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Serge Franzini Archives diplomatiques françaises Elles constituent ici la documentation principale et seront largement citées 8 . Les principaux acteurs mentionnés sont les suivants : — Stéphen Pichon (1857-1933) était l'ambassadeur de France à Pékin. Il a tenu ce poste d'avril 1898 jusqu'au début de 1901, avant d'être à plusieurs reprises ministre des Affaires étrangères (1906-1911, 1913,1917-1920). Radical-socialiste, d'abord député, puis sénateur, proche de Clemenceau, Stéphen Pichon a défendu l'« emprunt russe » devant le Parlement et participé à la signature du Traité de Versailles en 1919. Ses premiers goûts lui avaient fait entreprendre des études de médecine, avant qu'il ne se consacre au journalisme, puis à la politique 9 . — Arnold Vissière (1858-1930), l'orientaliste bien connu, a été l'interprète principal, l'intermédiaire indispensable dans ces circonstances. Il était en Chine depuis 1882, et avait déjà tenu plusieurs postes consulaires. — Claude Dethève (1867-1936) était médecin de la légation française à Pékin depuis le 2 septembre 1898 (voir éléments biographiques en Annexe), en remplacement de Jean-Jacques Matignon. Ce dernier s'est ensuite fait largement connaître par ses écrits anecdotiques ; alors titulaire du poste de médecin de la légation, il était temporairement rentré en France (du 14 août 1898 au 26 septembre 1899). — Le Zongli Yamen est le « Conseil impérial des affaires étrangères », selon la traduction régulière de Vissière. Il fut créé en 1861, dans les suites du conflit de 1860 avec le corps expéditionnaire francoanglais. 8 Archives diplomatiques : Nouvelle Série — Chine 2, politique intérieure, dossier général, août 1898-décembre 1899 (Ministère des Affaires étrangères, Paris). Le recueil des traductions en chinois est conservé au siège de Nantes : Correspondance en chinois 1861-1935, registre Bi[sheng]- Qinchai (Correspondance Pichon-Palais impérial), n° 2, août-octobre 1898. 9 Cf. « Un évadé de la médecine : M. Stéphen Pichon, ministre de France à Pékin », La Chronique médicale, 1900, p. 438. 98
Le docteur Dethève et l'empereur Guangxu Quelques brèves pages sans apport particulier étant écartées, j'ai choisi de reproduire ici huit pièces de ces archives diplomatiques, auxquelles on peut joindre une publication de Vissière, acteur et rapporteur principal de l'événement (pièce 9). Pièce 1 : Dépêche de l'ambassadeur Stéphen Pichon détaillant les circonstances politiques et l'appel officiel à un médecin extérieur au palais (dépêche n°75, du 26 septembre 1898) Dépêche n° 75, Pékin, le 26 septembre 1898. Monsieur le Ministre, Tout porte à croire que Li Hongzhang n'aura pas été longtemps absent du pouvoir. Le décret qui l'a frappé est du 7 septembre. Le 21 du même mois, Zhang Yinhuan, le rival et l'adversaire de l'ancien vice-roi du Beizhili, était arrêté, emprisonné et déféré au « Ministère des peines », qui instruit un procès contre lui. En même temps, l'impératrice douairière rentrait en scène et reprenait toute l'autorité dont l'empereur avait voulu la déposséder. J'ai porté ces événements à la connaissance de Votre Excellence par mes télégrammes 229, 225, 290 et 231. On annonce aujourd'hui (et la nouvelle est vraisemblable) que le retour de Li Hongzhang aux affaires, soit comme membre du Zongli Yamen, soit comme membre du Grand Conseil, soit avec un autre titre, est dans les projets qui ne tarderont pas à être réalisés. Il est difficile de démêler le vrai du faux parmi les mille bruits qui circulent. Ce qui semble véridique, c'est que des accusations de complot contre la vie de l'impératrice, ou tout au moins contre son gouvernement et son parti, ont déterminé les actes qui s'accomplissent. L'empereur, Zhang Yinhuan, un académicien du nom de Kang Youwei et des mandarins d'un rang moins élevé auraient noué l'intrigue que les mesures prises font avorter. On parle d'une scène violente entre Guangxu et l'Impératrice, d'une saisie de papiers compromettants opérée sur l'ordre de cette dernière à la suite d'une conversation surprise ; d'une conspiration, à laquelle seraient mêlés des eunuques et des officiers et qui aurait reposé sur une intervention militaire. Quoi qu'il en soit, il y a des décrets officiels qui ne laissent aucun doute sur la portée du mouvement qui remet l'empereur en tutelle et détruit la politique à laquelle Li Hongzhang avait été sacrifié. 99
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