv<strong>en</strong>irs d'Extrême-Ori<strong>en</strong>t — Anecdotes sur les<br />
médecins chinois » (La Chronique médicale, 1907, p. 484).<br />
49 Isaac T. Headland, Court Life in China — The Capital, its Officiais and<br />
People, New York, [1909], p. 153-154. De Headland on a pu avancer qu'il<br />
« avait de bonnes sources d'information : sa femme a été plus de vingt ans<br />
médecin des dames de la Cour impériale » (Hugh Trevor-Roper, Hermit of<br />
Peking — The Hidd<strong>en</strong> Life ofSir Edmond Backhouse, Londres, Macmillan,<br />
1986, note p. 308).<br />
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